L’honorable Anne Dugas-Horsman

l'honorable Diana CameronQUEL CHEMINEMENT VOUS A MENÉ AU MONDE DU DROIT ET À LA MAGISTRATURE?

Jeune fille, diplômée de l’École Secondaire de Caraquet, mes plans de carrière n’incluaient certainement pas le droit. Mon grand intérêt était en fait la musique et c’est la raison pour laquelle je me suis dirigée vers l’Université Laval afin d’entreprendre un baccalauréat en musique. Initialement, je voulais être pianiste mais une fois rendue à Laval, j’ai découvert la musique ancienne et surtout le clavecin. J’ai eu le privilège d’étudier avec un des grands clavecinistes canadiens, soit Kenneth Gilbert dont la classe de clavecin était un émerveillement à chaque semaine. Je suis restée à Laval six ans après quoi je me suis dirigée vers Paris pour continuer en musique ancienne et surtout continuer ma formation de claveciniste.

À mon retour de Paris en 1973, j’ai continué mes activités musicales et j’ai également donné naissance à quatre enfants. J’ai cependant vite réalisé que je ne prisais pas particulièrement l’enseignement musical et comme ceci se devait d’être une partie importante de mes activités musicales, j’ai commencé à penser à faire autre chose.

Puisque j’étais installée à Moncton et que je tenais à rester au Nouveau-Brunswick, j’ai fait le tour de ce que m’offrait l’Université de Moncton. La seule chose qui m’intéressait véritablement était le droit. Et c’est ainsi que je me suis retrouvée à l’École de droit de l’Université de Moncton.

C’est en 1990 que j’ai été admise au Barreau devant mes quatre enfants qui réalisaient seulement que leur mère faisait de moins en moins de musique.

Ceci étant dit, dès mon premier cours de droit pénal, je savais que ce serait mon aire de pratique de prédilection. À ces fins, j’ai pris rendez-vous avec un des cabinets d’avocats les plus impliqués en droit pénal à Moncton et j’y suis restée jusqu’à ma nomination à la Cour Provinciale du Nouveau-Brunswick, onze ans plus tard.

Après plus de vingt ans à la Cour provinciale, alors que je me dirige inexorablement vers la retraite obligatoire, le droit pénal est toujours aussi passionnant car en plus d’étaler toutes les facettes de la nature humaine, il est le miroir parfois troublant d’une société en ébullition.

QUELLE EXPÉRIENCE DE VOTRE CARRIÈRE JURIDIQUE VOUS A LE MIEUX PRÉPARÉ À VOTRE TRAVAIL AU SEIN DE LA MAGISTRATURE?

Pendant mes années de pratique, j’ai travaillé principalement comme avocate de défense mais j’ai aussi fait plusieurs contrats en tant que procureure de la poursuite surtout dans des cours francophones en périphérie de Moncton. C’est donc dire que j’ai été en mesure de constater les défis qui sont le lot de chacune des parties au processus judiciaire. J’ai toujours considéré que cette double perspective a été un atout précieux dans mon travail de juge.

QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS AUX JURISTES QUI COMPARAISSENT DEVANT VOUS?

Le seul véritable conseil est simple : préparation. Mais en plus de cette préparation, j’ajouterais la courtoisie. Courtoisie envers la Cour, ça va de soi, mais aussi envers les collègues et envers tous les participants du système de justice pénale.

QUE SOUHAITEZ-VOUS QUE LE PUBLIC SACHE AU SUJET DU SYSTÈME DE JUSTICE?

Le système de justice est une institution à laquelle on ne pense peut-être pas de façon journalière. Par contre, c’est lorsque qu’une personne interagit avec ce système, que ce soit en tant que justiciable ou victime, que cette personne réalise toute l’importance d’un système de justice fiable et intègre. C’est en fait la pierre angulaire d’un état de droit et assure la pérennité des valeurs sociales dont nous nous sommes dotées comme société.