Évolutions juridiques – Fédéral

  • 28 octobre 2016
  • Dante Manna et Level Chan

1. Modifications des règlements fédéraux sur les placements

Le 25 mars 2015, le gouvernement fĂ©dĂ©ral a enregistrĂ© les modifications aux règlements d’application de la Loi de 1985 sur les normes de prestation de pension et de la Loi sur les rĂ©gimes de pension agrĂ©Ă©s collectifs. L’entrĂ©e en vigueur a eu lieu le 1er avril 2015 pour quelques-unes des dispositions, et le 1er juillet 2016 pour le reste. Certaines rĂ©gions ont adoptĂ©, par renvoi, les règles fĂ©dĂ©rales sur les placements. Il s’agit de l’Ontario, de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba et de Terre-Neuve-et-Labrador. Les points saillants de ces changements sont prĂ©sentĂ©s ci-dessous.

a) Cadre des cotisations déterminées

Les employĂ©s Ă  la retraite qui ont un rĂ©gime de retraite Ă  cotisations dĂ©terminĂ©es peuvent dĂ©sormais se voir offrir l’option de recevoir des avantages variables dont le montant se situe entre le minimum Ă©tabli par la Loi de l’impĂ´t sur le revenu et un maximum fondĂ© sur la valeur du compte de cotisations dĂ©terminĂ©es de la personne Ă  la retraite. 

b) Règles concernant les placements 

Les règles actuelles concernant les placements qui interdisent le placement de plus de 10 % des actifs d’un rĂ©gime de retraite dans une entitĂ© unique (ou des groupes d’entitĂ©s apparentĂ©es) ont Ă©tĂ© modifiĂ©es pour indiquer que cela dĂ©pend dĂ©sormais de la valeur du marchĂ© au moment de l’opĂ©ration plutĂ´t que du prix d’achat (valeur comptable). 

Une autre modification a Ă©liminĂ© l’exception de « bourse » Ă  l’Ă©gard de placements autrement interdits dans des entitĂ©s apparentĂ©es Ă  l’administrateur du rĂ©gime. Les nouvelles modifications autorisent les administrateurs Ă  effectuer des placements auprès d’un apparentĂ© s’ils sont rĂ©alisĂ©s sous forme d’acquisition d’un fonds de placement ou un fonds sĂ©parĂ© Ă  la disposition de tiers, sous rĂ©serve de certaines restrictions quantitatives.

Une pĂ©riode de cinq ans est accordĂ©e aux administrateurs pour se mettre en conformitĂ© avec les nouvelles règles sur les entitĂ©s apparentĂ©es Ă  partir de leur entrĂ©e en vigueur. 

c) Divulgation 

Les administrateurs de rĂ©gimes qui autorisent les membres Ă  effectuer des choix quant aux placements auront dĂ©sormais des obligations plus importantes concernant la divulgation, y compris celle d’inclure dans les relevĂ©s annuels des dĂ©tails tels que l’objectif du genre de placement, le niveau de risque, les dix actifs dĂ©tenus les plus importants, l’historique du rendement et les cibles de rĂ©partition des actifs. Pour un rĂ©gime Ă  cotisations dĂ©terminĂ©es, ces dĂ©tails doivent figurer sur les relevĂ©s annuels qui sont remis aux membres du rĂ©gime.

2. Accords multilatéraux pour les RPAC et RVER

La Nouvelle-Écosse, la Colombie-Britannique, la Saskatchewan et le QuĂ©bec ont signĂ© un  Accord multilatĂ©ral sur les rĂ©gimes de pension agrĂ©Ă©s collectifs et les rĂ©gimes volontaires d’Ă©pargne-retraite avec le gouvernement fĂ©dĂ©ral. Il est entrĂ© en vigueur le 15 juin 2016.

En vertu de l’accord, les titulaires d’un permis de rĂ©gime de pension agrĂ©Ă© collectif fĂ©dĂ©ral sont exemptĂ©s de l’exigence d’obtenir un permis en vertu de la loi provinciale sur les RPAC (ou, au QuĂ©bec, d’obtenir un permis de RVER) dans les provinces signataires de l’accord. Une fois enregistrĂ© au fĂ©dĂ©ral, un RPAC peut ĂŞtre proposĂ© aux particuliers dans toutes les rĂ©gions signataires. Les administrateurs de RVER au QuĂ©bec qui dĂ©tiennent un permis seront Ă©galement exemptĂ©s de l’exigence d’obtenir des permis d’administration au fĂ©dĂ©ral. L’accord constitue la première Ă©tape de la mise en place d’un cadre de RPAC unifiĂ© Ă  l’Ă©chelle du Canada, rĂ©glementĂ© par le Bureau du surintendant des institutions financières fĂ©dĂ©ral.

3. Consultation sur la règle des 30 %

Le 3 juin 2016, le ministère des Finances (Canada) a annoncĂ© qu’il allait effectuer une consultation sur la rĂ©tention, l’assouplissement ou l’Ă©limination de la règle des 30 % Ă©noncĂ©e Ă  l’article 11 de l’annexe III du Règlement de 1985 sur les normes de prestation de pension (DORS/87-19). La règle empĂŞche actuellement les rĂ©gimes de retraite sous contrĂ´le fĂ©dĂ©ral de dĂ©tenir plus de 30 % des actions ayant droit de vote d’une sociĂ©tĂ©, sous rĂ©serve de plusieurs exceptions faites pour les entitĂ©s ad hoc.

Comme l’indique le document de consultation, au dĂ©part, la règle a Ă©tĂ© mise en place pour rĂ©duire les risques courus par les rĂ©gimes de retraite. Elle a des incidences sur le rĂ´le des rĂ©gimes de retraite, en en faisant des investisseurs plus passifs qu’actifs. Le ministère des Finances recherchait des conseils sur des considĂ©rations particulières de prudence, des enjeux de rendement des placements et des prĂ©occupations dans le domaine de la politique fiscale.

La Section de l’ABC du droit des rĂ©gimes de retraite et des avantages sociaux a Ă©laborĂ© un mĂ©moire pour la consultation qui a pris fin le 16 septembre 2016.

4. RĂ©forme du RĂ©gime de pensions du Canada

Le projet de loi fédéral C-26, Loi modifiant le Régime de pensions du Canada, la Loi sur l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada et la Loi de l'Impôt sur le revenu a été présenté le 6 octobre 2016. Il fait suite à un accord de principe atteint le 20 juin 2016 lors de réunions entre les ministres des Finances du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux réunis pour discuter de la réforme du RPC.

La rĂ©forme a pour but d’amĂ©liorer les prestations du RPC offertes aux personnes retraitĂ©es Ă  long terme. Pour ce faire, deux moyens sont prĂ©vus : accroĂ®tre la portion des gains annuels reçus pendant la retraite d’un quart Ă  un tiers entre 2019 et 2023, et accroĂ®tre l’Ă©ventail maximum de gains couverts par le RPC des 54 900 $ actuels Ă  82 700 $ prĂ©vus d’ici 2025, mesure suivie par des augmentations annuelles ultĂ©rieures de 14 %. Des augmentations similaires seront Ă©galement mises en place pour les prestations d’invaliditĂ© et de survivant dĂ©coulant du RPC.

On prĂ©voit que les cotisations accrues prĂ©senteront des difficultĂ©s pour certaines personnes et pour leurs employeurs. Afin de faciliter l’ajustement, il est proposĂ© que les cotisations annuelles accrues au RPC soient graduellement mises en place sur sept ans Ă  partir de 2019. Pour compenser l’augmentation des cotisations, dans le cas des personnes ayant un faible revenu le projet de loi C-26 propose en outre des amĂ©liorations de la Prestation fiscale pour le revenu de travail fĂ©dĂ©rale. De plus, le projet de loi interdit toute modification des taux de cotisation fixĂ©s pour les prestations supplĂ©mentaires du RPC, ou leur dĂ©termination, sans l’accord d’au moins deux tiers des provinces canadiennes reprĂ©sentant au moins deux tiers de la population du pays.

Dante Manna est avocat et Level Chan est associé chez Stewart McKelvey à Halifax