L'honorable Avvy Yao-Yao Go

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QUEL CHEMINEMENT VOUS A MENÉ AU MONDE DU DROIT ET À LA MAGISTRATURE?

Au moment d’entreprendre mes études de droit, il n’y avait personne dans ma famille proche ou élargie qui travaillait dans ce domaine, et je ne connaissais aucun juriste non plus. C’est à la suggestion d’une connaissance que je me suis inscrite et, aussi, à cause de ma méconnaissance de la profession juridique.

J’ai immigré au Canada au début des années 1980 avec mes parents et ma grande sÅ“ur, sous le parrainage de mon frère aîné qui vivait déjà à Waterloo. Une fois établie, j’ai entrepris des études à l’Université de Waterloo. À la fin de ma troisième année, à deux semestres d’obtenir mon diplôme, une connaissance à moi laisse entendre que je devrais faire des études en droit pour devenir consultante en immigration et gagner beaucoup d’argent tout en faisant Å“uvre utile. Emballée par l’idée, je ne me rendais même pas compte que des études en droit n’étaient pas nécessaires pour faire ce travail!

QUELLE EXPÉRIENCE DE VOTRE CARRIÈRE JURIDIQUE VOUS A LE MIEUX PRÉPARÉ À VOTRE TRAVAIL AU SEIN DE LA MAGISTRATURE?

J’ai été admise au Barreau en 1991. Pendant les 30 années suivantes, j’ai travaillé exclusivement au sein du système des cliniques juridiques, où j’aidais la clientèle racialisée à faible revenu, qui fait face à moult défis, à accéder au système judiciaire. Je crois que le travail que j’y ai accompli a contribué à développer mon empathie et ma compréhension de la diversité des expériences vécues dans le système. Il m’a également amenée à examiner mes propres présomptions à l’égard des personnes qui n’ont pas le même bagage culturel, racial et socioéconomique que moi. Bref, mon travail dans les cliniques a fait de moi quelqu’un de plus empathique, à l’écoute, et conscient de ses propres limites et préjugés, des qualités essentielles pour joindre la magistrature.

Mon expérience à temps partiel à titre d’arbitre m’a aussi permis d’acquérir des compétences utiles à l’exercice de mes fonctions actuelles, notamment en ce qui concerne la rédaction des jugements et la gestion de la procédure.

QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS AUX JURISTES QUI COMPARAISSENT DEVANT VOUS?

Préparez-vous. Assurez-vous de bien maîtriser vos dossiers. La politesse est de mise à l’égard des autres parties et juristes. Ne vous comportez pas de manière désagréable simplement parce que vous êtes en désaccord avec votre adversaire sur un point de droit. Les présomptions et les préjugés n’ont pas leur place. Ne confondez pas croyances personnelles profondes et prise de position; appuyez votre argumentation sur les faits et sur le droit.

QUE SOUHAITEZ-VOUS QUE LE PUBLIC SACHE AU SUJET DU SYSTÈME DE JUSTICE?

Le système judiciaire canadien repose sur certains principes fondamentaux tels que la primauté du droit, l’impartialité, l’équité et l’indépendance de la magistrature. Ceux-ci permettent de créer un contrepoids qui oblige les personnes au pouvoir à rendre des comptes, sans lequel notre démocratie pourrait être mise en péril. Mais notre système de justice, en constante évolution, peut et doit s’améliorer à de nombreux points de vue, qu’il s’agisse de trouver la bonne voie vers la réconciliation avec les peuples autochtones, d’assurer l’accès à la justice pour tous, sans égard notamment à la race, au genre, à la classe sociale ou à d’autres déterminants sociaux, ou de former des tribunaux vraiment représentatifs de notre diversité nationale.