La raison d’être des moteurs de recherche à la base du débat sur la vie privée en ligne

  • 24 mai 2018

Les moteurs de recherche rĂ©alisent-ils des activitĂ©s commerciales? Est-il pratique d’exiger qu’ils obtiennent un consentement avant de recueillir des donnĂ©es personnelles? Est-il appropriĂ© de leur demander de dĂ©cider quels sont les renseignements qui doivent ĂŞtre Ă©liminĂ©s de leurs listes de rĂ©fĂ©rences?

Ce ne sont que quelques-unes des questions Ă©pineuses soulevĂ©es par le dĂ©bat sur la rĂ©putation en ligne et le droit Ă  l’oubli. Trois groupes de l’ABC, l’ACCJE, la Section du droit de la vie privĂ©e et de l’accès Ă  l’information et le ComitĂ© sur le droit des enfants – ont rĂ©cemment rĂ©pondu (disponible uniquement en anglais) au Projet de position du Commissariat sur la rĂ©putation en ligne du Commissariat Ă  la protection de la vie privĂ©e. La nĂ©cessitĂ© de protĂ©ger les enfants lorsqu’ils sont en ligne, et celle, pour le Parlement, de se pencher sur les lois sur la vie privĂ©e conçues pour une Ă©poque et un contexte dĂ©sormais rĂ©volus sont les seuls Ă©lĂ©ments sur lesquels les trois sections se sont vĂ©ritablement accordĂ©es.

[TRADUCTION] « La lĂ©gislation sur la vie privĂ©e, ainsi que la Charte canadienne des droits et libertĂ©s, sont aujourd’hui interprĂ©tĂ©es dans un contexte qui diffère de celui dans lequel elles ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©es Ă  l’origine » affirment les sections. « Alors que l’Internet en gĂ©nĂ©ral et les moteurs de recherche en particulier constituent des sources importantes de renseignements pour le public canadien, la rĂ©putation en ligne et la divulgation de renseignements personnels en ligne sont des enjeux importants devant ĂŞtre examinĂ©s tant par les organes de rĂ©glementation que par les dĂ©cideurs et les lĂ©gislateurs. »

Les sections ne sont pas d’accord sur un certain nombre de questions fondamentales pour le dĂ©bat telles que celle de savoir si les moteurs de recherche tombent sous le coup de la LPRPDE. Après tout, leurs activitĂ©s relèvent de « la collecte, de l’utilisation ou de la communication » de renseignements personnels. Pour certains, la rĂ©ponse est oui, pour d’autres, les moteurs de recherche ont une fonction plus journalistique, se trouvant par consĂ©quent hors des limites de la portĂ©e de la LPRPDE, d’autres encore suggèrent, en se fondant sur l’arrĂŞt rendu par la Cour suprĂŞme dans Crookes c. Newton, que les moteurs de recherche ressemblent plutĂ´t Ă  des bibliothĂ©caires, car le fait de rĂ©fĂ©rencer le contenu Web crĂ©Ă© par d’autres a pour objet d’en faciliter la dĂ©couverte lors d’une recherche.

Le dĂ©saccord s’Ă©tend Ă  la question de savoir si les moteurs de recherche effectuent des activitĂ©s commerciales, oui pour certains et non pour d’autres, et Ă  celle de savoir s’il existe mĂŞme des obligations de dĂ©rĂ©fĂ©rencement et de cessation de publication de la source en vertu de la LPRPDE.

Certains [TRADUCTION] « pensent que le droit Ă  l’oubli n’est pas directement rĂ©gi par la LPRPDE et que l’interprĂ©tation du Commissariat Ă  la vie privĂ©e selon laquelle la LPRPDE exige le retrait de liens des rĂ©fĂ©rences de recherche ou le replacement dans des rĂ©sultats de recherche sibyllins excède largement les obligations imposĂ©es Ă  une organisation par la LPRPDE de mettre Ă  jour et de corriger les renseignements inexacts ».

MĂŞme si la LPRPDE Ă©tait applicable, qui le ferait? Les sections affirment qu’il serait « intenable » d’exiger des moteurs de recherche qu’ils obtiennent un consentement avant d’inclure des personnes dans les rĂ©sultats de recherche. Qui plus est, en prĂ©sence d’une obligation d’Ă©liminer des renseignements, et des consĂ©quences en cas de dĂ©faut, le rĂ©sultat pourrait conduire Ă  une autocensure puisque les sociĂ©tĂ©s pourraient choisir d’errer par excès de prudence et Ă©liminer plus de renseignements que rĂ©ellement nĂ©cessaire.

[TRADUCTION] « La rĂ©putation en ligne est une importante question qu’il faut Ă©tudier minutieusement. Le Parlement ne doit cependant pas oublier que la LPRPDE et autres textes lĂ©gislatifs dans le domaine de la protection de la vie privĂ©e dans le secteur privĂ© ne peuvent pas ĂŞtre considĂ©rĂ©s comme la panacĂ©e pour des questions soulevĂ©es par l’Ă©volution constante de la technologie », concluent les sections.

[TRADUCTION] « L’unicitĂ© du contexte de la Charte canadienne et les vastes rĂ©percussions pour la libertĂ© d’expression et l’accès aux renseignements se trouvant dans le domaine public soulignent le besoin de lignes directrices en matière de lĂ©gislation et de politiques dans ce domaine encore très nouveau. »

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