Mauvais plis

  • 04 mars 2021

Chère Advy,

Je me demandais si vous pouviez me donner quelques conseils sur l’acquisition d’habitudes. Depuis l’Ă©closion de la COVID-19, je me rends compte que je prends de mauvaises habitudes, aussi bien au travail que dans ma vie personnelle. Au travail, j’enfreins mes propres règles en ce qui concerne les heures de travail et ma disponibilitĂ©, ce qui augmente l’anxiĂ©tĂ© et le stress que je ressens, et contribue Ă  l’augmentation des erreurs que je commets. Ă€ la maison (je sais, le travail est Ă  la maison aussi, mais vous savez ce que je veux dire), je regarde la tĂ©lĂ©vision beaucoup trop tard, en mangeant parfois de la malbouffe. Je bois aussi plus que je devrais boire. Je me rends compte que j’utilise aussi l’alcool pour rĂ©duire mon stress, oublier ma solitude et tuer l’ennui. Je ne peux pas non plus rĂ©sister Ă  cette mauvaise habitude!

Des suggestions?

Merci,
– Mauvais plis


Cher Mauvais plis,

Ce que vous soulevez est un problème très rĂ©el qui s’est rĂ©pandu pendant la pandĂ©mie de COVID-19. Vous avez raison de l’identifier comme quelque chose Ă  laquelle vous devez prĂŞter attention et qui requiert du travail. En mĂŞme temps, ne vous torturez pas parce que vous avez pris des habitudes que vous prĂ©fĂ©reriez ne pas avoir. N’oubliez jamais que votre programme d’aide aux juristes (PAJ) local est lĂ  pour vous aider. Votre PAJ peut vous aider de diffĂ©rentes façons, y compris en vous mettant en contact avec un conseiller ou un collaborateur professionnel, ou encore un collègue de soutien qualifiĂ©. Rien de ce que je peux vous dire ici ne peut remplacer ce qu’un assistant qualifiĂ© peut faire pour vous.

Concentrons-nous tout d’abord sur l’alcool. Vous avez mentionnĂ© plusieurs problèmes dans votre lettre et je ne pourrais tous les aborder, mais si par hasard vous finissiez par dĂ©pendre de l’alcool pour gĂ©rer le reste de ce que vous mentionnez, alors vous devez rĂ©gler ce problème. L’abus d’alcool ou toute autre dĂ©pendance est le genre de problème qui peut s’insinuer sans que vous le remarquiez. Les effets de l’alcool ou de toute autre substance peuvent rĂ©duire Ă  nĂ©ant des projets qui ont demandĂ© des tonnes d’efforts. Vous prĂ©senteriez-vous devant les tribunaux sans connaĂ®tre la loi liĂ©e Ă  votre cause? J’en doute. Si vous tentez de renoncer Ă  d’autres habitudes sans travailler sur la question sous-jacente de l’alcool, vous vous condamnez Ă  l’Ă©chec.

Nous sommes tous des juristes ici. Que dĂ©sirons-nous plus que tout (d’accord, Ă  part la possibilitĂ© de dire « Objection! » de temps en temps)? Des preuves. Vous ne pouvez rĂ©gler ce problème que si vous savez rĂ©ellement que vous en avez un et que si vous avez conscience de la nature et de l’ampleur de ce problème.

Prenez note de la quantitĂ© d’alcool que vous consommez. Ă€ quelle heure de la journĂ©e buvez-vous? Est-ce que vous ĂŞtes seul lorsque vous consommez?

Vous pouvez simplement consigner ces renseignements Ă  la main dans un journal intime. Si vous voulez vous faciliter encore plus la tâche, cherchez l’un des calendriers gratuits que vous avez reçus au Nouvel An ainsi que des notes autocollantes ou des surligneurs. Pensez Ă  un système de couleurs : pour chaque consommation que vous prenez dans une journĂ©e, marquez la date d’un point. Si c’est une consommation prise seule, utilisez un point rouge. Si c’est une boisson lors d’une activitĂ© sociale, utilisez un point jaune. Si vous prenez plusieurs verres de suite, rapprochez les points. Si elles sont espacĂ©es au cours de la journĂ©e, Ă©loignez un peu plus les points.

Après une ou deux semaines, jetez un coup d’Ĺ“il Ă  votre calendrier. Ă€ quel point votre habitude est-elle « dense »? Y a-t-il des tendances qui coĂŻncident avec d’autres choses? Par exemple, buvez-vous plus la fin de semaine? Buvez-vous plus avant ou après des comparutions stressantes en cour? Remarquez-vous autre chose?

Maintenant vient la partie oĂą vous reprenez le contrĂ´le que vous craignez d’avoir perdu.

Lors de l’examen de votre « dossier de consommation », prenez un engagement envers vous-mĂŞme. Quelque chose de rĂ©aliste et de pas trop ambitieux. Nous parlons ici de petits pas. Par exemple, disons que vous voulez vous engager Ă  boire seul moins souvent (ou pas du tout). Écrivez cet engagement lĂ  oĂą il est impossible de ne pas le voir. Si vous utilisez le système des points dans le calendrier, Ă©crivez-le sur le calendrier. Certaines personnes mettent un autocollant sur le bar. La clĂ© c’est de faire quelque chose qui fonctionne pour vous.

Prenez maintenant en note la mesure dans laquelle vous ĂŞtes capable de respecter cet engagement. Si vous respectez vos engagements, rĂ©compensez-vous et faites passer votre engagement Ă  un niveau supĂ©rieur pour la semaine ou pour le mois suivant. Au fait, assurez-vous que votre rĂ©compense n’est pas quelque chose qui peut devenir une autre mauvaise habitude.

Vous l’avez peut-ĂŞtre dĂ©jĂ  remarquĂ©, mais le secret pour rĂ©ussir ici est l’honnĂŞtetĂ©. Que vous a-t-on enseignĂ© Ă  la facultĂ© de droit sur la façon de traiter les « mauvaises » donnĂ©es liĂ©es Ă  votre dossier? Abordez-les immĂ©diatement. PrĂ©tendre que tout va bien en dĂ©pit de preuves accablantes du contraire ne passe pas dans une salle d’audience et ça ne passera pas non plus dans ce cas. Si vous esquivez les donnĂ©es ou vos engagements, la seule personne que vous trompez, c’est vous.

Pourquoi vous mentir de toute façon? Vous valez toute l’honnĂŞtetĂ© dont vous ĂŞtes capable et il est tout aussi difficile de vous donner de mauvaises nouvelles en toute honnĂŞtetĂ© que de le faire Ă  un client au sujet de son dossier. Ce n’est pas amusant, mais c’est quelque chose que vous devez faire. Vous ĂŞtes le meilleur client que vous ayez jamais acceptĂ©. Il est temps de dĂ©fendre une version heureuse et en bonne santĂ© de vous-mĂŞme et vous avez un argument INCROYABLE pour clore le dĂ©bat : vous ĂŞtes fondamentalement plein de bontĂ© et vous en valez la peine.

Prenez bien soin de vous,
- Advy

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