La transformation du milieu de travail

  • 01 dĂ©cembre 2013
  • Katya Hodge

Cet article a d’abord paru dans le numĂ©ro du novembre/dĂ©cembre 2013 de National. Reproduit avec autorisation.

Nous sommes en 2013. Est-il temps de commencer Ă  travailler sans se soucier du lieu ou de l’heure?

L’idĂ©e qu’un employĂ© travaille oĂą et quand il peut le faire le plus efficacement gagne du terrain — et de solides arguments. Des Ă©tudes dĂ©montrent que la latitude de travailler en dehors du bureau accroĂ®t la productivitĂ©, rĂ©duit l’absentĂ©isme et amĂ©liore l’Ă©quilibre travail-vie personnelle. Dans la rĂ©cente Ă©tude de LinkedIn « What Women Want @ Work », 65 % des rĂ©pondants disaient souhaiter des conditions de travail plus souples. Parmi les 100 meilleurs employeurs du palmarès de Forbes, 82 % offrent l’option d’un travail flexible.

Dans la profession juridique, où priment les heures facturables et le contact personnel, peut-on adopter un mode de gestion visant à faire travailler les avocats aux endroits et aux moments où ils seront le plus efficaces, privilégiant le rendement plutôt que la présence?

« Les cabinets d’avocats doivent se demander ce qui arrivera s’ils ne suivent pas cette tendance », affirme Robyn Bews, directrice exĂ©cutive de WORKshift, entreprise qui se consacre Ă  la transformation du milieu de travail et Ă  la promotion de programmes de travail souples. Les gens ne travaillent plus de la mĂŞme manière — surtout les jeunes, dit-elle. Toute entreprise qui rĂ©siste au changement « risque de devenir une organisation pour laquelle les travailleurs les plus brillants ne veulent plus travailler ».

Alors Ă  moins de vouloir tourner le dos aux « enfants du millĂ©naire » (qui feront 50 % de la population active d’ici 2018), votre cabinet doit offrir des programmes de travail flexibles. C’est ainsi qu’il attirera et conservera des collaborateurs de talent Ă  l’avenir.

Il y a d’autres avantages en jeu. Dans une Ă©tude que BMO a rĂ©alisĂ©e en 2013 auprès de 500 entreprises canadiennes, 65 % des rĂ©pondants qui offrent une option de tĂ©lĂ©travail affirmaient qu’elle a un effet positif sur la productivitĂ© des employĂ©s; 58 % jugeaient qu’elle a amĂ©liorĂ© la qualitĂ© du travail; et 54 % rapportaient une rĂ©duction des frais de bureau et frais gĂ©nĂ©raux.

David Goldenberg, un des fondateurs de VLP (Virtual Law Partners), a constatĂ© que le travail virtuel est efficace pour le genre de services que rend VLP. « Nous avons conçu un cabinet oĂą nous pouvons exploiter la technologie pour nous affranchir des locaux de travail et affranchir nos clients des frais de coĂ»teux bureaux. »

Les avocats sont libres — du moins parfois — de choisir oĂą ils peuvent accomplir leur travail avec le plus d’inspiration, mĂŞme si c’est en pyjama dans la cuisine. « Qui dit que les meil­leures idĂ©es sur­viennent dans un bureau pendant les heures ouvrables?, demande Robyn Bews. Pour moi, les organisations qui parviennent Ă  implanter une culture telle que WORKshift assurent leur avenir. »

Les meilleures applis pour les avocats travaillant Ă  distance

Microsoft Office 365: Excellent pour travailler en collaboration sur des documents Word, en tout lieu.

Insightly: Puissant système — gratuit — de gestion des contacts.

Clio: Assure l’accès facile Ă  tout ce qui est nĂ©cessaire Ă  votre travail (affaires, documents, contacts, facturation, agendas et tâches).

Yammer: RĂ©seau social privĂ© permettant d’Ă©changer de l’information entre Ă©quipes, peu importe oĂą vous ĂŞtes. De nom­breuses entreprises du Fortune 500 l’utilisent.

Box: Permet de conserver et communiquer de l’information en ligne, en toute sĂ©curitĂ©. En 2013, Box a annoncĂ© le nouvel outil d’intĂ©gration IntApp, permettant aux cabinets de surveiller la sĂ©curitĂ© de tout document conservĂ© dans Box.

Dictamus: Appli permettant de dicter un texte et l’envoyer directement, chiffrĂ©, Ă  partir de votre tĂ©lĂ©phone ou tablette. On parle parfois plus vite qu’on n’Ă©crit.

Skype: Un contact personnel virtuel.

Find My Phone / Find My iPhone: Appli permettant de retrouver votre téléphone perdu ou volé.

Le modèle hybride

Le virage virtuel un pas Ă  la fois

Certains domaines de droit se prĂŞtent mieux que d’autres Ă  une plateforme virtuelle. Un modèle hybride a tendance Ă  fonctionner lors­qu’un cabinet ajoute des composantes virtuelles Ă  son mo­dèle traditionnel.

Si l’idĂ©e d’entrer dans le monde virtuel vous intĂ©resse, voiici des Ă©lĂ©ments essentiels Ă  considĂ©rer :

Évaluer le modèle en place

Il convient d’examiner les services existants, et tenter de dĂ©grouper les compo­santes pour identifier ceux qui pour­raient ĂŞtre offerts virtuellement. Stephanie Kimbro chez Burton Law propose ensuite « de regrouper les services en les jumelant aux services en ligne d’une manière qui semble raisonnable. »

Sécurité et confidentialité

Il importe d’ĂŞtre diligent dans le choix du fournisseur qui implantera la technologie, dit Kevin West chez Skylaw Ă  To­ronto. « Renseignez-vous sur la sĂ©curitĂ© et assurez-vous de remplir les exigences quant aux règles de conduite professionnelle et au maintien de la confidentialitĂ© des clients. »

Politiques et procédure

Avant de fournir des services en ligne, il importe de rĂ©diger un manuel de politiques et de procĂ©dures dĂ©finissant l’u­sage de la technologie de sorte que l’in­formation soit acceptĂ©e Ă  l’Ă©chelle du ca­binet. Faute d’appui et de formation, la mise en Ĺ“uvre serait difficile, » explique Me Kimbro.

Les conseils des experts

Kevin West, foundateur de SkyLaw

« Aujourd’hui, tout avocat travaille du moins un peu dans un cabinet virtuel, ne serait-ce qu’en utilisant un tĂ©lĂ©phone intelligent. Il s’agit de dĂ©terminer oĂą se trouvent vos clients, combien d’espace il vous faut au bureau et Ă  quel point vous voulez que votre personnel et vos collègues collaborent entre eux. Nous avons trois employĂ©s Ă  temps plein et des bureaux, pourtant nous utilisons si bien la technologie que nous sommes agiles et efficaces. Je suis actuellement en Chine, en train de boucler une affaire Ă  Toronto. Sauf le dĂ©calage horaire, il n’y a aucune diffĂ©rence pour le client si je travaille sur mon MacBook Air en Chine ou sur mon iMac Ă  mon bureau, parce que tout est dans le nuage. »

Robyn Bews, directrice exécutive, WORKshift

« Vous devez comprendre quelles sont les valeurs de votre organisation, comment vous allez continuer de communiquer vos succès et vos livrables, et comment vous et votre gestionnaire allez vous coordonner. Trouvez une façon de faire savoir Ă  vos collègues que votre absence du bureau ne signifie pas que vous n’ĂŞtes pas au travail. Chez nous, nous avons des tableaux blancs oĂą chacun indique quand il travaille Ă  distance; les collègues savent ainsi quand ils peuvent lui envoyer un courriel ou tĂ©lĂ©phoner. Il est très important de dĂ©terminer comment vous continuez d’ĂŞtre accessible Ă  vos collègues. »

David Goldenberg, associé, VLP Law Group (Virtual Law Partners)

« Assurez-vous de bien comprendre ce qu’est la vie virtuelle. Une des choses que nous vĂ©rifions quand nous engageons une personne chez VLP est la mesure dans laquelle elle est apte Ă  un travail virtuel d’avocat. Nous voulons par exemple savoir : Est-elle automotivĂ©e? Peut-elle travailler de façon autonome? Est-elle Ă  l’aise de ne pas travailler dans un bureau? L’avocat qui envisage cette voie doit se livrer Ă  une vĂ©ritable introspection. »

Stephanie Kimbro, cabinet juridique virtuel Burton Law

« La gestion du temps et la capacitĂ© de travailler de façon indĂ©pendante sont vitales. La tech­o- logie est merveilleuse parce qu’elle vous donne la libertĂ© de travailler oĂą et quand vous le voulez – et vous offre diffĂ©rents moyens de communiquer avec vos clients et vos collègues. Mais si vous ne parvenez pas Ă  gĂ©rer votre temps et maĂ®triser la technologie, ce sera improductif. Toute personne qui envisage l’exercice du droit virtuel doit se demander comment elle utilise la technologie et dĂ©terminer si ce sera rentable et efficace pour elle. »

Les ressources précieuses

Sites web

Liste de contrĂ´le de l’infonuagique de la Law Society of British Columbia: Cette liste de contrĂ´le indique d’importantes questions qu’un cabinet ou un avocat doit se poser avant d’envoyer des donnĂ©es dans le nuage.

Livres

Online Legal Services for the Client-centric Law Firm par Stephanie Kimbro. Un guide pratique sur le monde des services juridiques en ligne.
  
Workshift: Future-Proof Your Organization for the 21st Century par Jason Morwick, Robyn Bews, Emily Klein et Tim Lorman.

Ce livre présente un plan détaillé pour les organisations adoptant le principe du milieu de travail virtuel et des horaires de travail flexibles.

Katya Hodge est rédactrice auprès National Magazine.