Des solutions de transport innovantes : des bornes de recharge pour CleanBC

  • 07 fĂ©vrier 2020
  • Pam Jefcoat

La version originale de cet article (en anglais) est également publiée sur le site Civiclegal.ca.

En dĂ©cembre 2018, la Colombie-Britannique annonçait avec tambours et trompettes sa nouvelle stratĂ©gie de lutte contre les changements climatiques, surnommĂ©e le programme « CleanBC ». L’un des principaux objectifs de cette stratĂ©gie est que d’ici 2040, chaque nouvelle voiture vendue en Colombie-Britannique soit Ă  Ă©mission zĂ©ro. Une voiture Ă  Ă©mission zĂ©ro ne produit aucune Ă©mission d’Ă©chappement et est alimentĂ©e par des piles Ă  combustible ou par une batterie.

L’une des principales critiques formulĂ©es Ă  l’encontre de cette stratĂ©gie est que la loi qui sous-tend le programme CleanBC ne contient aucune indication claire sur les moyens qui seront pris pour augmenter le nombre de bornes de recharge et gĂ©rer la demande en Ă©lectricitĂ©. Les vĂ©hicules Ă©lectriques (VÉ) auront beau devenir plus abordables, une offre insuffisante de bornes de recharge pourrait nuire Ă  leur adoption gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Dans ces circonstances, les administrations publiques locales peuvent adopter dès aujourd’hui certaines mesures pour Ă©viter un dĂ©calage Ă©ventuel entre les infrastructures d’approvisionnement en Ă©lectricitĂ© et la demande des VÉ Ă  cet Ă©gard.

Comment arriver Ă  mettre en Ĺ“uvre le programme CleanBC

Même si le programme CleanBC est une nouvelle initiative, de nombreuses municipalités appuient déjà les infrastructures pour véhicules à faibles émissions ou à émission zéro grâce à certaines exigences en matière de développement.

Par exemple, un certain nombre de municipalitĂ©s dans le Lower Mainland exigent dĂ©sormais, comme condition de rezonage, de conclure avec le promoteur des conventions au titre de l’article 219 aux fins de garantir l’approvisionnement, l’installation et l’entretien d’une infrastructure de recharge Ă©lectrique Ă  mĂŞme les aires de stationnement de leur projet immobilier. Une telle infrastructure comprend gĂ©nĂ©ralement des prises Ă©lectriques dĂ©diĂ©es exclusivement Ă  la recharge des VÉ, ainsi que de l’Ă©quipement servant Ă  alimenter les VÉ. Ces conventions en vertu de l’article 219 vont souvent de pair avec des droits de passage ou des servitudes d’origine lĂ©gislative qui visent Ă  assurer que les propriĂ©taires et les occupants des copropriĂ©tĂ©s ont accès Ă  une infrastructure de recharge pour VÉ.

Dans le mĂŞme ordre d’idĂ©es, certaines municipalitĂ©s exigent Ă©galement que tous les espaces de stationnement rĂ©sidentiels pour les nouveaux immeubles Ă  logements soient munis d’une prise Ă©lectrique en mesure de supporter la recharge de VÉ. Les prises qui peuvent charger les VÉ varient, allant des prises rĂ©sidentielles ordinaires (L1) aux bornes de recharge rapide Ă  courant continu (L3), lesquelles sont souvent regroupĂ©es, comme elles exigent l’installation et l’entretien d’Ă©quipement Ă  haute intensitĂ©. Un des avantages d’exiger que chaque place de stationnement puisse accueillir une borne de recharge plutĂ´t que de regrouper des bornes de recharge rapide L3 est que les places de stationnement dans les copropriĂ©tĂ©s sont souvent rĂ©assignĂ©es ou vendues sans Ă©gard Ă  l’emplacement de la borne de recharge. Tous les rĂ©sidents pourraient donc ne pas avoir accès aux bornes regroupĂ©es au moment voulu. L’inconvĂ©nient est que ce sont les rĂ©sidents, plutĂ´t que le promoteur, qui risquent d’assumer le coĂ»t des bornes de recharge commerciales, s’ils souhaitent avoir accès Ă  des bornes de recharge rapide pour VÉ.

Ces exigences sont soit nĂ©gociĂ©es dans le cadre du processus de rezonage, soit rendues obligatoires au moyen de modifications aux règlements de zonage et aux exigences relatives au stationnement. Certaines administrations municipales emploient dans leurs plans communautaires officiels (PCO), leurs plans de viabilitĂ© environnementale et les autres documents stratĂ©giques de haut niveau un langage favorable Ă  leurs initiatives stratĂ©giques en matière de VÉ et Ă  l’imposition d’exigences relatives Ă  une infrastructure pour VÉ par l’entremise des processus de rezonage. Les municipalitĂ©s peuvent recourir Ă  d’autres mesures comme les primes Ă  la densitĂ© et les contributions pour amĂ©nagements d’utilisation collective afin de garantir que les nouveaux dĂ©veloppements ont accès Ă  des bornes de recharge.

La difficultĂ© est accrue pour les immeubles d’habitation existants qui n’ont aucune infrastructure de recharge pour VÉ. Les travaux de rĂ©amĂ©nagement pour approvisionner des bornes pour VÉ en Ă©lectricitĂ© s’avèrent souvent très onĂ©reux et compliquĂ©s, particulièrement si cela implique un syndicat de copropriĂ©taires ou si vous devez composer avec un propriĂ©taire d’immeuble Ă  logement rĂ©ticent Ă  autoriser les rĂ©novations.

Se projeter dans l’avenir

Est-ce que tout le monde va financer sa propre borne de recharge de véhicule électrique? Non. Nous ferions mieux de miser sur une solution viable et rentable pour atteindre les objectifs de la Colombie-Britannique.

Si suffisamment de bornes sont offertes Ă  un prix raisonnable, les consommateurs envisageront d’investir dans un vĂ©hicule Ă©lectrique plutĂ´t que de garder leur vĂ©hicule Ă  essence, dont la valeur chutera drastiquement aussitĂ´t que cette politique se mettra en branle. Le dĂ©ploiement par le secteur privĂ© d’une infrastructure pour VÉ se bute Ă  deux obstacles principaux : d’abord, les lourdes exigences aux termes de la loi BC Utilities Commission Act en ce qui concerne l’approbation des frais pouvant ĂŞtre exigĂ©s pour l’utilisation des bornes de recharge, et ensuite, le nombre restreint de vĂ©hicules (clients potentiels) qui se trouvent actuellement en Colombie-Britannique.

La question est donc la suivante : comment peut-on encourager la mise en place de bornes pour VÉ, particulièrement dans les petites municipalitĂ©s, oĂą les fournisseurs ne voient actuellement aucun avantage?

Les accords de partenariat reprĂ©sentent peut-ĂŞtre une solution. Le paragraphe 8(2) de la Community Charter est la disposition habilitante pour les accords de partenariat. Il est libellĂ© de la façon suivante : « [TRADUCTION] une municipalitĂ© peut fournir un service que le conseil juge nĂ©cessaire ou souhaitable, soit directement soit par l’intermĂ©diaire d’une autre autoritĂ© publique, d’une autre personne ou d’une autre organisation ». Aux termes des annexes de la Community Charter et de la Local Government Act, on entend par « service » une activitĂ©, un ouvrage ou une installation entrepris ou fourni par une municipalitĂ© ou un district rĂ©gional, ou pour le compte d’une municipalitĂ© ou d’un district rĂ©gional. Puisqu’une administration municipale de la Colombie-Britannique peut fournir tout service que le conseil municipal ou rĂ©gional juge nĂ©cessaire ou souhaitable, ce critère semble facile Ă  satisfaire, Ă  condition, certes, que l’administration municipale souhaite fournir le service. Si elle dĂ©cide d’aller dans cette voie, la loi lui permet alors de soutenir les entreprises, ce qui lui serait autrement interdit. Elle peut alors avoir recours Ă  des solutions innovantes pour inciter les fournisseurs de services Ă  s’associer avec elle. En outre, la mise en place d’infrastructures pour VÉ dans les zones oĂą elles s’avèreraient hors de prix sur le plan opĂ©rationnel pourrait ĂŞtre facilitĂ©e par le truchement de subventions municipales.

L’utilisation d’accords de partenariat pour se doter d’une infrastructure de recharge pour VÉ prĂ©sente l’avantage de se situer loin de l’intervention politique dans la gestion au quotidien. Les plans stratĂ©giques et les objectifs Ă  long terme peuvent ĂŞtre Ă©laborĂ©s au moyen de conventions, et l’administration municipale peut se retirer des dĂ©cisions opĂ©rationnelles qui ont trait au service. Cela pourrait donner lieu Ă  des solutions d’infrastructure prĂ©fĂ©rables aux mesures purement privĂ©es ou purement publiques.

Pam Jefcoat est associée chez Civil Legal LLP.