Project Management

Le secret de la gestion de projet? Commencer par la fin

  • 28 septembre 2016
  • Kim Covert

Psst! HĂ©, les avocats, vous voulez connaĂ®tre le secret de la gestion de projet? Le voici : commencez par la fin.

Ce n’est pas une platitude pseudo-philosophique semblable Ă  celles qu’on voit sur Facebook accompagnĂ©es d’une image de clairière bucolique, c’est la vĂ©ritĂ©. Bien que cette approche ne soit ni une panacĂ©e, ni une solution magique, sachez que si vous ne dĂ©finissez pas vos attentes pour la fin du projet, vous ne saurez pas comment le commencer.

C’est ce qu’affirme Melissa LaFlair, avocate, consultante et professionnelle en gestion de projet agrĂ©Ă©e.

« Commencez par dĂ©finir votre but, votre objectif, puis trouvez des façons de l’atteindre en tenant compte des objectifs et de la tolĂ©rance au risque des parties prenantes ainsi que du contexte. Car parfois, la meilleure approche du point de vue juridique n’est pas la mieux adaptĂ©e aux besoins du client », ajoute Mme LaFlair, une des deux prĂ©sentatrices du webinaire de la sĂ©rie « Solutions » sur la gestion de projets, qui se tiendra le 4 octobre.

Évidemment, les avocats ont des façons de traiter les dossiers qui existaient avant que « gestion de projet » soit un terme Ă  la mode. Or, Mme LaFlair avance que les mĂ©thodes Ă©prouvĂ©es ont beau produire les meilleurs rĂ©sultats sur le plan de l’analyse juridique, elles ne sont pas toujours idĂ©ales pour les clients.

« Il est vrai que les avocats appliquent instinctivement certains principes de gestion de projet pour atteindre leurs objectifs, admet-elle. Le but de la gestion de projet est d’en faire un exercice conscient axĂ© sur l’analyse des coĂ»ts et des avantages. » Elle raconte que lorsqu’elle Ă©tait conseillère juridique d’entreprise, il lui arrivait de solliciter Ă  grands frais l’opinion d’avocats externes sur des questions de propriĂ©tĂ© intellectuelle et de recevoir un volumineux rapport « faisant Ă©tat d’une trentaine de problèmes liĂ©s Ă  l’actif que nous envisagions d’acheter », alors qu’elle avait simplement besoin d’une vĂ©rification prĂ©alable pour trois brevets. « La mĂ©thode des avocats permet effectivement de dĂ©tecter tous les problèmes potentiels; le dĂ©fi, c’est d’utiliser cette mĂ©thode pour donner au client ce dont il a vraiment besoin. »

La gestion de projet offre un cadre permettant de cerner les objectifs, explique Mme LaFlair. Un dossier est un projet, au mĂŞme titre que l’achat d’un logiciel pour l’ensemble du cabinet ou le dĂ©mĂ©nagement dans de nouveaux locaux.

« Essentiellement, vous devez dĂ©finir vos objectifs, planifier des mesures et les mettre en Ĺ“uvre le plus efficacement possible tout en tenant compte des inĂ©vitables impondĂ©rables. »

Les outils de gestion de projet sont utiles Ă  tous les Ă©chelons d’une organisation, ajoute-t-elle. Par exemple, les associĂ©s directeurs peuvent utiliser leurs connaissances en gestion de projet pour le bien de leur cabinet.

« Certains cabinets prĂ©sentent des possibilitĂ©s de synergie. Partout, on rĂ©invente la roue, et on ne compte plus les centres de profit individuels; or, comme le dĂ©montre le sociofinancement, le travail d’Ă©quipe est souvent beaucoup plus efficace. Si vous arrivez Ă  rassembler vos ressources et Ă  les exploiter d’une manière optimale, vous servez Ă  la fois votre cabinet et votre client. »

De nombreux avocats croient que la gestion de projet consiste Ă  faire une liste et Ă  en cocher des points en se dĂ©plaçant du point A au point B.

« Ils ne comprennent pas qu’une gestion de projet efficace nĂ©cessite un bon dĂ©part et une excellente comprĂ©hension des objectifs et des motifs », affirme-t-elle.

Les listes sont effectivement un outil de gestion de projet, tout comme les budgets, les rapports et les systèmes de suivi des progrès.

« La meilleure chose Ă  faire est de commencer par dĂ©finir ce que vous allez livrer, de vĂ©rifier auprès du client si cela correspond Ă  ses besoins – pas seulement ses besoins juridiques, car des besoins d’entreprise ou personnels se greffent souvent aux questions de droit – puis de faire le nĂ©cessaire pour rĂ©pondre Ă  ces besoins, sans oublier d’assurer un suivi pour Ă©viter de dĂ©vier des promesses initiales. »

La prĂ©paration d’un budget et le fait de placer les besoins du client au centre du projet peuvent sembler incompatibles avec le modèle des heures facturables propre aux cabinets d’avocat.

« VoilĂ  le principal dĂ©fi que les associĂ©s directeurs et les administrateurs des cabinets devront surmonter. Nombre d’entre eux se rendent compte qu’on ne peut pas continuer comme avant, mais ne savent pas par oĂą commencer la rĂ©forme. Les outils et les techniques de gestion de projet peuvent constituer des pistes de solution », propose Mme LaFlair.

« Ă‡a ne se fera pas en un tournemain. Il s’agit d’un travail concertĂ© et de longue haleine de rĂ©vision des structures de facturation et de rĂ©munĂ©ration des avocats et des associĂ©s qui compte de nombreuses Ă©tapes complexes. Ce n’est pas facile de demander Ă  des avocats de travailler en Ă©quipe, alors que bon nombre d’entre eux ont choisi ce mĂ©tier parce qu’ils tiennent Ă  leur individualitĂ©. »

Kim Covert est rĂ©dactrice des publications de l’ABC.