Modalités des honoraires

Two people pointing at a paper

La règle 3.6-1 du Code type aborde sommairement les honoraires et dĂ©bours des juristes, comme suit : « Un juriste ne doit pas demander ou accepter des honoraires ou des dĂ©bours, y compris des intĂ©rĂŞts, Ă  moins qu’ils soient justes et raisonnables et qu’ils aient Ă©tĂ© divulguĂ©s en temps opportun ». Le commentaire prĂ©sente une liste non exhaustive de facteurs qui peuvent ĂŞtre pris en compte pour dĂ©terminer si un honoraire est juste et raisonnable1. Certains facteurs sont prospectifs, tandis que d’autres ne peuvent ĂŞtre Ă©valuĂ©s que rĂ©trospectivement. Les juristes devraient ĂŞtre prĂŞts Ă  examiner leurs honoraires et Ă  reconsidĂ©rer s’ils sont justes et raisonnables Ă  mesure qu’un dossier Ă©volue.

Au-delĂ  des principes de caractère juste et raisonnable, le Code type stipule Ă©galement que les juristes compĂ©tents agissent de façon rentable2. Cela signifie que les juristes doivent rĂ©flĂ©chir soigneusement Ă  la façon dont ils facturent leurs services, en s’assurant que les modalitĂ©s d’honoraires ne sont pas seulement justes et raisonnables, mais aussi rentables dans les circonstances.

Par souci de responsabilitĂ© professionnelle, les modalitĂ©s d’honoraires doivent ĂŞtre discutĂ©es de manière approfondie et convenues avant qu’un juriste ne soit retenu et doivent ĂŞtre confirmĂ©es par une convention de mandat Ă©crite. Le commentaire de la règle 3.6-1 prĂ©voit que « avant ou dans un dĂ©lai raisonnable après le dĂ©but d’un mandat, le juriste doit donner au client autant de renseignements que possible par Ă©crit concernant les honoraires et dĂ©bours et les intĂ©rĂŞts, selon ce qui est raisonnablement possible compte tenu des circonstances, incluant le calcul qui permettra de fixer les honoraires3 ».

Afin d’avoir une discussion efficace et transparente sur la façon dont les honoraires et dĂ©bours seront facturĂ©s dans une affaire particulière, les juristes devraient connaĂ®tre les diverses modalitĂ©s d’honoraires qui existent. Le survol des avantages et risques de divers types de modalitĂ©s dĂ©borde du champ d’application de cette trousse d’outils, mais il existe de nombreuses ressources qui fournissent des conseils dĂ©taillĂ©s sur diffĂ©rents types de structures d’honoraires et les avantages et les risques des diverses options. Les juristes devraient Ă©galement ĂŞtre conscients des façons dont diffĂ©rentes modalitĂ©s d’honoraires peuvent rendre la reprĂ©sentation juridique et les services plus ou moins accessibles au public.

Cette section de la trousse d’outils rĂ©sume les types les plus courants de modalitĂ©s d’honoraires que les juristes peuvent envisager. La connaissance des options possibles aidera les juristes Ă  communiquer efficacement avec les clients Ă©tablis ou potentiels en dĂ©but de mandat et Ă  s’assurer que les dispositions convenues sont clairement Ă©noncĂ©es dans la lettre de mandat. En outre, si un juriste est disposĂ© Ă  discuter des options avec le client dès le dĂ©part et Ă  lui permettre de choisir son mode de facturation privilĂ©giĂ©, cela peut entraĂ®ner une meilleure acceptation par le client de la façon dont son dossier est facturĂ©.

Pour en savoir plus :

  • Lawyers’ Insurance Association of Nova Scotia, Law Office Management Standards - #5 – Retention and Billing (13 juin 2015)
  • Richard Reed, Win-Win Billing Strategies, Alternatives that Satisfy Your Clients and You (États-Unis : American Bar Association, 1992)
  •  Sally Dyson, Budgeting and Negotiating Fees with Clients: A Lawyer’s Guide (Peoria, IL, Ark Group, 2011)
  • Toby Brown et Vincent Cordo, Law Firm Pricing: Strategies, Roles and Responsibilities (Peoria, IL; Ark Group, 2013)
  • Laura Slater, The Lawyer’s Guide to AFA’s and Value Pricing (Peoria, IL; Ark Group, 2014)

Honoraires horaires

Les honoraires juridiques se facturent gĂ©nĂ©ralement selon un taux horaire pour le temps consacrĂ© au dossier d’un client, y compris les appels tĂ©lĂ©phoniques, les courriels, les rĂ©unions, la recherche, la prĂ©paration de documents, le traitement de la correspondance, la comparution devant le tribunal et tout autre Ă©lĂ©ment du dossier. Les honoraires horaires dĂ©pendent gĂ©nĂ©ralement de la compĂ©tence et de l’expĂ©rience d’un juriste4, pour lesquelles le nombre d’annĂ©es d’adhĂ©sion au barreau sert souvent d’indicateur.

La prĂ©valence de l’heure facturable est relativement rĂ©cente. Dans la première moitiĂ© du XXe siècle, les juristes facturaient gĂ©nĂ©ralement leurs services en utilisant des tarifs prescrits ou une facturation selon la valeur qui tenait compte de facteurs tels que le travail effectuĂ©, les taux du marchĂ©, les rĂ©sultats pour les clients et les moyens des clients5. Cependant, la facturation selon la valeur Ă©tait critiquĂ©e comme opaque et hautement subjective, dĂ©pendante de la bonne foi des juristes dans l’estimation de la valeur qu’ils avaient produite6, tandis que la facturation tarifaire Ă©tait considĂ©rĂ©e comme anticoncurrentielle et visant Ă  empĂŞcher les juristes de rĂ©duire leurs honoraires en dessous d’un certain niveau7.

L’heure facturable est elle-mĂŞme largement critiquĂ©e. Dans un article de 2004, Alice Woolley (maintenant juge) observait que l’heure facturable peut conduire Ă  trois types gĂ©nĂ©raux de facturation non conformes Ă  la dĂ©ontologie :

  1. la facturation horaire incite les juristes Ă  faire du travail parce qu’il gĂ©nère des heures plutĂ´t que parce qu’il apporte des avantages Ă  leurs clients, de sorte que les clients paient pour un travail qui n’accomplit rien8;
  2. les clients se font facturer du temps qui n’est pas effectivement consacrĂ© Ă  leur affaire, soit en raison de l’incapacitĂ© des juristes Ă  tenir des registres horaires au fil du travail, soit en raison d’une application douteuse des unitĂ©s de facturation9;
  3. la facturation horaire, lorsque combinĂ©e avec des objectifs de facturation minimaux, crĂ©e au mieux la tentation d’ĂŞtre malhonnĂŞte [en ajoutant du temps] et, au pire, une rĂ©elle malhonnĂŞtetĂ©10.

NĂ©anmoins, de nombreux juristes et clients privilĂ©gient le modèle de l’heure facturable, car c’est une manière objective de dĂ©terminer le montant Ă  facturer pour les services rendus. MĂŞme lorsque la provision envisage la facturation horaire, il est important de reconnaĂ®tre que le temps consacrĂ© au dossier d’un client n’est qu’un des nombreux facteurs identifiĂ©s dans les commentaires Ă  la règle 3.6-1 pour dĂ©terminer des honoraires justes et raisonnables.

Pour en savoir plus :

Honoraires fixes ou forfaitaires

Par ailleurs, un juriste peut facturer des honoraires fixes pour des services dĂ©terminĂ©s, quel que soit le temps nĂ©cessaire. Alors qu’un modèle d’heure facturable offre aux clients de la transparence, un modèle de service forfaitaire apporte aux clients une certitude sur les coĂ»ts.

Dans un billet de Slaw, John-Paul Boyd, c.r., dĂ©crit comment un modèle de service forfaitaire peut ĂŞtre avantageux pour les juristes et les clients.

Selon ce modèle, le client peut choisir les services qu’il achètera d’un avocat et en quelle quantitĂ©, Ă  un taux fixe dĂ©terminĂ© Ă  l’avance. Le client et le juriste sont protĂ©gĂ©s de la frustration du client si un problème juridique n’est pas rĂ©solu avant que ses ressources soient Ă©puisĂ©es. Le juriste obtient un dossier avec un mandat fixe de travail requis et un potentiel minimal de devenir une affaire interminable, avec paiement en amont et une probabilitĂ© minimale de problèmes de recouvrement, et un dossier exempt de la tyrannie du temps consignĂ©11.

John-Paul Boyd souligne qu’un honoraire forfaitaire ne convient pas Ă  tous les problèmes juridiques, et suggère que des honoraires fixes sont les mieux adaptĂ©s aux services qui ont un faible potentiel de s’enliser, comportent un mandat circonscrit et peuvent gĂ©nĂ©ralement ĂŞtre accomplis dans un dĂ©lai prĂ©visible. Tout en rĂ©pondant aux prĂ©occupations d’abordabilitĂ© des clients, les honoraires forfaitaires devraient ĂŞtre rentables pour les juristes Ă  court terme et compenser l’argent perdu dans des dossiers hors de contrĂ´le Ă  long terme.

John-Paul Boyd propose les conseils et suggestions suivants aux juristes qui dĂ©cident de proposer des services forfaitaires.

  1. Utilisez une convention de mandat Ă©crite qui Ă©nonce prĂ©cisĂ©ment les services que vous allez exĂ©cuter et le tarif que vous facturez. S’il existe des services connexes et auxiliaires qui pourraient ĂŞtre inclus dans le travail que vous exĂ©cutez, comme le dĂ©pĂ´t d’un accord de sĂ©paration que vous avez rĂ©digĂ© devant le tribunal, indiquez si vous exĂ©cuterez ou non ces services.
  2. RĂ©flĂ©chissez soigneusement au montant de vos forfaits. Vos taux doivent tenir compte de l’abordabilitĂ© pour le client, de la valeur de vos services pour le client, du temps que vous passeriez normalement Ă  exĂ©cuter ces services, des Ă©conomies de processus avec documents types et formulaires, et du coĂ»t pour vous des dossiers qui dĂ©rapent.
  3. Lorsque vous exĂ©cutez des services qui prĂ©sentent un risque Ă©levĂ© de complications, ajoutez une clause Ă©chappatoire Ă  votre mandat qui vous permet de convertir votre travail d’un forfait Ă  un taux horaire. Toutefois, si vous adoptez cette approche, vous devez Ă©noncer avec une clartĂ© absolue les conditions qui dĂ©clencheront le changement et le prĂ©avis que vous donnerez au client, et vous devez consigner un suivi rigoureux de votre temps depuis le dĂ©but du dossier.
  4. VĂ©rifiez votre convention de mandat avec votre client et assurez-vous qu’il sait exactement ce qui est et n’est pas inclus dans votre forfait.
  5. Demandez le paiement au dĂ©but du dossier, plutĂ´t que d’attendre sa conclusion pour facturer.
  6. Soyez clair quant aux débours prévisibles et précisez si vous-même ou le client couvrirez ces coûts. Si le montant des débours est connu, demandez au client de vous fournir des fonds pour couvrir ces débours, en plus de votre forfait, au début du dossier12.

Pour en savoir plus :

Honoraires plafonnés

Les honoraires plafonnĂ©s sont ceux pour lesquels un juriste facture un taux horaire jusqu’Ă  un maximum convenu. Avec des honoraires plafonnĂ©s, contrairement Ă  des honoraires fixes, le client bĂ©nĂ©ficie d’un travail potentiellement rĂ©alisĂ© pour moins que le maximum, tandis que le juriste prend le risque que le travail puisse prendre plus de temps que prĂ©vu.

Parfois, les honoraires plafonnĂ©s viennent avec une disposition de « tunnel » dĂ©limitant le risque tarifaire, oĂą le juriste obtient un pourcentage des honoraires non facturĂ©s sous le plafond dans le cas oĂą l’affaire est rĂ©solue avec moins d’effort que prĂ©vu, et si l’affaire prend plus d’effort que prĂ©vu, le client obtient un pourcentage de rĂ©duction sur les heures travaillĂ©es au-dessus du plafond. Cette forme d’Ă©quilibrage des risques peut permettre un meilleur alignement des intĂ©rĂŞts du juriste et du client.

Honoraires conditionnels

En vertu d’une entente d’honoraires conditionnels, « tous les honoraires ou une partie de ceux-ci dĂ©pendent de l’affaire pour laquelle le juriste doit fournir ses services13 ». Les ententes d’honoraires conditionnels sont assujetties Ă  la lĂ©gislation en vigueur, qui varie considĂ©rablement d’une compĂ©tence Ă  l’autre14.

Comme il est indiquĂ© dans les commentaires Ă  la règle 3.6-2, tout en convenant que le juriste recevra un pourcentage particulier du montant recouvrĂ© par le client, le juriste et le client peuvent convenir « qu’en plus des honoraires payables en vertu de l’entente, tout montant provenant des dĂ©pens adjugĂ©s ou des dĂ©pens obtenus par suite d’un règlement soit payĂ© au juriste ». En règle gĂ©nĂ©rale, cela justifierait que le juriste reçoive un moindre pourcentage des dĂ©pens que celui autrement convenu. Les juristes et leurs clients doivent Ă©galement dĂ©terminer Ă  l’avance si un client sera tenu de payer les dĂ©bours quelle que soit l’issue et, dans l’affirmative, si les dĂ©bours seront facturĂ©s de façon continue ou Ă  la conclusion de l’affaire.

Certaines provinces exigent l’approbation judiciaire des honoraires conditionnels. Les juristes devraient tenir des relevĂ©s de temps contemporains qui indiquent clairement le travail effectuĂ© dans le dossier advenant qu’ils doivent Ă©tablir que leurs honoraires sont justes et raisonnables15.

Bien que les ententes d’honoraires conditionnels puissent ĂŞtre un outil important pour accroĂ®tre l’accès Ă  la justice, elles peuvent donner lieu Ă  certaines questions dĂ©ontologiques. Quelques exemples :

  • Les ententes d’honoraires conditionnels permettent potentiellement aux juristes de recevoir des honoraires globaux plus Ă©levĂ©s qu’autrement, en raison du fait que le juriste Ă©tale le risque parmi plusieurs dossiers, dont certains ne donneront lieu Ă  aucun recouvrement. Cependant, parce qu’un client n’est au courant que de sa propre affaire, il n’est pas vraiment en mesure d’Ă©valuer si l’entente d’honoraires conditionnels tient compte Ă©quitablement du risque pris par le juriste.
  • Les ententes d’honoraires conditionnels peuvent donner lieu Ă  des incitatifs contradictoires pour les juristes et les clients. Par exemple, si une entente d’honoraires conditionnels accorde au juriste un pourcentage de tous dĂ©pens adjugĂ©s et de tous les coĂ»ts, le juriste pourrait ĂŞtre incitĂ© Ă  maximiser la partie d’un règlement allouĂ©e aux coĂ»ts, au dĂ©triment du client.
  • MĂŞme si aller devant le tribunal peut entraĂ®ner un montant adjugĂ© supĂ©rieur pour le client et des honoraires proportionnellement plus Ă©levĂ©s pour le juriste, si le coĂ»t de la procĂ©dure de procès rĂ©duit la rĂ©munĂ©ration globale du juriste, cela peut ĂŞtre une incitation importante pour le juriste Ă  convaincre le client de conclure un règlement, mĂŞme s’il pourrait ĂŞtre plus avantageux pour le client d’aller en procès16.

Les ententes d’honoraires conditionnels donnent Ă©galement lieu Ă  des enjeux dĂ©ontologiques particuliers si un juriste souhaite se retirer de sa reprĂ©sentation avant la conclusion d’une affaire ou si le client dĂ©cide de retenir un nouveau juriste. Si le mandat prend fin avant que l’affaire soit rĂ©glĂ©e, un juriste qui a dĂ©jĂ  investi beaucoup de temps et de ressources dans une affaire peut perdre la possibilitĂ© de partager le produit d’un règlement ou d’une adjudication. Certains juristes prennent la position de ne pas transfĂ©rer le dossier tant que le client (ou le nouveau juriste du client) n’a pas payĂ© les dĂ©bours engagĂ©s jusqu’au moment du retrait. MĂŞme si cette modalitĂ© est clairement Ă©noncĂ©e dans l’entente d’honoraires conditionnels, elle peut soulever une importante question d’accès Ă  la justice si le client n’est pas en mesure de payer et ne peut pas trouver un nouveau juriste disposĂ© Ă  prendre en charge ses dĂ©bours17. Certains juristes transfèrent leur dossier au nouveau juriste du client avec un engagement de payer le premier juriste pour son travail effectuĂ© Ă  ce jour Ă  partir de tout Ă©ventuel règlement ou adjudication, auquel cas il devient très important pour le premier juriste d’avoir effectuĂ© un suivi prĂ©cis de son temps et son travail sur le dossier. Certains juristes tentent d’aller plus loin, en considĂ©rant que si le client met fin au mandat avant la conclusion de l’affaire, le juriste doit ĂŞtre payĂ© Ă  son taux horaire pour les travaux effectuĂ©s Ă  ce jour avant que le juriste ne transfère le dossier Ă  un nouveau juriste. Cela pourrait ĂŞtre très prĂ©judiciable pour un client.

Pour en savoir plus :

Mandat à portée limitée (services juridiques dégroupés)

Le Code type dĂ©finit un « mandat Ă  portĂ©e limitĂ©e » comme « la prestation de services juridiques pour une partie, et non la totalitĂ©, du dossier d’un client en matière juridique conformĂ©ment Ă  une entente avec le client ».18 Ce type de mandat est parfois dĂ©crit comme des services juridiques « dĂ©groupĂ©s »; si une reprĂ©sentation complète est un « ensemble complet » de services juridiques, alors le « dĂ©groupage » extrait un ou plusieurs de ces services et les offre sĂ©parĂ©ment19.

Un mandat Ă  portĂ©e limitĂ©e ou des services juridiques dĂ©groupĂ©s peuvent permettre Ă  des clients qui n’auraient pas autrement les moyens de recourir aux services d’un juriste d’obtenir nĂ©anmoins des conseils ou une assistance juridiques dans les domaines oĂą ils en ont le plus besoin. Une proportion importante de plaideurs non reprĂ©sentĂ©s par avocats a Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e par un juriste plus tĂ´t dans leur litige, mais ne peut se permettre une reprĂ©sentation juridique continue20. La fourniture de services juridiques dĂ©groupĂ©s dans des circonstances appropriĂ©es peut accroĂ®tre significativement l’accès Ă  la reprĂ©sentation juridique.

Le Code type impose aux juristes d’Ă©valuer soigneusement si, dans chaque cas, il est possible de fournir des services dans le cadre d’un mandat Ă  portĂ©e limitĂ©e de manière compĂ©tente. Accepter de fournir des services juridiques sur une base limitĂ©e ou dĂ©groupĂ©e « ne dispense pas le juriste du devoir d’assurer une reprĂ©sentation compĂ©tente21 ». Comme indiquĂ© dans le commentaire de la règle 3.1-2 :

Le juriste doit tenir compte des connaissances en droit, des aptitudes, de la minutie et de la prĂ©paration raisonnablement nĂ©cessaires aux fins de la reprĂ©sentation. Le juriste doit veiller Ă  ce que le client soit pleinement informĂ© de la nature de l’entente et qu’il comprenne bien la portĂ©e et les limites des services22.

Par ailleurs, une convention de mandat Ă©crite n’est pas optionnelle en situation de mandat Ă  portĂ©e limitĂ©e. La règle 3.2-1A prescrit qu’avant « d’entreprendre un mandat Ă  portĂ©e limitĂ©e, le juriste doit informer le client de la nature, de l’Ă©tendue et de la portĂ©e des services qu’il peut fournir et doit confirmer au client par Ă©crit et dans les plus brefs dĂ©lais possibles les services qui seront fournis. ».

Un juriste agissant en vertu d’un mandat Ă  portĂ©e limitĂ©e doit Ă©viter d’agir d’une manière qui suggère que le juriste fournit des services complets au client, doit veiller Ă  ne pas induire en erreur un tribunal quant Ă  la portĂ©e du mandat23 et rĂ©flĂ©chir soigneusement Ă  la manière de gĂ©rer la communication avec les autres parties24. Dans certaines compĂ©tences, les règles de procĂ©dure exigent explicitement qu’un juriste informe le tribunal s’il agit selon un mandat Ă  portĂ©e limitĂ©e25.

Pour en savoir plus :

Autres modalitĂ©s alternatives d’honoraires

Les juristes et les clients ont proposĂ© et proposeront de nombreuses autres modalitĂ©s alternatives d’honoraires. Parmi les autres modalitĂ©s d’honoraires, citons par exemple les taux horaires unifiĂ©s (composĂ©s d’un taux horaire unique, quel que soit le juriste ou le responsable de la comptabilisation du temps travaillant sur l’affaire), les honoraires fixes ou forfaitaires majorĂ©s du taux horaire (des services spĂ©cifiques sont fournis au titre d’un forfait tandis que les autres services qui ne peuvent ĂŞtre dĂ©finis ou anticipĂ©s au dĂ©part sont soumis aux taux horaires) ou les taux horaires majorĂ©s d’une provision pour imprĂ©vus.

Pour en savoir plus :

Quel que soit le rĂ©gime d’honoraires retenu, la mĂ©thode de facturation des honoraires et dĂ©bours doit ĂŞtre discutĂ©e avec le client dès le dĂ©part. Une fois que le juriste et le client potentiel se sont entendus concernant le rĂ©gime d’honoraires, ce dernier doit ĂŞtre consignĂ© dans une convention de mandat Ă©crite.

Notes de fin

1 Règle 3.6-1[1], Code type p. 61

2 Règle 3.1-1(e), Code type p. 15

3 Règle 3.6-1[3], Code type p. 61

4 Law Society of BC, Lawyers’ Fees

5 Paul Fruitman, The billable hour is dead. Long live the billable hour, 35:1 The Advocates’ Journal 33 (2016) (“Fruitman”)

6 Alice Woolley, Evaluating Value: A Historical Case Study of the Capacity of Alternative Billing Methods to Reform Unethical Hourly Billing, 12:3 International Journal of the Legal Profession (novembre 2005) Ă  347-348 (« Woolley, Evaluating Value »)

7 Idem Ă  348.

8 Idem Ă  871.

9 Idem Ă  877-879.

10 Alice Woolley, Time for Change: Unethical Hourly Billing in the Canadian Profession and What Should Be Done About It, 83:3 Canadian Bar Review 859 (2004) Ă  882 (« Woolley, Time for Change »)

11 John-Paul Boyd, c.r., DIY A2J 5: Provide Some of Your Services on a Flat-Rate Basis, Slaw (12 fĂ©vrier 2016)

12 Idem

13 Règle 3.6-2, Code type p. 62

14 Les juristes doivent Ă©galement se tenir au courant de tout changement de règle dans leur compĂ©tence. Par exemple, l’Ontario a apportĂ© des modifications importantes Ă  son rĂ©gime d’honoraires conditionnels en vigueur depuis le 1er juillet 2021, et d’autres modifications entraient en vigueur le 1er janvier 2022. En rĂ©ponse aux modifications apportĂ©es Ă  la lĂ©gislation applicable, le Barreau de l’Ontario a Ă©galement modifiĂ© son Code dĂ©ontologique en consĂ©quence.

15 Law Society of British Columbia, Practice Management Course, Part 7 – Retainers Learning Module, 7. Contingent Fee Agreements continued; Law Society of Alberta, Law Practice Essentials, Part 8 – Retainers, 8.8 Contingency Fee Arrangements – Other Issues; Barreau du Nouveau-Brunswick, Cour sur l’exploitation d’un cabinet d’avocat (l’utilisateur doit crĂ©er un compte), Partie 4 – Le mandat, Accords d’honoraires conditionnels (suite)

16 Ces exemples sont tirĂ©s d’Allan C. Hutchinson, A Study of the Costs of Legal Services in Personal Injury Litigation in Ontario: Final Report, commandĂ© par le Bureau des assurances du Canada (2016)

17 Voir par exemple les dĂ©cisions de la Cour supĂ©rieure de l’Ontario dans Murillo v Turnbull, 2016 ONSC 1906 et Romero v Turnbull, 2015 ONSC 3638

18 Règle 1.1-1, Code type p. 9

21 Règle 3.1-2[7A], Code type p. 17

22 Idem

23 Règle 3.2-1A[2] et [3], Code type p. 20-21

24 Règles 3.2-1A[4] et 7.2-6A, Code type p. 21, 108

25 Voir par exemple : Alberta Rules of Court, Alta Reg 124/2010, r. 2.27(1); Manitoba Règles de la Cour du Banc de la Reine, Règlement 553/88, r. 15.01.1(1)