L'honorable Shannon H. Smallwood

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Quel a été votre cheminement dans le monde du droit et dans la magistrature?

J’ai grandi dans une petite ville du nord dans les annĂ©es 1970. Ă€ l’âge de six ans, ma mère m’a demandĂ© ce que je voulais faire quand je serais grande. Moi qui aimais voler, je lui ai rĂ©pondu que je voulais ĂŞtre hĂ´tesse de l’air. Elle m’a dit que j’Ă©tais intelligente et que je pouvais faire n’importe quoi, que je pouvais ĂŞtre une mĂ©decin ou une avocate si je le voulais. Je lui ai donc dit que je voulais ĂŞtre avocate. Ă€ cette Ă©poque, personne de ma famille n’avait jamais frĂ©quentĂ© l’universitĂ©, je ne connaissais personne qui avait frĂ©quentĂ© l’universitĂ© et je n’avais aucune idĂ©e de ce qu’une avocate faisait ou de ce que cela impliquait. Ça me semblait simplement le rĂŞve le plus impossible auquel je pouvais aspirer. En grandissant, j’ai appris progressivement ce que faisaient les juristes et je souhaitais toujours poursuivre une carrière juridique.

J’ai frĂ©quentĂ© l’universitĂ© et j’ai obtenu un baccalaurĂ©at, puis je me suis mariĂ© et j’ai dĂ©mĂ©nagĂ© en Allemagne pendant trois ans avec mon conjoint militaire. Nous sommes ensuite revenus au Canada et je suis allĂ©e Ă  l’UniversitĂ© de Calgary. J’Ă©tais convaincue que j’allais travailler comme avocate dans le domaine du pĂ©trole, du gaz ou des ressources naturelles. J’allais ĂŞtre conseillère juridique et ne jamais fouler une salle d’audience.

Ce point de vue a changĂ© lorsque j’ai travaillĂ© durant un Ă©tĂ© au ministère de la Justice du Canada Ă  Yellowknife. J’ai trouvĂ© le droit pĂ©nal fascinant et j’ai pensĂ© que ce pourrait ĂŞtre un domaine dans lequel je pourrais travailler. Le dĂ©fi pour moi Ă©tait de surmonter l’anxiĂ©tĂ© intense que je ressens quand je dois prendre la parole en public, ce qui m’a d’abord amenĂ©e Ă  penser que je ne pourrais mĂŞme pas terminer mes cours de droit. La participation obligatoire Ă  des concours de plaidoiries Ă  la facultĂ© a Ă©tĂ© l’aspect le plus difficile de mes Ă©tudes.

J’ai acceptĂ© des stages Ă  la Cour d’appel et Ă  la Cour du Banc de la Reine de l’Alberta ainsi qu’au ministère de la Justice Ă  Yellowknife. Par la suite, j’ai continuĂ© Ă  travailler au ministère de la Justice. J’avais l’impression que, personnellement, c’Ă©tait la chose qui serait la plus difficile Ă  faire pour moi en tant qu’avocate et je me suis dit que j’essaierais pendant quelques annĂ©es pour pouvoir dire que je l’avais fait. J’ai fini par travailler comme procureure de la Couronne pendant onze ans et c’est devenu ma passion.

Mon parcours vers la magistrature a commencĂ© lorsque des collègues m’ont suggĂ©rĂ© de prĂ©senter ma candidature pour devenir juge. Au dĂ©but, je ne prenais pas ces suggestions au sĂ©rieux, car elles me semblaient utopiques. Toutefois, mon point de vue a changĂ© lorsqu’un avocat de la dĂ©fense respectĂ© et quelques juges m’ont approchĂ© pour que je prĂ©sente ma candidature. Je l’ai fait en me disant qu’il Ă©tait peu probable que je sois choisie, mais j’ai pensĂ© que ce pourrait ĂŞtre le prochain grand dĂ©fi pour moi, et cela a très certainement Ă©tĂ© le cas.

Quelle expérience de votre carrière juridique vous a le mieux préparé à votre travail au sein de la magistrature?

Travailler comme procureure de la Couronne m’a appris que vous ne pouvez pas vous attendre Ă  un rĂ©sultat particulier ni le garantir, que vous devez continuellement Ă©valuer votre cause et qu’il est possible que vous ayez Ă  vous adapter rapidement Ă  mesure que les choses Ă©voluent. J’ai aussi appris l’importance d’agir avec intĂ©gritĂ©, de me concentrer sur les enjeux importants, et d’ĂŞtre flexible et raisonnable en tout temps. Enfin, j’ai rĂ©alisĂ© qu’il faut parfois prendre des dĂ©cisions difficiles qui rendent certaines personnes malheureuses, mais qu’il faut dĂ©fendre ses dĂ©cisions.