Choisir ses associés: nous avons demandé à des dirigeants ce qu’ils recherchent

  • 27 avril 2015
  • Carolynne Burkholder-James

Des compétences juridiques couplées à de l’entregent et de l’ambition, ainsi que la volonté de travailler de longues heures pour se faire remarquer. Ce ne sont que quelques-unes des qualités que recherchent les dirigeants et dirigeantes de cabinets juridiques au moment de choisir qui rejoindra les rangs des associés.

D’excellentes habiletés en droit sont, bien sûr, des conditions essentielles pour devenir un associé ou une associée, mais une connaissance exceptionnelle des règles de droit ne représente que les assises d’une brillante carrière juridique. Ce qu’il faut en surcroît pour édifier une carrière solide provient de sources parfois inattendues.

Par exemple, James Speakman, associé-directeur du cabinet Clark Wilson LLP de Vancouver, affirme qu'un des attributs qu’il recherche chez les associés éventuels est ce qu’il dénomme « une attitude de propriétaire ».

« Le cabinet est une entreprise. Nous recherchons des gens qui se comportent en propriétaires et qui sont conscients du fait que nous exploitons une entreprise et devons régler des questions y afférentes », précise-t-il. « Les avocats et avocates qui veulent devenir associés s’intéressent aux affaires du cabinet et à celles des clients du cabinet. »

Kevin Latimer, associé-directeur chez Cox & Palmer à Halifax, explique que pour retenir son attention, les futurs associés doivent se spécialiser dans un domaine du droit précis. En outre, son cabinet recherche des personnes performantes qui ont fait leur preuve et qui peuvent contribuer à l’exploitation du cabinet.

« Nous nous attendons à ce que nos avocats et avocates respectent leur budget et aillent même au-delà des attentes », ajoute Speakman. « Si ces derniers peuvent aussi nous apporter de nouveaux clients, c’est encore mieux. »

Jeremy D. Martin, associé-directeur du cabinet Carfra Lawton LLP, est d’avis qu’au sein de son cabinet, c'est la confiance qui est la clé.

« Il faut faire confiance à nos futurs associés à plusieurs égards parce qu’ils seront nos partenaires d’affaires », indique-t-il. « Pouvons-nous leur faire confiance vis-à-vis des renseignements financiers et de l’information confidentielle? Pouvons-nous être sûrs qu’ils continueront dans la lancée du bon travail qu’ils accomplissent déjà pour le cabinet, une fois qu’ils seront nommés associés? Pouvons-nous avoir confiance en ces derniers pour nous aider à renforcer notre entreprise, à continuer à établir notre clientèle et à s'assurer que cette dernière demeure satisfaite? De plus, pouvons-nous être certains qu’ils resteront avec nous à long terme? »

Me Martin, qui se spécialise en droit de l’assurance et des lésions corporelles, nous confie que les associés de son petit cabinet spécialisé de 18 avocats à Victoria commencent très tôt à évaluer les aptitudes d’associés potentiels, pour voir la progression de leur travail et jauger la mesure dans laquelle ces derniers s’intègrent au sein du cabinet.

« Il y a, certes, des personnalités très différentes parmi le groupe d’associés et je crois que c’est une bonne chose », précise-t-il. « Toutefois, si le candidat ou la candidate ne s’entend pas bien avec les autres associés, cela pourrait engendrer des difficultés. »

Martin J. Thompson, associé du cabinet McMillan LLP  à Ottawa, qui se spécialise en droit du travail et de l’emploi, explique que même si son cabinet ne recherche pas de qualités précises chez les nouveaux associés, le fait de travailler fort et d’avoir des compétences spécialisées n’est qu’un point de départ.

Normalement, ce cabinet recherche des gens qui ont une certaine expertise en droit, ainsi qu’un bon sens des affaires et de l’entregent. « Nous nous attendons à ce qu’ils témoignent d'un esprit d’équipe – au sein du cabinet, mais aussi dans la collectivité », précise Me Thompson. En outre, « ils doivent faire preuve d’idées novatrices et modernes ».

Me Martin du cabinet Carfra Lawton ajoute que les associés chevronnés de ce cabinet évaluent également la capacité pour un candidat ou une candidate de prendre l’initiative.

« Ont-ils des idées pour faire croître la pratique et faire les choses différemment – que ce soit sur le plan du marketing, de la technologie de l’information ou des ressources humaines? Nous sommes toujours prêts à accueillir des personnes présentant des habiletés nouvelles dont nous pouvons tous bénéficier au sein de notre groupe d'associés. »

David Elenbaas est le chef de la direction des services professionnels et le coprésident du comité des services professionnels du cabinet McMillan LLP, qui est responsable de l’embauche des associés.

Selon lui, pour devenir associé au sein d’un grand cabinet se spécialisant en droit des affaires, il faut faire preuve d’une bonne « combinaison d’attributs professionnels et personnels », notamment l'excellence sur le plan professionnel, une solide aptitude pour les services à la clientèle, le respect, l’esprit de collaboration et le dévouement.

Me Elenbaas, qui pratique le droit du travail et de l’emploi à Toronto, est d’avis qu’un avocat ou une avocate qui connaît bien un domaine du droit émergent se démarquera des autres, ainsi que ceux qui sont à l’affût des technologies dernier cri.

Néanmoins, Me Elenbaas souligne que ces qualités et habiletés ne sont pas toujours suffisantes pour devenir un associé ou une associée.

« J’ai été nommé associé en 1989 à « l’ère où il fallait tout simplement être un bon avocat, une personne sympathique et qu’il y ait assez de travail »; c’est ainsi que plusieurs d’entre nous sont devenus associés. Toutefois, l’exploitation des grands cabinets a beaucoup changé depuis ce temps. Bien évidemment, il nous a fallu en faire davantage pour assurer notre réussite en tant qu’associés dans le contexte d’un marché en pleine évolution », affirme-t-il.

De nos jours, les associés doivent être capables de générer du travail pour eux-mêmes et pour les autres avocats du cabinet, explique Me Elenbaas.

« L’époque où l’on pouvait s’asseoir et attendre que les dossiers soient posés devant nous est révolue », déclare ce dernier. « Pour être efficaces, les associés doivent pouvoir attirer de nouveaux clients, fidéliser la clientèle et resserrer les liens avec celle-ci. »

Carolynne Burkholder-James est stagiaire en droit auprès du cabinet Heather Sadler Jenkins à Prince George (C.-B.). Avant de se lancer en droit, elle a été journaliste pendant cinq ans.