Pratiques tenant compte des traumatismes dans la prise en charge des victimes de violence sexospécifique

  • 27 fĂ©vrier 2024

La Section du droit de l’immigration de l’Association du Barreau canadien, dans une lettre (disponible uniquement en anglais; les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions) Ă  l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), offre des conseils sur l’Ă©laboration de pratiques tenant compte des traumatismes dans la prise en charge de victimes de violence sexospĂ©cifique.

Immigration, RĂ©fugiĂ©s et CitoyennetĂ© Canada (IRCC), a adoptĂ© des politiques tenant compte des traumatismes et de la violence en 2018, la Commission de l’immigration et du statut de rĂ©fugiĂ© du Canada (CISR), a lancĂ© sa propre Directive 4 du prĂ©sident : considĂ©rations liĂ©es au genre, en 2022, et a lancĂ© des initiatives visant Ă  former les membres de toutes les divisions.

Les recommandations de la section de l’ABC aideraient l’ASFC Ă  mettre en Ĺ“uvre efficacement les lignes directrices de la CISR, ce qui est essentiel pour Ă©viter de traumatiser Ă  nouveau les victimes de violence sexospĂ©cifique (qui comprennent des femmes, des hommes, ainsi que des personnes bispirituelles, trans, non binaires et de diverses identitĂ©s de genre) prises dans le rĂ©gime d’exĂ©cution.

Premièrement, il est bien de savoir que les victimes de violence sexospĂ©cifique signalent rarement les violences dont elles sont victimes, pour de diverses raisons comme la honte, la peur des reprĂ©sailles ou revivre le traumatisme. Malheureusement, « l’expertise en matière de pratiques tenant compte des traumatismes n’en est qu’Ă  ses dĂ©buts, et les victimes de violence sexospĂ©cifique se retrouvent souvent dans le rĂ©gime d’exĂ©cution par dĂ©faut de reprĂ©sentation ou en raison d’une reprĂ©sentation non adĂ©quate Ă  des Ă©tapes antĂ©rieures de leur parcours d’immigration », signale la lettre.

Les membres de la section de l’ABC sont confrontĂ©s Ă  des situations oĂą des victimes de violence sexospĂ©cifique qui peuvent prĂ©senter des demandes viables pour considĂ©rations d’ordre humanitaire et qui pourraient bĂ©nĂ©ficier d’un sursis judiciaire compte tenu du risque qu’elles ou leurs enfants courent en cas de renvoi n’entament pas de procĂ©dure par crainte de reprĂ©sailles ou de revivre le traumatisme.

« Pour ces raisons, il est essentiel que les agents d’exĂ©cution de l’ASFC soient prĂŞts Ă  collaborer avec un avocat ou une avocate lorsqu’ils demandent un court report des renvois pour faire avancer une autre procĂ©dure judiciaire », indique la lettre de l’ABC.

Ă€ cette fin, le mandat de l’ASFC en matière de renvois devrait ĂŞtre ramenĂ© Ă  « dès que raisonnablement possible » au lieu de « dès que possible ». En outre, des règlements devraient ĂŞtre mis en place pour donner aux agents et aux agentes le pouvoir discrĂ©tionnaire d’accorder de courts sursis administratifs ou des reports dans les situations oĂą l’exĂ©cution immĂ©diate « causerait un prĂ©judice involontaire Ă  une victime de violence sexospĂ©cifique ».

Formation

Bien que des progrès aient Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dans les techniques d’entrevue Ă  IRCC et Ă  la CISR, la section de l’ABC estime que les agentes et les agents chargĂ©s de l’application de la loi continuent d’adopter de vieux prĂ©jugĂ©s sur les victimes de violence sexospĂ©cifique. Par exemple, l’anxiĂ©tĂ© manifestĂ©e par une victime de violence sexospĂ©cifique au point d’entrĂ©e, ou son incapacitĂ© Ă  se souvenir de certains dĂ©tails pĂ©riphĂ©riques peut ĂŞtre attribuĂ©e Ă  tort Ă  un manque de fiabilitĂ©. C’est pourquoi « une formation solide sur les effets des traumatismes sur la mĂ©moire et la souvenance est nĂ©cessaire pour garantir que les agents de l’ASFC ne tombent pas dans le piège de ces mythes ». Cette formation devrait inclure les traumatismes spĂ©cifiques aux personnes trans, ĂŞtre mise Ă  jour rĂ©gulièrement et ĂŞtre dirigĂ©e et informĂ©e par des experts dans le domaine, y compris les personnes trans elles-mĂŞmes.

En outre, les victimes de violences sexospĂ©cifiques devraient avoir accès Ă  un soutien ou Ă  une reprĂ©sentation lors des entrevues, afin de ne pas compromettre leur capacitĂ© Ă  obtenir le statut de rĂ©sident permanent au Canada ou Ă  poursuivre d’autres options d’immigration qui leur sont offertes.