Envisager un politique de vaccination à la Cour fédérale

  • 31 mai 2022

Dans une lettre (disponible uniquement en anglais; les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions) adressĂ©e au juge en chef Paul Crampton, le ComitĂ© de liaison entre la magistrature des Cours fĂ©dĂ©rales et le barreau de l’Association du Barreau canadien expose les facteurs dont la Cour fĂ©dĂ©rale devrait tenir compte si elle souhaite adopter une politique relative Ă  la vaccination pour ses audiences en personne.

Ces recommandations s’appuient sur une consultation menĂ©e par le ComitĂ© auprès de membres des comitĂ©s de direction des sections, oĂą on leur posait deux grandes questions :

  1. La Cour fĂ©dĂ©rale envisage d’adopter un protocole exigeant une preuve de vaccination pour toute personne assistant Ă  une audience en personne. Devrait-elle le faire? Quels facteurs la Cour fĂ©dĂ©rale devrait-elle prendre en compte pour dĂ©cider d’adopter ou non un protocole exigeant que les participants aux audiences en personne prĂ©sentent une preuve de vaccination? Quels seraient les avantages et les inconvĂ©nients d’un tel protocole?
  2. Y a-t-il des types d’audience qui devraient toujours ĂŞtre tenus en personne, ou les audiences Ă  distance sont-elles gĂ©nĂ©ralement conformes aux exigences de la Cour? Pourquoi?

Les discussions ont portĂ© sur la relation entre l’accès Ă  la justice et la sĂ©curitĂ© publique, l’importance du principe de la publicitĂ© de la justice, la confiance du public dans le système judiciaire, la planification des audiences et le fardeau administratif de la Cour.

« De façon gĂ©nĂ©rale, les membres de l’ABC qui ont participĂ© aux discussions ne s’opposaient Ă  aucun type particulier de restriction imposĂ©e aux audiences en personne », peut-on lire dans la lettre. Les participants s’entendaient cependant pour dire que toutes les parties devaient comparaĂ®tre selon le mĂŞme format. Autrement dit, si une partie n’est pas vaccinĂ©e, l’audience doit se tenir virtuellement pour l’ensemble des parties.

Une autre possibilitĂ© serait d’obtenir le consentement de toutes les parties pour qu’une partie assiste Ă  l’audience en personne tandis que les autres y assistent virtuellement, ou alors d’exiger le port du masque, la distanciation sociale et la prĂ©sentation d’un test antigĂ©nique rapide nĂ©gatif.

Le ComitĂ© signale toutefois qu’un test rapide positif entraĂ®nerait le report ou l’ajournement de l’audience et elle en conclut que l’adoption d’une politique de vaccination pour les audiences en personne est souhaitable.

Cohérence et accès à la justice

La lettre ajoute que « des membres de l’ABC suggèrent que la Cour fĂ©dĂ©rale adopte la procĂ©dure appliquĂ©e par la cour supĂ©rieure de la province ou du territoire oĂą elle siège ». Une telle approche serait plus simple et plus cohĂ©rente pour les rĂ©sidents, mais elle entraĂ®nerait une asymĂ©trie des pratiques au sein de la Cour fĂ©dĂ©rale Ă  l’Ă©chelle du Canada. Une autre possibilitĂ© pour la Cour serait d’adopter les mesures provinciales ou territoriales jugĂ©es les plus restrictives et de les appliquer Ă  l’ensemble du pays. Dans tous les cas, ces restrictions seraient probablement appelĂ©es Ă  changer avec le temps.

L’accès Ă  la justice des personnes non vaccinĂ©es prĂ©occupe Ă©galement les membres de l’ABC. « L’obligation vaccinale affecterait tout particulièrement les audiences qui se dĂ©roulent selon un processus accĂ©lĂ©rĂ© ou en urgence si une personne non vaccinĂ©e ne peut pas se conformer Ă  temps pour l’audience », explique le ComitĂ©.

« Les personnes non vaccinĂ©es pour des raisons mĂ©dicales, religieuses ou autres ne devraient pas ĂŞtre privĂ©es d’une audience en personne. Dans de telles circonstances, la Cour pourrait proposer un compromis en exigeant un test de dĂ©pistage de la COVID-19 nĂ©gatif. » La Cour pourrait Ă©galement offrir la possibilitĂ© d’assister Ă  l’audience de façon virtuelle pour les personnes non vaccinĂ©es.

De manière gĂ©nĂ©rale, les membres de l’ABC qui ont participĂ© Ă  cette consultation « ne croient pas qu’une obligation vaccinale enfreindrait le principe de la publicitĂ© de la justice, bien que la plupart des membres privilĂ©gient une audience en personne pour les litiges portant sur des questions de crĂ©dibilitĂ© ».