Les mises à jour du secteur de l'assurance-dépôts très attendues

  • 14 dĂ©cembre 2016
  • Ann Macaulay

La SociĂ©tĂ© d’assurance-dĂ©pĂ´ts du Canada (SADC) et le ministère des Finances du Canada ont tous deux publiĂ© des documents de consultation cet automne, demandant des commentaires aux intervenants sur les façons de faire face au secteur des services financiers en pleine Ă©volution.

Les deux documents ont Ă©tĂ© publiĂ©s Ă  quatre jours d’Ă©cart, mais, fait Ă©tonnant, « ni l’un ni l’autre ne renvoie Ă  l’autre », a dĂ©clarĂ© Dawn Jetten, associĂ©e de l’Ă©quipe spĂ©cialisĂ©e en règlementation des services financiers du cabinet Blake, Cassels & Graydon, Ă  Toronto. Me Jetten a affirmĂ© que les deux examens ont Ă©tĂ© suscitĂ©s par la nĂ©cessitĂ© de modernisation. « Ils essaient de rĂ©pondre Ă  l’importance croissante des opĂ©rations bancaires Ă©lectroniques. Les catĂ©gories de dĂ©pĂ´ts assurĂ©s ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es il y a longtemps. »

Effectivement, les mises Ă  jour semblent avoir Ă©tĂ© attendues depuis longtemps puisque le dernier examen exhaustif du Règlement administratif sur les renseignements relatifs Ă  l’assurance-dĂ©pĂ´t de la sociĂ©tĂ© d’État SADC date de 2006. Selon Brad Evenson, directeur, Communications et affaires publiques Ă  la SADC, la sociĂ©tĂ© « entreprend des examens exhaustifs de nos règlements administratifs de temps en temps pour s’assurer qu’ils demeurent Ă  jour et pertinents ».

Règlement administratif sur les renseignements relatifs Ă  l’assurance-dĂ©pĂ´t de la SADC

La SADC protège les dĂ©pĂ´ts admissibles dans ses 80 Ă©tablissements financiers membres Ă  concurrence de 100 000 $ par catĂ©gorie assurĂ©e sĂ©parĂ©ment en cas de faillite. Dans son document de consultation portant sur son règlement administratif, la SADC proposait des modifications visant Ă  le moderniser. Les changements proposĂ©s Ă©taient regroupĂ©s en fonction de deux thèmes : amĂ©liorations Ă  la clartĂ©, Ă  la simplicitĂ© et au caractère non trompeur des renseignements fournis aux dĂ©posants, et faire en sorte que tous les dĂ©posants obtiennent des renseignements utiles sur l’assurance-dĂ©pĂ´ts au bon moment, et que ces renseignements soient bien en Ă©vidence, quel que soit le mode de distribution choisi.

Selon les propositions du premier thème, les membres remettraient aux dĂ©posants un exemplaire de la brochure de la SADC au lieu de la mettre simplement Ă  leur disposition. Des commentaires ont Ă©galement Ă©tĂ© sollicitĂ©s concernant l’utilisation de la dĂ©nomination commerciale des membres et les dĂ©clarations sur l’assurabilitĂ© ou la non-assurabilitĂ© des produits de dĂ©pĂ´t.

Les propositions faites sous la bannière du second thème d’examen incluaient « faire en sorte que tous les dĂ©posants obtiennent des renseignements utiles sur l’assurance-dĂ©pĂ´ts au bon moment, et que ces renseignements soient bien en Ă©vidence, quel que soit le mode de distribution choisi », aux termes du document. La SADC sollicitait en outre des commentaires « sur les mesures que les institutions membres pourraient prendre pour s’assurer que les dĂ©posants soient bien informĂ©s au sujet de la protection de la SADC lorsqu’ils se procurent des produits assurables auprès de conseillers financiers ou de courtiers en dĂ©pĂ´ts ».

La SADC entreprend des efforts de sensibilisation du public au moyen d’une campagne publicitaire annuelle, a dĂ©clarĂ© M. Evenson, et exige de ses institutions membres « qu’elles fournissent aux dĂ©posants des renseignements exacts au moment adĂ©quat ». Ă€ cette fin, les consultations sur le Règlement administratif sur les renseignements relatifs Ă  l’assurance-dĂ©pĂ´t ont tenu compte d’un certain nombre d’enjeux contextuels, y compris les attentes des dĂ©posants, les modes de distribution (notamment une utilisation accrue de l’Internet et des opĂ©rations bancaires sur appareils mobiles) ainsi que les pratiques exemplaires internationales.

Après avoir demandĂ© aux intervenants et au public de soumettre des commentaires, « nous avons reçu d’importants commentaires de membres du secteur et d’autres intervenants, que nous examinons maintenant » a dĂ©clarĂ© M. Evenson, ajoutant que la SADC collaborera avec ses membres pour finaliser les propositions. « Les propositions de modifications du Règlement seront publiĂ©es dans la Gazette du Canada, offrant une occasion supplĂ©mentaire de faire des commentaires. »

Examen du cadre d’assurance dĂ©pĂ´ts du ministère des Finances du Canada

SimultanĂ©ment, le ministère des Finances du Canada a sollicitĂ© des commentaires sur de possibles amĂ©liorations du cadre d’assurance dĂ©pĂ´ts. Son document de consultation, intitulĂ© Examen du cadre d’assurance dĂ©pĂ´ts, aidera Ă  dĂ©terminer si la portĂ©e des produits visĂ©s doit ĂŞtre rajustĂ©e.

Le système financier du pays Ă©tait rĂ©silient durant la crise financière de 2008, rendant inutile toute modification du cadre, selon le document. Cependant, « [D]epuis la crise, la situation bancaire mondiale a beaucoup changĂ©, notamment par l’introduction de rĂ©formes de la rĂ©glementation financière dont le but Ă©tait de rĂ©duire la probabilitĂ© d’une future crise financière ».

L’Examen du cadre d’assurance dĂ©pĂ´ts sollicitait les commentaires sur de possibles amĂ©liorations du cadre, regroupĂ©es dans trois catĂ©gories.

Simplifier les catĂ©gories d’assurance-dĂ©pĂ´ts

Le document suggĂ©rait d’Ă©liminer les comptes d’impĂ´ts fonciers sur des biens hypothĂ©quĂ©s en raison du dĂ©clin de leur utilisation. Le ministère des Finances envisage en outre d’ajouter deux nouvelles catĂ©gories de dĂ©pĂ´ts pour les rĂ©gimes enregistrĂ©s d’Ă©pargne-Ă©tudes (REEE) et les rĂ©gimes enregistrĂ©s d’Ă©pargne-invaliditĂ© (REEI), qui ne reçoivent actuellement pas la mĂŞme couverture que les autres produits enregistrĂ©s. Une solution de rechange verrait un amalgame de tous les produits enregistrĂ©s dans une seule et unique catĂ©gorie de dĂ©pĂ´ts ayant une limite supĂ©rieure.

Mettre à jour la portée des dépôts assurables

Étant donnĂ© que les institutions membres de la SADC n’Ă©tablissent plus de chèques de voyage, le document suggère de les Ă©liminer en tant que produits assurables. Il envisage en outre d’Ă©liminer le critère actuel selon lequel seuls les dĂ©pĂ´ts dont l’Ă©chĂ©ance est infĂ©rieure Ă  cinq ans sont assurables, et demande si un terme maximum devrait ĂŞtre fixĂ©.

Les dĂ©pĂ´ts en devises Ă©trangères ne sont pas actuellement assurables. Cependant, puisqu’un grand nombre de Canadiens et de Canadiennes en dĂ©tiennent, le gouvernement envisage d’ajouter les devises Ă©trangères en tant que dĂ©pĂ´t assurable. Le document demande si uniquement certaines devises Ă©trangères devraient ĂŞtre assurĂ©es, et le cas Ă©chĂ©ant, lesquelles. Cependant, Me Jetten pense qu’il est extrĂŞmement peu probable que les dĂ©pĂ´ts en devises Ă©trangères seront assurables puisque « le fardeau supplĂ©mentaire et le fardeau du taux de change des devises pesant sur le gouvernement seraient dĂ©raisonnables ».

Le document de consultation envisage en outre la crĂ©ation d’une couverture des soldes Ă©levĂ©s temporaires. Il pourrait s’agir de forfaits Ă©levĂ©s tels que ceux reçus lors d’un hĂ©ritage, du paiement de remboursements d’assurance, d’une entente de divorce ou des produits de la vente d’une propriĂ©tĂ© privĂ©e.

Traiter la complexité des dépôts en fiducie

Les fiducies revĂŞtent un certain nombre de formes, notamment les comptes en fiducie des avocats, les fiducies caritatives et les REEE. Le gouvernement cherche des moyens de faire face Ă  la complexitĂ© des fiducies, en particulier, la manière de traiter les dĂ©pĂ´ts de courtiers et d’amĂ©liorer la divulgation des renseignements sur le bĂ©nĂ©ficiaire. Le document demande si les bĂ©nĂ©ficiaires connaissent les consĂ©quences de l’absence de prĂ©sentation des renseignements sur les bĂ©nĂ©ficiaires par leur courtier et si les exigences de dĂ©claration et de tenue de registres imposĂ©es aux professionnels sont claires.

Nouvelles méthodes

Me Jetten a fait remarquer l’absence de clarification d’un point important dans le document de consultation du ministère des Finances, soit le fait que le dĂ©pĂ´t doit ĂŞtre reçu ou dĂ©tenu par une institution membre de la SADC « dans le cadre habituel des activitĂ©s d’acceptation de dĂ©pĂ´t de l’institution » afin qu’il puisse ĂŞtre assurable, ce qui est difficile Ă  interprĂ©ter en vertu du cadre actuel.

Les gens devront ĂŞtre prudents Ă  l’Ă©gard des nouvelles mĂ©thodes d’acceptation des dĂ©pĂ´ts, a dĂ©clarĂ© Me Jetten. « Entrer dans une banque et confier vos espèces au prĂ©posĂ© n’est pas la façon dont elles fonctionnent habituellement et le transfert Ă©lectronique Ă  partir d’une autre banque dans votre compte n’est pas la façon dont les dĂ©pĂ´ts sont gĂ©nĂ©ralement effectuĂ©s. Cependant, alors que les banques s’orientent vers des produits et partenariats plus novateurs avec diverses technologies financières, la question Ă  se poser sera de savoir s’il s’agit de quelque chose qui correspond Ă  la façon dont elles acceptent habituellement les dĂ©pĂ´ts. »

Nombreuses sont les sociĂ©tĂ©s clientes d’avocats qui effectuent des dĂ©pĂ´ts en vue de l’achat de biens immobiliers ou d’achats commerciaux; dĂ©pĂ´ts qui seront investis dans une sorte d’instrument de placement. Elles souhaiteront savoir s’ils sont assurĂ©s ou non. « Alors que les nouvelles mĂ©thodes d’acceptation des dĂ©pĂ´ts Ă©voluent, les gens devraient toujours demander Ă  leur banque si l’instrument visĂ© est assurĂ©. Il ne faudrait jamais assumer que c’est le cas. »

Ann Macaulay est rédactrice à Toronto.

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