Pour les avocats, la retraite passe par un plan de relève, qui passe par un plan successoral

  • 17 octobre 2012
  • Edward Poll

Le recensement de 2011 du Canada rĂ©vèle qu’il y a près de cinq millions de Canadiens âgĂ©s de 65 ans et plus – pour la première fois les gens du groupe d’âge prĂŞts Ă  quitter le milieu du travail  (entre 55 et 64) sont plus nombreux que les gens du groupe d’âge prĂŞts Ă  y intĂ©grer (entre 15 Ă  24 ans).1 La tendance se reflète dans la profession. Il y a plusieurs annĂ©es le Barreau du Haut-Canada rapportait que les avocats âgĂ©s de 50 ans et plus comptaient plus de 40 pour cent de la profession, et qu’environ 16 000 avocats pratiquant en Ontario – un quart des avocats canadiens – atteignaient, ou d’ici dix ans auront atteint, l’âge traditionnel de retraite, soit 65 ans.2 Le mĂŞme scĂ©nario se dĂ©roule aux États-Unis, d’oĂą le prĂ©sident de l'American Bar AssociationABA ») prononçait il y a quelques annĂ©es que 400 000 avocats de la gĂ©nĂ©ration du baby-boom ou plus âgĂ©s, prendront leurs retraites d’ici dix ans, un nombre Ă©gal Ă  l’effectif de l’ABA.

ĂŠtes-vous prĂŞts?

Les passionnĂ©s de l’exercice du droit continueront peut-ĂŞtre Ă  travailler jusqu’Ă  la tombe. Ceux qui prĂ©fèrent passer Ă  autre chose seront plus susceptibles de vendre leur pratique. Les règles dĂ©ontologiques au Canada quant Ă  la vente d’un cabinet sont beaucoup moins restreintes qu’aux É.-U. avec la règle de longue haleine « Rule of Professional Conduct 1.17 » relative Ă  la vente d’une pratique juridique qui Ă©dicte : « Les clients ne sont pas des marchandises Ă  vendre sur un coup de tĂŞte ».  Le chapitre 12 sur le dĂ©sistement dans le Code de dĂ©ontologie professionnelle du Canada, s’appuie sur l’exigence logique lorsque l’avocat se dĂ©siste, qu’elle qu’en soit la cause, Ă  donner un prĂ©avis raisonnable minimisant les frais aux clients, Ă©vitant les dommages et protĂ©geant la confidentialitĂ©.

La plupart des avocats appuieraient l’application de ce processus prĂ©paratoire prĂ©vu pour les clients. Mais qu’en est-il du processus prĂ©paratoire personnel de l’avocat pour sa retraite? Combien d’avocats exerçant seuls ou en petits cabinets (gĂ©nĂ©ralement non reconnus pour leur don de prĂ©visions financières) ont effectuĂ© les prĂ©paratifs convenables pour leurs vies après l’exercice du droit?  Certains Ă©tats amĂ©ricains envisagent d’exiger que les avocats mettent en place un plan successoral, prĂ©voyant la relève en cas de leur dĂ©cès ou de leur invaliditĂ©. Toutefois, les considĂ©rations quant Ă  la prĂ©paration de la retraite dĂ©passent celles de la relève - en voici trois jugĂ©es essentielles :

Avoir un plan financier

De toute Ă©vidence, dĂ©tenir des polices d’assurance-vie et d’assurance-invaliditĂ© constitue une Ă©tape prudente.  Puisque les primes coĂ»teuses de ce genre de police pourraient l’emporter sur le vĹ“u de maintenir le mode de vie de la famille si l’avocat se trouve incapable d’exercer, l’avocat se doit d’avoir des attentes raisonnables en matière du choix de police. Ă€ cela s’ajoute deux autres nĂ©cessitĂ©s, soit un testament et un plan successoral Ă©laborant ses dernières volontĂ©s relatives Ă  son patrimoine. Pour les avocats exerçant seuls, le plan peut Ă©tablir des fiducies pour sauvegarder leurs actifs, permettre de couvrir toutes les dĂ©penses nĂ©cessaires Ă  la fermeture d’un cabinet, et permettre l’Ă©valuation adĂ©quate du cabinet aux fins d’assurance ou de vente.

Avoir un plan de relève

Si vous avez l’intention de continuer Ă  exercer, il incombe que vous nommiez un curateur ou autre reprĂ©sentant pour gĂ©rer vos affaires advenant votre mort subite ou invaliditĂ© imprĂ©vue. Si vous ne vendez pas votre pratique, la meilleure solution prĂ©ventive serait d’engager et de former une relève Ă  titre d’associĂ© ou d’associĂ© principal. Le plan de relève idĂ©al serait Ă©talĂ© sur cinq ans, permettant le transfert de dossiers au nouvel avocat. Durant ce temps, une communication continue avec les clients clĂ©s au sujet de la transition devrait avoir lieu donnant l’occasion Ă  la relève de tisser des liens avec les contacts existants et nouveaux. Une bonne prĂ©paration peut faciliter la transition lorsque vient le temps de cĂ©der la direction Ă  la relève.

Avoir un régime de retraite

Il s’agit de la prĂ©paration la plus difficile, puisqu’elle s’attache Ă  la satisfaction personnelle, Ă  l’estime de soi et au bien-ĂŞtre. Lorsque vous Ă©laborerez votre rĂ©gime de retraite, demandez-vous quels seront vos plans après l’exercice du droit – cesser de travailler entièrement, faire du service communautaire, amorcer une nouvelle carrière ou toute autre voie. Amorcer sa retraite après l’exercice du droit est un processus Ă©motif; c’est pourquoi, une transition rĂ©ussie dĂ©pendra des caractĂ©ristiques qui vous dĂ©finissent Ă  titre de professionnel : la motivation, la tolĂ©rance au risque, la rĂ©sistance et le dĂ©vouement. Chaque individu aura une approche diffĂ©rente qui pourra Ă©voluer avec le temps, alors il ne faut pas croire que vous avez tournĂ© le dos Ă  votre vie antĂ©rieure.

Affronter la réalité

Les rĂ©alitĂ©s professionnelles et les besoins Ă  la retraite diffèrent pour chaque avocat. Le lien commun rĂ©side dans le fait que les rĂ©alitĂ©s et les besoins doivent ĂŞtre adressĂ©s. Faute d’adresser ces faits susciterait le rejet de la valeur de leurs pratiques, consĂ©quemment l’abandon de l’Ĺ“uvre de toutes leurs vies sans en avoir bĂ©nĂ©ficiĂ©. Les avocats ne doivent pas ignorer l’actif principal de leurs patrimoines : leurs pratiques. La planification efficace vous permet de jouir des bĂ©nĂ©fices que vous avez encourus après des annĂ©es de travail ardu et de ressources financières investis pour faire croĂ®tre votre pratique. Quel que soit votre âge, il est temps d’amorcer le processus prĂ©paratoire.

Ed Poll, J.D., M.B.A., directeur chez LawBiz ® Management, est entraĂ®neur de premier rang, conseiller en gestion de cabinets, et auteur. Depuis plus de 20 ans, il est leader Ă©clairĂ© en planification stratĂ©gique et en analyse de rentabilitĂ©. Il exerce le droit depuis 25 ans – Ă  titre de conseiller juridique d’entreprise, procureur au sein du gouvernement, avocat exerçant seul, associĂ© et directeur de l’exploitation dans un cabinet d’avocats -  et depuis plus de 20 ans, conseiller juridique pour des avocats exerçant seuls ou en petits cabinets. Son nouvel ouvrage intitulĂ© The Profitable Law Office Handbook: Attorney`s guide to Successful business Planning, 16th Anniversary Edition, mène le lecteur Ă  travers un processus comprĂ©hensif pour faire croĂ®tre une pratique de droit. Son ouvrage intitulĂ© : Life After Law : The Second Act for Successful Lawyers sera disponible en novembre 2012.