Travailler dans les nuages

  • 19 novembre 2014
  • Patrick Bellerose

Le concept du cloud computing, francisĂ© par le terme « informatique en nuages », est simple. Les donnĂ©es traditionnellement conservĂ©es sur le poste d’un ordinateur sont stockĂ©es sur les serveurs d’un fournisseur de services. On peut ainsi accĂ©der aux documents en tout temps, que ce soit sur un portable ou un tĂ©lĂ©phone intelligent, et rĂ©duire les coĂ»ts associĂ©s Ă  l’achat et au maintien de serveurs dans l’entreprise. Le cloud computing permet aussi de partager plus facilement des informations entre utilisateurs d’une entreprise ou avec des clients.

Une Ă©tude menĂ©e par la firme française MARKESS International affirme qu’en 2009 moins de 10 % des enterprises recouraient au cloud computing. Cette proportion devrait exploser au cours des prochaines annĂ©es pour passer Ă  une entreprise sur trois, voire une sur deux. Dominic Descary, confĂ©rencier et cofondateur de DCE Solutions, spĂ©cialisĂ©e en formation sur les technologies mobiles, estime toutefois que le nombre d’entreprises ayant recours au cloud computing au QuĂ©bec est plus modeste. « Moins de 7 % », dit-il.

Dominic Jaar, associĂ© dĂ©lĂ©guĂ© chez KPMG Canada et spĂ©cialiste en gestion de l’information, est catĂ©gorique : « Je ne pourrais pas revenir aux mĂ©thodes ancestrales de travail ». KPMG utilise SharePoint, de Microsoft. Similaire Ă  Office, le système permet notamment de crĂ©er des sites Web sĂ©curisĂ©s par projet. Ainsi, les employĂ©s de divers dĂ©partements, ou de bureaux Ă  l’Ă©tranger, de mĂŞme que les clients, peuvent consulter un document sans Ă©changer de courriels. « Si je fais une mise Ă  jour, je peux envoyer une alerte Ă  tous ceux qui travaillent sur le projet, dit Me Jaar. De plus, les diverses versions sont conservĂ©es en ligne, ce qui crĂ©e une mĂ©moire d’entreprise ».

Pour Jason Beahm, auteur amĂ©ricain pour le site FindLaw.com sur les questions de technologie, le cloud computing permet aux petites entreprises de s’organiser Ă  bas prix. « Dans ma firme [oĂą il est le seul avocat], j’utilise Evernote, illustre-t-il. Ça me permet de prendre des notes, d’organiser mes documents, d’enregistrer des fichiers audio et de tout retrouver facilement grâce Ă  des mots-clĂ©s. Avant, j’aurais dĂ» imprimer tout cela et l’organiser dans des dossiers. »

Mais le cloud computing n’est pas sans risques. Le fondateur de la Free Software Foundation, Richard Stallman, a dĂ©jĂ  affirmĂ© que les utilisateurs se retrouveront Ă©ventuellement « coincĂ©s » et devront payer de plus en plus cher pour ces services. Un sondage rĂ©alisĂ© lors de la conference de pirates informatiques DEF CON a Ă©galement dĂ©montrĂ© que 96 % de ceux-ci estiment que ce service ouvre la porte Ă  plus d’occasions favorables au piratage.

Pour ceux qui craignent de confier leurs donnĂ©es Ă  une entreprise externe, il existe des solutions qui stockent les donnĂ©es sur l’ordinateur personnel tout en y donnant accès Ă  distance. Tonido est un de ces systèmes disponibles gratuitement en ligne. « Ça soustrait l’Ă©lĂ©ment cloud qui peut en effrayer certains », souligne David Whelan, responsable des systems de gestions de contenu pour la Law Society of Ontario. Encore faut-il utiliser un accès sĂ©curisĂ© lorsqu’on se connecte Ă  distance.

« Nous sommes dans une pĂ©riode de transition, conclut Jason Beahm. Il est normal que ces outils rendent encore plusieurs personnes nerveuses ». Mais le cloud computing et les outils de partage semblent lĂ  pour rester. Il suffit d’apprendre Ă  les connaĂ®tre.

Patrick Bellerose est journaliste à Montréal.

– Cet article a d'abord paru dans le numĂ©ro de mars 2011 du Magazine National.