La gestion des documents pour petits cabinets

  • 13 aoĂ»t 2013
  • Elisabeth Davies and Kerry Mogg

En gĂ©nĂ©ral, plus un cabinet est petit et plus il est limitĂ© dans l’espace et le temps. Il produit et reçoit pourtant des dossiers et des documents de tous les types de format. Que doit-il faire de tout cela?
La gestion des documents est un outil essentiel de tout cabinet pour ĂŞtre efficace, avoir accès Ă  l’information et, plus important, limiter sa responsabilitĂ©. Vous serez peut-ĂŞtre tentĂ© de conserver tous vos documents et tous vos fichiers pour toujours; sachez toutefois que conserver de vieux renseignements plus longtemps qu’il ne faut peut se retourner contre vous.

La première Ă©tape lorsqu’on planifie la gestion des documents de son cabinet consiste Ă  Ă©tablir la diffĂ©rence entre : les documents d’archives, qui doivent ĂŞtre conservĂ©s pendant une longue pĂ©riode, comme les documents se rapportant Ă  un testament; les documents temporaires, qui peuvent ĂŞtre conservĂ©s pendant une courte pĂ©riode, comme des reçus ou des relevĂ©s de facturation; et les articles qui ne sont pas des documents comme tels, comme des messages publicitaires, des ouvrages de rĂ©fĂ©rence publiĂ©s ou des invitations. Il peut ĂŞtre utile de se rappeler que ce qui dĂ©finit un document est sa capacitĂ© Ă  documenter une opĂ©ration, Ă  assurer la reddition des comptes ou Ă  rappeler le contexte d’une action, et que ce critère est, dans l’ensemble, « fixe » et invariable dans sa forme. Un document est ce dont on dĂ©pend pour prouver la responsabilitĂ© des actions ou des Ă©vènements qui ont eu lieu, peu importe le mĂ©dia.

La deuxième Ă©tape de la planification de la gestion des documents, recommandĂ©e par le manuel du Barreau du Haut-Canada sur la conservation de fichier, consiste Ă  dĂ©terminer quels documents appartiennent Ă  son cabinet et lesquels appartiennent aux clients. Les documents financiers, par exemple, appartiennent Ă  votre cabinet et vous pouvez dĂ©terminer la durĂ©e de leur conservation en accord avec les lois fiscales et la loi rĂ©gissant l’exercice du droit dans votre province.

Troisièmement, il faut faire une distinction entre les documents actifs et semi-actifs. La dĂ©finition de ce qui constitue un document « actif » varie selon les besoins de l’entreprise. Si un document n’a pas Ă©tĂ© utilisĂ© depuis un an, il est probablement semi-actif. Votre cabinet possède-t-il un grand nombre de documents qui ne sont pas utilisĂ©s frĂ©quemment? Peut-ĂŞtre auriez-vous avantage Ă  disposer d’un espace de stockage exclusivement rĂ©servĂ© Ă  la conservation des documents semi-actifs, Ă  la fois pour une question d’espace et pour le dĂ©roulement du travail.

Le juste équilibre entre la durée de conservation et le risque

Une autre Ă©tape consiste Ă  dĂ©cider de la pĂ©riode de conservation des documents (records retention). La pĂ©riode de conservation de certains types de documents est dĂ©jĂ  prĂ©vue par la loi (les dossiers d’impĂ´t, par exemple), mais pour la plus grande part de vos documents, vous devrez dĂ©cider, au cas par cas, de leur pĂ©riode de conservation, en fonction de la valeur du document et des facteurs de risque.

Pour fixer le niveau de risque en fonction de la valeur, dĂ©terminez l’utilitĂ© de chaque document aux fins de vos activitĂ©s. Supposons que vous achetez un nouveau classeur pour votre bureau. Ă€ l’intĂ©rieur d’une Ă©chĂ©ance donnĂ©e, vous pouvez utiliser le reçu pour Ă©changer votre classeur ou obtenir un remboursement; la valeur du document est donc fonction de cette Ă©chĂ©ance. Si vous pouvez utiliser cet achat Ă  des fins fiscales, la valeur du reçu s’Ă©largit en fonction de son utilisation comme pièce justificatrice auprès de l’Agence du revenu du Canada. PassĂ© ces dĂ©lais, le reçu aura toutefois Ă©puisĂ© sa valeur aux fins de vos activitĂ©s et devrait ĂŞtre dĂ©truit.

Le risque, ou plutĂ´t le risque calculĂ©, fait partie de la gestion des documents. Conserver des documents trop longtemps peut donner lieu Ă  une obligation de rĂ©parer Ă  la suite d’une action judiciaire, d’une perte fortuite, de difficultĂ©s financières ou simplement de l’incapacitĂ© de trouver l’information dont vous avez besoin. Conserver des documents pendant trop peu de temps peut Ă©galement donner lieu Ă  une obligation de rĂ©parer (comme dans le cas d’une incapacitĂ© Ă  produire des documents financiers pour un audit).

Avant de fixer la pĂ©riode de conservation de vos documents, il faut dĂ©cider du degrĂ© de risque acceptable. Le risque sera gĂ©rĂ© plus habilement si vous vous dotez d’un ensemble ferme de principes et de dĂ©cisions devant vous guider dans votre conservation de documents. Si vous disposez d’un plan standardisĂ© et que vous le suivez assidĂ»ment, vous attĂ©nuerez le risque.

Pourquoi faire un plan de gestion des documents?

Un plan de gestion des documents, adoptĂ© sous la forme d’une politique ou d’un ensemble de procĂ©dures, incorporera Ă  la fois la gestion du risque, la recherche juridique relative Ă  la pĂ©riode de conservation des documents, et une bonne comprĂ©hension des documents que vous produisez. Les procĂ©dures Ă©crites vous rappelleront, ainsi qu’Ă  tous les autres membres du personnel, l’approche de gestion des documents de votre cabinet, et prouvera que vous agissez en toute bonne foi, surtout Ă  l’Ă©gard de la destruction des documents.

Élaboration d’une politique ou d’une procĂ©dure

Tout cabinet devrait avoir une vue d’ensemble de l’information qu’il crĂ©e, distribue et dĂ©tient. Pour y parvenir, vous devez crĂ©er un rĂ©pertoire de tous les documents, papier et Ă©lectroniques, qui sont sous votre garde et votre contrĂ´le, puis assigner Ă  chacun une pĂ©riode de conservation. Vous obtiendrez ainsi un calendrier de conservation, un guide facile Ă  consulter dĂ©taillant tous les documents que vous possĂ©dez et la date Ă  laquelle ils devraient ĂŞtre dĂ©truits. Mieux vaut garder des notes prĂ©cises de vos recherches sur les pĂ©riodes de conservation pour complĂ©ter ce calendrier.

Conservation et stockage

Une fois la mise en place de votre plan de gestion des documents terminĂ©e, il est important d’exĂ©cuter un nettoyage rĂ©gulier des dossiers. Il faut rĂ©server une quantitĂ© dĂ©terminĂ©e de temps pour organiser les documents, que ce soit quelques minutes par semaine ou une journĂ©e entière par annĂ©e. Assurez-vous de revĂ©rifier votre calendrier de conservation Ă  ce moment-lĂ . Y a-t-il des documents qui auraient dĂ» ĂŞtre dĂ©truits?

N’oubliez pas vos documents Ă©lectroniques! Ils auront la mĂŞme pĂ©riode de conservation que les fichiers papier. GĂ©rer les fichiers Ă©lectroniques commence avec la crĂ©ation de conventions pour les noms de fichiers. Un modèle invariable et officiel vous aidera Ă  stocker et retrouver des fichiers prĂ©cis.

Il existe deux options pour l’entreposage des fichiers. L’entreposage sur place nĂ©cessite des espaces physiques sĂ»rs, propres et sans parasites dans vos locaux. Tout fichier se rapportant Ă  un client devrait ĂŞtre conservĂ© d’une manière confidentielle, idĂ©alement dans un espace protĂ©gĂ©. La deuxième option est l’entreposage commercial extĂ©rieur : cette formule est sĂ»re et nette, et propose une destruction certifiĂ©e. Mais il y a des inconvĂ©nients : les coĂ»ts peuvent grimper rapidement, car la plupart des services d’entreposage factureront des frais pour l’extraction et la remise des dossiers, qui peuvent augmenter avec le temps.

Conclusion

La planification et la constance sont des Ă©lĂ©ments essentiels pour une gestion efficace de vos documents. Rappelez-vous Ă©galement que le maintien de votre plan de gestion des documents suppose l’acceptation d’un certain degrĂ© de risque calculĂ© en fonction des pratiques exemplaires de la profession.

Quelques ressources :

« Closed Files : Retention and Disposition » (Barreau de la Colombie-Britannique, 2007)
« A Glossary of Archival and Records Terminology »

Kerry Mogg a Ă©tĂ© archiviste et gestionnaire des documents administratifs. Elle travaille aujourd’hui dans le domaine de l’accès Ă  l’information et du droit Ă  la vie privĂ©e dans le domaine de la santĂ©. Elisabeth Davies, Ph.D., est bibliothĂ©caire et chercheuse en science de l’information Ă  l’University of Western Ontario.