Institutions indépendantes de défense des droits de la personne pour les enfants

LE RĂ”LE DES INSTITUTIONS NATIONALES INDÉPENDANTES DE DÉFENSE DES DROITS DE L’HOMME DANS LA PROTECTION ET LA PROMOTION DES DROITS DE L’ENFANT

DĂ©fi

Les enfants sont touchĂ©s par l’action ou l’inaction des gouvernements plus que tout autre groupe, et le coĂ»t associĂ© au dĂ©faut de les protĂ©ger est trop Ă©levĂ©. Les enfants sont plus vulnĂ©rables Ă  l’exploitation et Ă  la violence, les politiques publiques et les services offerts aux enfants sont fragmentĂ©s et les enfants passent Ă  travers les mailles du filet. Les enfants autochtones, en particulier, sont exposĂ©s Ă  des risques importants.

Occasion

Les institutions indĂ©pendantes des droits de la personne Ă©tablies aux niveaux national et infranational, qui visent Ă  promouvoir et Ă  protĂ©ger les droits de l’enfant, peuvent aider Ă  contrer certaines vulnĂ©rabilitĂ©s particulières des enfants en s’attaquant aux problèmes suivants :

  • violations de leurs droits de la personne;
  • faible considĂ©ration de leurs opinions;
  • absence de vote ou de participation aux processus politiques;
  • obstacles Ă  l’accès Ă  la justice et aux recours;
  • accès limitĂ© aux organisations qui pourraient protĂ©ger leurs droits.

Observation générale no 2 (2002)

Les systèmes juridiques, de mĂŞme que les processus politiques, culturels et administratifs, doivent ĂŞtre responsables et sensibles aux enfants en les traitant comme des citoyens actifs. Pourtant, les enfants n’ont ni le droit de vote ni la possibilitĂ© d’influencer les gouvernements. Les quelque 70 institutions indĂ©pendantes de dĂ©fense des droits de la personne pour les enfants actives dans le monde aident les enfants Ă  surmonter cet obstacle et Ă  avoir accès Ă  des mĂ©canismes de prĂ©sentation de plaintes, ainsi qu’Ă  des processus administratifs et de justice.

Au Canada, presque tous les gouvernements provinciaux et territoriaux ont un bureau du dĂ©fenseur des enfants, mais les mandats et les fonctions des bureaux varient. Le Canada a Ă©tĂ© l’un des premiers pays dans le monde Ă  Ă©tablir des bureaux du dĂ©fenseur des enfants au niveau provincial. On compte aujourd’hui 11 institutions de dĂ©fense des droits de la personne pour les enfants au niveau infranational qui visent Ă  promouvoir les droits, les intĂ©rĂŞts et les points de vue des enfants. Dans deux provinces, le bureau du dĂ©fenseur des enfants n’est pas autonome, Ă©tant fusionnĂ© avec d’autres bureaux ayant des mandats disparates. Par exemple, en Nouvelle-Écosse, la promotion des droits de la personne concernant l’enfant incombe au Bureau de l’Ombudsman, alors que, au QuĂ©bec, cette fonction est dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Dans d’autres provinces et territoires (Alberta, Colombie-Britannique, Manitoba, Saskatchewan, Ontario, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador, Yukon et Nunavut), la promotion et la dĂ©fense des droits de l’enfant relèvent de la responsabilitĂ© d’un dĂ©fenseur des enfants et de la jeunesse ou d’un bureau du reprĂ©sentant de l’enfance et de la jeunesse.

Bien que ces bureaux aient des objectifs communs, leurs mandats et leurs fonctions diffèrent d’une province ou d’un territoire Ă  l’autre. Par ailleurs, on ne retrouve aucun dĂ©fenseur des enfants qui s’occupe expressĂ©ment des enfants autochtones. Les enfants autochtones et leurs familles sont confrontĂ©s Ă  des prĂ©occupations particulières en raison des retombĂ©es du colonialisme, des traitĂ©s et du système des rĂ©serves, de la Loi sur les Indiens, des pensionnats autochtones et de la « rafle des annĂ©es soixante ». Tous ces facteurs ont eu une incidence sur leur identitĂ© et le cĹ“ur de leurs droits de la personne en tant qu’enfants autochtones.

En AmĂ©rique du Nord, les bureaux indĂ©pendants de dĂ©fense des droits de l’enfant crĂ©Ă©s par une loi sont gĂ©nĂ©ralement Ă©tablis en tant que mĂ©canismes de responsabilitĂ© ou de surveillance, particulièrement en lien avec la prestation de services provinciaux ou territoriaux d’aide sociale Ă  l’enfance ou en rĂ©action au dĂ©cès d’un enfant ou de blessures graves subies, plutĂ´t que de manière proactive conformĂ©ment aux principes sous-jacents aux droits de la personne internationaux.

Au Canada, il n’existe ni commissaire national aux droits de l’enfant ni institution nationale indĂ©pendante de dĂ©fense des droits de la personne pour les enfants. Pourtant, le besoin est criant en raison des Ă©carts et des chevauchements entre les responsabilitĂ©s constitutionnelles fĂ©dĂ©rales, provinciales ou territoriales concernant les enfants, tels que le système de justice pĂ©nale pour les adolescents, l’immigration, les services aux enfants autochtones, la sĂ©curitĂ© sociale, les avantages fiscaux et le droit de la famille. Le ComitĂ© des droits de l’enfant (CDE) des Nations Unies a priĂ© le Canada Ă  maintes reprises d’Ă©tablir une telle institution nationale, mais ses recommandations restent encore en suspens. Les institutions indĂ©pendantes de dĂ©fense des droits de la personne jouent un rĂ´le essentiel en soutenant l’accès des enfants Ă  des recours qui peuvent ne pas ĂŞtre rĂ©alisables par le truchement de processus officiels judiciaires ou administratifs de traitement des plaintes conçus pour les adultes, alors que les enfants font face Ă  des obstacles plus grands, Ă  commencer par les actes de procĂ©dure, la reprĂ©sentation par un conseiller juridique et l’obtention de recours opportuns et pertinents.

Une bonne gouvernance est essentielle Ă  l’exercice des droits de l’enfant. Ces derniers ne peuvent pas ĂŞtre exercĂ©s sans mĂ©canismes de gouvernance efficaces, transparents et responsables, dans le cadre desquels les enfants sont perçus comme des citoyens actifs dont le bien-ĂŞtre est inextricablement liĂ© au bien-ĂŞtre de la sociĂ©tĂ© dans son ensemble. La mise en Ĺ“uvre des droits de l’enfant repose sur un milieu propice et favorable, y compris des cadres juridiques appropriĂ©s et des institutions pourvues de capacitĂ©s et de ressources adĂ©quates, ainsi que des processus politiques, culturels et administratifs responsables et sensibles aussi bien aux droits qu’aux besoins des enfants.

Droit international

L’article 4 de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unie (la « Convention ») prĂ©cise ce qui suit :

Les États parties s’engagent Ă  prendre toutes les mesures lĂ©gislatives, administratives et autres qui sont nĂ©cessaires pour mettre en Ĺ“uvre les droits reconnus dans la prĂ©sente Convention. Dans le cas des droits Ă©conomiques, sociaux et culturels, ils prennent ces mesures dans toutes les limites des ressources dont ils disposent et, s’il y a lieu, dans le cadre de la coopĂ©ration internationale.

  • Article 4 de la Convention
  • L’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations Unies – principes sous-jacents au statut des institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de l’homme (« Principes de Paris »), RĂ©solution 48/134, dĂ©cembre 1993, annexe
  • Le Canada a signĂ© et ratifiĂ© la Convention et, en vertu du droit international, il est tenu de la mettre en Ĺ“uvre. L’article 4 de la Convention prĂ©cise que les États parties s’engagent Ă  prendre toutes les mesures lĂ©gislatives, administratives et autres qui sont nĂ©cessaires pour mettre en Ĺ“uvre les droits reconnus, et ce, Ă  tous les ordres de gouvernement.
  • L’Observation gĂ©nĂ©rale no 5 du ComitĂ© des droits de l’enfant des Nations Unies Ă©tablit une sĂ©rie de structures de bonne gouvernance appelĂ©es « mesures d’application gĂ©nĂ©rales » qui comprennent, entre autres choses, des institutions indĂ©pendantes de dĂ©fense des droits de la personne pour les enfants.
  • Dans son Observation gĂ©nĂ©rale no 2, le ComitĂ© des droits de l’enfant Ă©tablit ses exigences liĂ©es au rĂ´le des institutions nationales indĂ©pendantes de dĂ©fense des droits de la personne dans la promotion et la protection des droits de l’enfant. De telles exigences sont un prolongement de principes sous-jacents aux droits de la personne adoptĂ©s antĂ©rieurement dans le cas des institutions nationales, appelĂ©s « principes de Paris ». L’Observation gĂ©nĂ©rale no 2 s’applique Ă©galement aux institutions indĂ©pendantes de dĂ©fense des droits de la personne pour les enfants au niveau infranational.

Sources d’interprĂ©tation

En droit international, les observations gĂ©nĂ©rales et les observations finales sur le Canada du ComitĂ© des droits de l’enfant des Nations Unies fournissent une orientation claire quant aux rĂ´les, aux mandats et aux fonctions des institutions indĂ©pendantes de dĂ©fense des droits de la personne pour les enfants, qui ont fait respecter les droits de l’enfant et facilitĂ© leur mise en Ĺ“uvre dans divers contextes et Ă  l’appui de groupes marginalisĂ©s d’enfants :

  • ComitĂ© des droits de l’enfant des Nations Unies, Observation gĂ©nĂ©rale no 2 – Le rĂ´le des institutions nationales indĂ©pendantes de dĂ©fense des droits de l’homme dans la protection et la promotion des droits de l’enfant (document CRC/GC/2002/2, novembre 2002)
  • ComitĂ© des droits de l’enfant des Nations Unies, Observation gĂ©nĂ©rale no 5 (2003) – Mesures d’application gĂ©nĂ©rales de la Convention relative aux droits de l’enfant, document CRC/GC/2003/527, novembre 2003
  • ComitĂ© des droits de l’enfant des Nations Unies, Examen des rapports prĂ©sentĂ©s par les États parties en application de l’article 44 de la Convention – Observations finales : Canada, document CRC/C/15/Add.215, 27 octobre 2003
  • ComitĂ© des droits de l’enfant des Nations Unies, Examen des rapports prĂ©sentĂ©s par les États parties en application de l’article 44 de la Convention – Observations finales : Canada, document CRC/C/CAN/C)/3-4, 6 dĂ©cembre 2012

Droit canadien

Lois fédérales

Projets de loi d’initiative parlementaire en lien avec la crĂ©ation du poste de commissaire Ă  l’enfance du Canada (dĂ©posĂ©s, mais non adoptĂ©s) :

Rapports gouvernementaux

Lois provinciales ou territoriales

Dans toutes les provinces et tous les territoires, des institutions indĂ©pendantes de dĂ©fense des droits de la personne pour les enfants ont Ă©tĂ© Ă©tablies dans le cadre d’une mesure lĂ©gislative, bien que les mandats lĂ©gislatifs diffèrent sensiblement Ă  certains Ă©gards :

Jurisprudence

Considérations spéciales

Principales caractĂ©ristiques du bon fonctionnement des institutions indĂ©pendantes de dĂ©fense des droits de la personne pour les enfants :

  • IndĂ©pendance par rapport aux gouvernements (au niveau de la fonctionnalitĂ© et de l’emplacement des bureaux), y compris le pouvoir d’agir de sa propre initiative.
  • Processus impartial de nominations
  • SĂ©curitĂ© de mandat (processus de nominations et de reconduction de nominations)
  • Expertise, capacitĂ©s et ressources suffisantes
  • AccessibilitĂ© aux enfants (Ă  la fois physiquement et en ligne); mobiliser les jeunes, faciliter la participation des enfants et des jeunes en prenant des mesures spĂ©ciales visant Ă  assurer une participation Ă©gale des enfants autochtones, des enfants issus de minoritĂ©s et d’autres enfants systĂ©matiquement dĂ©favorisĂ©s
  • Mandat Ă©largi visant Ă  protĂ©ger et Ă  promouvoir les droits des enfants en lien avec tous les secteurs de services et toutes les sphères d’activitĂ© pour tous les enfants Ă  l’intĂ©rieur d’un ressort donnĂ©
  • Expertise et accent particulier mis sur les enfants autochtones et d’autres groupes d’enfants systĂ©matiquement dĂ©favorisĂ©s
  • Aptitude Ă  agir de manière proactive et d’orienter ses propres activitĂ©s
  • Pouvoir de recevoir des plaintes et d’utiliser des mĂ©thodes non officielles aux fins de leur traitement
  • Pouvoirs de dĂ©fense et d’enquĂŞte visant Ă  rĂ©soudre des problèmes systĂ©miques sous-jacents
  • Pouvoir de contraindre et d’interroger des tĂ©moins et accès Ă  des preuves documentaires pertinentes
  • Droit d’entrer dans des lieux de dĂ©tention et des rĂ©sidences pour enfants sous la charge ou la garde de l’État
  • Droit d’avoir des communications et des rencontres privĂ©es avec les enfants
  • Pouvoir d’entreprendre ou de faciliter des Ă©valuations des rĂ©percussions sur les droits de l’enfant (ERDE) dans le cadre d’une surveillance
  • Pouvoir d’obtenir un statut d’intervenant ou d’ami de la Cour lors de procĂ©dures judiciaires ou administratives
  • Mobilisation Ă  l’Ă©gard de l’Ă©ducation du public
  • Formulation de recommandations au gouvernement ou Ă  l’assemblĂ©e lĂ©gislative visant Ă  amĂ©liorer les programmes destinĂ©s aux enfants
  • Mobilisation des jeunes et expression de leurs opinions ou points de vue
  • Surveillance de la mise en Ĺ“uvre des obligations internationales par le gouvernement en vertu de la Convention.

Pratiques essentielles

  • DĂ©ployez tous les efforts nĂ©cessaires afin de savoir s’il existe un dĂ©fenseur ou un bureau d’un reprĂ©sentant de l’enfance et de la jeunesse dans votre ressort.
  • Examinez le mandat lĂ©gislatif et les fonctions d’un tel dĂ©fenseur ou d’un tel bureau, s’il en existe un dans votre ressort (il y a des diffĂ©rences entre les divers territoires).
  • Reconnaissez l’avantage pour votre client de recevoir une aide fondĂ©e sur la dĂ©fense des droits de la personne gĂ©nĂ©ralement fournie par ces bureaux et, au besoin, transmettez-leur une plainte dĂ©posĂ©e par un enfant.
  • Trouvez une personne qui peut vous aider Ă  incorporer le droit et les valeurs autochtones dans la dĂ©fense des droits de l’enfant.
  • Collaborez avec le dĂ©fenseur ou le bureau provincial ou territorial du reprĂ©sentant de l’enfance et de la jeunesse dans votre ressort pour obtenir des informations et utilisez les rapports et les recommandations disponibles pour appuyer vos arguments ou fournir des Ă©lĂ©ments de preuve lorsque vous reprĂ©sentez le mĂŞme enfant en vos capacitĂ©s de conseiller, ou envisagez d’autres façons de collaborer, mĂŞme si vous ne reprĂ©sentez pas le mĂŞme enfant.
  • Invitez le dĂ©fenseur ou le bureau de dĂ©fense de l’enfance et de la jeunesse Ă  chercher Ă  obtenir un statut d’intervenant lorsqu’il y a un important problème systĂ©mique pouvant avoir des rĂ©percussions sur de nombreux autres enfants.
  • Examinez la possibilitĂ© de procĂ©der Ă  un aiguillage vers le dĂ©fenseur ou le bureau provincial ou territorial du reprĂ©sentant de l’enfance et de la jeunesse dans votre ressort lorsqu’une plainte d’un enfant ou d’un groupe d’enfants peut ĂŞtre efficacement traitĂ©e en raison des fonctions de dĂ©fense ou d’enquĂŞte officielles ou officieuses du dĂ©fenseur ou du bureau en question.
  • Examinez la possibilitĂ© d’Ă©crire une lettre au prĂ©sident du Conseil canadien des dĂ©fenseurs des enfants et des jeunes (CCDEJ), un regroupement de 11 dĂ©fenseurs ou reprĂ©sentants des enfants dans l’ensemble du Canada, lorsqu’il s’agit d’une question prĂ©occupante concernant les enfants Ă  l’Ă©chelle nationale.

Ressources supplémentaires

Rapports du gouvernement du Canada

Rapports du SĂ©nat

Rapports de l’UNICEF

Documents d’UNICEF Canada

Articles