Campement dans les parcs municipaux

Autres types de logements adĂ©quats 

Il n’existe aucun droit constitutionnel au logement comme tel. Les gouvernements n’ont pas une obligation positive de fournir des logements abordables, adĂ©quats ou accessibles aux personnes itinĂ©rantes ou aux personnes Ă  faible revenu, et la Charte des droits et libertĂ©s [traduction] « ne propose aucune mesure qui garantit que nous avons tous le droit Ă  un niveau de vie minimal ».

Les tribunaux ont toutefois conclu que le droit Ă  la libertĂ© inscrit Ă  l’article 7 de la Charte des droits et libertĂ©s entre en jeu lorsqu’une administration locale porte atteinte Ă  une [traduction] « dĂ©cision personnelle d’importance fondamentale de se mettre Ă  l’abri dans des circonstances oĂą il n’y a aucune solution de rechange pratique pour se mettre Ă  l’abri » (nous soulignons).

Ces questions sont principalement soulevĂ©es dans le cadre des mesures d’exĂ©cution prises par les administrations locales visant Ă  Ă©liminer les campements des personnes itinĂ©rantes dans les parcs municipaux ou autres espaces civiques ou de les dissuader d’y avoir accès. Le mandat de la municipalitĂ© de rĂ©glementer ses parcs et ses espaces civiques au bĂ©nĂ©fice du public est attĂ©nuĂ© par le droit des personnes itinĂ©rantes [traduction] « de se protĂ©ger au moyen de la forme d’abri la plus rudimentaire pendant qu’elles passent la nuit dans un espace public, lorsqu’il n’y a pas suffisamment de places en refuge pour rĂ©pondre aux besoins de toutes les personnes itinĂ©rantes de la ville » (nous soulignons).

La question de savoir si d’autres refuges adĂ©quats sont disponibles est donc fondamentale lorsqu’il s’agit de dĂ©terminer l’existence d’un droit garanti par la Charte dans un cas particulier. La question du caractère adĂ©quat ne concerne pas seulement le nombre de refuges disponibles, mais Ă©galement si ces refuges sont appropriĂ©s. Les facteurs qui pourraient rendre les solutions de rechange en matière de logement peu rĂ©alistes peuvent comprendre, notamment :

  • des limites imposĂ©es sur la durĂ©e du sĂ©jour, les couvre-feux et sur le fait de quitter et de revenir;
  • des refuges inadĂ©quats destinĂ©s aux femmes;
  • des exigences en matière de sobriĂ©tĂ© et d’abstinence aux drogues ou Ă  l’Ă©gard des personnes « prĂŞtes au traitement »;
  • des interdictions temporaires en cas d’infractions mineures aux règles (parfois d’une durĂ©e indĂ©terminĂ©e);
  • l’absence de ressources et de services permanents de soutien;
  • l’exigence de payer un loyer;
  • des explosions de violence.

Les tribunaux ont ordonnĂ© l’Ă©limination des campements lorsque d’autres types de logements adĂ©quats Ă©taient disponibles en nombre suffisant pour hĂ©berger un nombre Ă©quivalent de personnes itinĂ©rantes vivant dans le campement. L’Ă©limination d’un campement est Ă©galement d’autant plus justifiĂ©e lorsqu’il est Ă©tabli qu’il constitue une nuisance ou un danger pour les personnes et qu’il impose un fardeau dĂ©raisonnable sur les ressources publiques. Par exemple, un campement situĂ© sur le terrain d’un palais de justice a Ă©tĂ© enlevĂ© en raison d’une augmentation de l’activitĂ© criminelle, de la prĂ©sence de dĂ©chets, de rats, d’excrĂ©ments et de seringues usagĂ©es, des coĂ»ts liĂ©s au renforcement de la prĂ©sence policière et des plaintes des voisins (qui avaient antĂ©rieurement appuyĂ© le campement, mais qui depuis, ont retirĂ© leur appui en raison de la dĂ©tĂ©rioration des conditions).

Les règlements municipaux doivent parvenir à un juste équilibre

Les tribunaux ont essayĂ© d’Ă©tablir un juste Ă©quilibre entre les intĂ©rĂŞts divergents concernant l’utilisation des parcs publics en protĂ©geant le droit d’Ă©riger des abris pour la nuit, mais de façon restreinte. En Ă©tablissant cet Ă©quilibre, les tribunaux ont conclu que les règlements municipaux interdisant totalement les tentes sont inconstitutionnels dans des circonstances oĂą la municipalitĂ© manque de places dans des refuges adĂ©quats et accessibles servant Ă  hĂ©berger les personnes itinĂ©rantes dans sa collectivitĂ©.

 La rĂ©daction de règlements municipaux visant Ă  traiter de la question des campements dans les parcs municipaux mĂ©rite une attention particulière. Voici certains facteurs Ă  prendre en considĂ©ration :

  • Un règlement municipal interdisant les campements en tout temps et dans tous les endroits de la municipalitĂ© peut ĂŞtre trop gĂ©nĂ©ral.
  • Il convient d’Ă©tudier des options moins radicales, comme l’obligation de dĂ©monter les tentes tous les matins (lorsque la population utilise le parc) et l’interdiction de dormir dans des rĂ©gions sensibles. De façon gĂ©nĂ©rale, le droit de monter une tente sur un terrain public le jour n’existe pas.

Par exemple, la ville d’Abbotsford autorise le camping dans les parcs de 19 h Ă  9 h « s’il n’y a aucun centre d’hĂ©bergement disponible dans la ville ». Il est encore interdit de passer la nuit ou de camper dans certains « grands parcs communautaires », lĂ  oĂą plusieurs fonctions sont exercĂ©es. Le règlement municipal dresse Ă©galement la liste des endroits oĂą les abris temporaires ne sont pas autorisĂ©s, notamment les terrains de jeu, les terrains de sport, les cimetières, les voies ou les installations sanitaires.

De mĂŞme, les règlements municipaux de la ville de Victoria autorisent une « personne itinĂ©rante » Ă  obtenir [traduction] « une tente, une cabane ou tout autre type d’abri fabriquĂ© en toile goudronnĂ©e, en plastique, en carton ou encore en matĂ©riau rigide ou non rigide » Ă  l’intĂ©rieur des limites d’un parc, entre 19 h et 7 h, Ă  l’exception de certaines zones rĂ©glementĂ©es Ă  l’intĂ©rieur du parc (y compris le terrain de jeu, le terrain de sport, le sentier, une route Ă  l’intĂ©rieur du parc, une zone Ă©cosensible ou une zone d’activitĂ©s dĂ©signĂ©e).

Se reporter Ă  l’annexe B pour des exemples de règlements municipaux interdisant les nuisances dans les parcs, mais autorisant les nuitĂ©es en camping.