Le projet de loi sur la formation des juges se trompe de cible

  • 21 avril 2020

Le projet de loi C-5, version la plus rĂ©cente d’un texte de loi proposant de rendre la formation sur les agressions sexuelles obligatoire pour les juges fĂ©dĂ©raux, contient d’importantes modifications tirĂ©es d’un projet de loi d'initiative parlementaire animĂ© d’une intention similaire qui avait Ă©tĂ© dĂ©posĂ© lors de la dernière session parlementaire. Cependant, outre ses rĂ©percussions sur l’indĂ©pendance de la magistrature, il contient toujours des Ă©lĂ©ments prĂ©occupants, Ă  savoir qu’il ne vise pas le public appropriĂ©.

[TRADUCTION] « Le projet de loi exigerait des candidats qui ne seraient probablement jamais confrontĂ©s Ă  des affaires d’agressions sexuelles (p. ex., les candidats aux fonctions Ă  la Cour canadienne de l’impĂ´t) qu’ils suivent une formation qu’ils n’auraient jamais l’occasion de mettre en pratique », Ă©crivent la Section du droit pĂ©nal et le Sous-comitĂ© des questions judiciaires de l’ABC dans une lettre (disponible uniquement en anglais) adressĂ©e Ă  la prĂ©sidente du ComitĂ© permanent de la justice et des droits de la personne, ajoutant que [TRADUCTION] « le projet de loi n’aborderait pas la question de la sensibilisation des juges provinciaux et territoriaux face aux agressions sexuelles alors que ce sont ces tribunaux qui tranchent la majoritĂ© des dossiers d’agressions sexuelles ».

Contrairement Ă  sa version antĂ©rieure, le projet de loi n’exigerait plus des candidats qu’ils aient une formation portant sur les agressions sexuelles avant leur nomination, mais se borne Ă  exiger d’eux qu’ils s’engagent Ă  suivre la formation. MalgrĂ© cela, le libellĂ© soulève de nouvelles questions, telles celles de savoir si une nomination serait suspendue ou conditionnelle jusqu’Ă  l’achèvement de la formation, qui dispenserait la formation reconnue et de quelle manière, et qui serait responsable financièrement de cette formation. Si un candidat ne suit pas la formation au complet, cette personne serait-elle passible d’accusations d’infraction disciplinaire ou d’autres sanctions?

L’ABC souligne que le Conseil canadien de la magistrature et l’Institut national de la magistrature offrent dĂ©jĂ  une formation sur la sensibilisation aux agressions sexuelles.

[TRADUCTION] « Le projet de loi C-5 vise Ă  combler une brèche inexistante dans la magistrature fĂ©dĂ©rale tout en omettant toute proposition pour rĂ©gler les possibles problèmes au sein de la magistrature provinciale et territoriale, oĂą siègent les juges qui tranchent presque toutes les affaires d’agressions sexuelles. »