Principes fondamentaux concernant les petites entreprises à l’intention des juristes : ce que vous devez savoir

  • 29 juillet 2016
  • James Careless

En matière de survie et de prospĂ©ritĂ© Ă©conomique, les juristes exerçant seuls et les petits cabinets sont tout d’abord des petites entreprises. Tout comme le dĂ©panneur du coin, les juristes exerçant seuls et les petits cabinets doivent attirer un nombre suffisant de clients pour payer leurs factures, leurs employĂ©s et les propriĂ©taires, et pour rĂ©aliser des bĂ©nĂ©fices afin d’Ă©conomiser en vue des pĂ©riodes creuses et d’avoir un capital Ă  faire fructifier Ă  l’avenir. En tant que petites entreprises, les juristes exerçant seuls et les petits cabinets doivent en outre faire un suivi de leurs activitĂ©s financières et les documenter avec exactitude au moyen de mĂ©thodes comptables juridiquement acceptĂ©es. Ils doivent le faire pour savoir oĂą va leur argent, pour s’assurer que les fonds qu’ils dĂ©tiennent en fiducie pour leurs clients sont gĂ©rĂ©s correctement, et pour se conformer Ă  toute vĂ©rification externe.

Étant donnĂ© ces rĂ©alitĂ©s fiscales, on pourrait penser que les principes fondamentaux de la gestion d’une petite entreprise seraient l’un des piliers de la formation de tout juriste. Ce n’est malheureusement pas le cas. « Enseigner comment gĂ©rer une petite entreprise ne fait pas partie, et de loin, du programme d’Ă©tudes des facultĂ©s de droit canadiennes », a dĂ©clarĂ© Jordan Furlong, consultant en tendances juridiques et propriĂ©taire de Law21.

« Nombreuses sont les facultĂ©s qui diraient que l’enseignement des compĂ©tences en matière de gestion d’entreprise n’est pas de leur ressort », a-t-il affirmĂ©. « Leur tâche Ă©tant, selon elles, de dispenser aux Ă©tudiants une formation juridique, de leur donner les connaissances, le raisonnement et les compĂ©tences analytiques juridiques exigĂ©s des avocats. Que leurs Ă©tudiants soient d’accord avec cette vision des choses est une tout autre paire de manches. »

Ce manque d’Ă©ducation dans le domaine des affaires est une vĂ©ritable plaie pour de nombreux nouveaux juristes dès qu’ils se lancent en affaires. ConfrontĂ©s soudainement avec la nĂ©cessitĂ© d’exploiter (et de faire survivre financièrement) leur petite entreprise, ces juristes « ont du mal Ă  trouver des clients, gĂ©rer le travail qu’ils trouvent, servir leurs clients de façon satisfaisante et maintenir la solvabilitĂ© de leur entreprise », a dĂ©clarĂ© Jordan Furlong. « Ce n’est pas une coĂŻncidence s’ils ont Ă©galement des difficultĂ©s Ă  gĂ©rer les pressions mentales et Ă©motionnelles, la dĂ©pression et une vulnĂ©rabilitĂ© accrue face aux dĂ©pendances. »

Par consĂ©quent, il est manifeste que les nouveaux juristes doivent apprendre les principes fondamentaux de l’exploitation d’une petite entreprise. Alors, que cela signifie-t-il?

« Il faut d’abord comprendre qui sont vos clients potentiels, ce que vous pouvez faire pour eux, et la façon d’attirer leur attention vers votre cabinet », a dĂ©clarĂ© Sandra Maher-Hatcher. Elle est prĂ©sidente de The Law Office Management Association, une organisation sans but lucratif crĂ©Ă©e Ă  l’intention des gestionnaires et administrateurs de cabinets juridiques. « Vous devez Ă©galement estimer globalement et avec rĂ©alisme vos possibilitĂ©s de gains sur une pĂ©riode donnĂ©e, y compris vos objectifs concernant les recettes et la façon dont vous espĂ©rez trouver des clients pour les atteindre », a-t-elle ajoutĂ©. « Ensuite viennent vos coĂ»ts estimĂ©s. Pas seulement les dĂ©penses de bureau et celles qui y sont connexes, mais Ă©galement celles au titre des employĂ©s que vous pourriez engager. »

Tous ces renseignements sont utilisĂ©s pour prĂ©parer votre plan d’affaires; votre itinĂ©raire thĂ©orique pour parvenir au succès que vous recherchez. MalgrĂ© son nom Ă  l’allure très officielle, point n’est besoin, pour un plan d’affaires, d’ĂŞtre long et compliquĂ©. Cependant, il devrait faire l’objet d’une rĂ©vision et d’une mise Ă  jour rĂ©gulières tant pour qu’il continue Ă  correspondre au rendement actuel du cabinet que pour y incorporer des Ă©lĂ©ments nouveaux alors que vous dĂ©couvrez au fil du temps et dans les faits quel genre de client est prĂŞt Ă  payer pour quel service, et quels sont les coĂ»ts rĂ©els de votre entreprise.

ArmĂ© d’un plan d’affaires, il est maintenant temps de vous pencher sur ce que Jordan Furlong appelle les trois aspects les plus importants d’une entreprise, quelle qu’elle soit : le service Ă  la clientèle, le dĂ©veloppement de l’entreprise et les ventes, et la gestion financière et organisationnelle.

« Service Ă  la clientèle » s’entend du degrĂ© de professionnalisme, de courtoisie, de comportement dĂ©ontologique et d’attention envers l’expĂ©rience du client fourni par le cabinet. « Le dĂ©faut de communication correcte avec les clients et de prompte rĂ©ponse Ă  leurs questions est la principale cause des plaintes logĂ©es par des clients auprès des sociĂ©tĂ©s du barreau et des barreaux d’État », a dĂ©clarĂ© Jordan Furlong. « Cela suggère fortement que la formation des juristes laisse Ă  dĂ©sirer et que les cabinets ne satisfont pas aux attentes dans le domaine du service attentionnĂ© offert au client. »

Ce que les clients ressentent alors qu’ils ont recours aux services d’un cabinet juridique et après, ainsi que la mesure dans laquelle le cabinet leur a accordĂ© le degrĂ© d’attention et de respect appropriĂ©, sont des Ă©lĂ©ments essentiels de leur retour Ă  l’avenir, a-t-il expliquĂ©.

Cela dit, mĂŞme les juristes les plus attentifs aux besoins de leurs clients peuvent Ă©chouer en raison du dĂ©veloppement inadĂ©quat de leur entreprise ou de leurs ventes et d’une mauvaise gestion financière ou organisationnelle. Heureusement, nombreuses sont les sources qui souhaitent Ă©duquer les juristes dans ces domaines de la gestion d’une petite entreprise, et Ă  beaucoup moins de frais que les Ă©tudes moyennes pour obtenir une maĂ®trise en administration des affaires (MBA).

Ainsi, le RĂ©seau Entreprises Canada mis en place par le gouvernement fĂ©dĂ©ral offre, en ligne, une gamme complète de thèmes utiles qui incluent des conseils pour rĂ©diger des plans d’affaires, identifier de possibles nouveaux clients et communiquer avec eux, organiser les comptes d’une petite entreprise conformĂ©ment aux pratiques comptables reconnues, et persuader les clients de payer leurs factures en souffrance.

« Nous pouvons en outre vous aider Ă  inscrire votre entreprise correctement auprès de l’ARC et aux fins de la TVH/TPS », a dĂ©clarĂ© Christian Laverdure, directeur gĂ©nĂ©ral, Services aux entreprises, Innovation, Sciences et DĂ©veloppement Ă©conomique. « Le secret de l’exploitation d’une entreprise prospère, quelle qu’en soit la taille, c’est de couvrir tous ces points dès le dĂ©part pour Ă©viter les problèmes plus tard. »

Les barreaux peuvent Ă©galement aider. Ainsi le Guide d’ouverture d’une pratique d’avocat Barreau du Haut-Canada est un excellent document d’information qui peut tenir lieu de liste de vĂ©rification pour les juristes qui ouvrent leur propre cabinet.

Si ces ressources ne suffisent pas, Jordan Furlong conseille au nĂ©ophyte en affaires de suivre des cours du soir ou des cours en ligne en administration des affaires et de tirer parti de la formation continue sur les thèmes du fonctionnement d’une entreprise juridique. Parmi les autres possibilitĂ©s de formation, citons les suivantes :

  • les systèmes de gestion de cabinet dans le nuage tels que Clio;
  • les barreaux et fournisseurs d’assurance professionnelle peuvent fournir des ressources et une assistance;
  • le rĂ©seautage avec des praticiens chevronnĂ©s pour profiter de leurs perspectives et leurs idĂ©es de solutions.

En fin de compte, pour assurer la viabilitĂ© de votre pratique ou de votre petit cabinet et atteindre la rĂ©ussite dont vous rĂŞvez, obtenez toute l’aide dont vous avez besoin..

« N’essayez pas de prĂ©tendre que tout va bien ou de tout faire par vous-mĂŞme », a dĂ©clarĂ© Jordan Furlong. « Vous pouvez apprendre et mettre en Ĺ“uvre tout cela. Tout ce dont vous avez besoin, c’est d’information et de formation, qui sont facilement accessibles. Cependant, tout commence avec votre dĂ©cision d’investir temps et efforts dans l’aspect commercial essentiel de votre cabinet juridique. »

RĂ©dacteur indĂ©pendant, James Careless Ă©crit frĂ©quemment pour EnPratique de l’ABC.

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