Composer avec son supérieur : le pouvoir du silence et de la circonspection

  • 01 janvier 2014
  • Sandra Rosier

La confiance en soi n’est pas le contraire de la modestie. Les avocats performants, brillants et ambitieux ont tendance Ă  surestimer leurs propres connaissances dans leur domaine de spĂ©cialisation. Ne laissez pas l’arrogance ruiner votre crĂ©dibilitĂ© avant mĂŞme d’avoir eu la chance de « leur montrer de quoi vous ĂŞtes capable ». On pardonne beaucoup plus facilement Ă  celui qui ne sait pas, mais on reste silencieux Ă  celui qui dit n’importe quoi alors qu’il n’a tout simplement pas l’expertise ou l’expĂ©rience nĂ©cessaire pour prendre part Ă  la conversation.

Il y a une autre bonne raison d’en dire moins que plus : le silence cultive le mystère. C’est une chose qu’Angelina Jolie fait merveilleusement bien; ou du moins, la compagnie chargĂ©e de son image a très bien tissĂ© le « mystère Jolie ». Comme Angelina Jolie accorde relativement peu d’entrevues, les mĂ©dias la prĂ©sentent comme une actrice couronnĂ©e de succès et une visionnaire dĂ©vouĂ©e. Il est facile de dĂ©voiler son ignorance en parlant trop. Inversement, le silence et la circonspection sont souvent pris pour de la sagesse. Laissez votre attitude positive et votre travail justifier la façon dont les autres interprètent votre silence.

Le premier pas vers l’apprentissage est d’Ă©pouser les limites de ses propres connaissances. Exposez votre avis succinctement et sans embellissement. La plupart du temps, les associĂ©s ne veulent que « la rĂ©ponse ». Ne discutez et n’argumentez jamais avec un associĂ©. Le fait que vous puissiez avoir raison n’est pas un critère ici. Mieux vaut ĂŞtre apprĂ©ciĂ© que d’avoir raison. Cela ne vaut pas la peine d’irriter un associĂ© — ou pire, d’endommager votre relation — pour le simple plaisir d’avoir le dernier mot. Si vous devez faire valoir votre point de vue, trouvez une autre façon de le faire. Par exemple, vous pourriez trouver un collègue respectĂ© qui souscrit Ă  votre opinion et la prĂ©senterait Ă  l’associĂ© comme un effort commun, amĂ©liorant du mĂŞme coup votre crĂ©dibilitĂ©. Au lieu d’argumenter, vous pourriez demander Ă  l’associĂ© ce qu’il pense de votre idĂ©e. Ma stratĂ©gie prĂ©fĂ©rĂ©e consiste Ă  attribuer la paternitĂ© de l’idĂ©e Ă  l’associĂ© en question et lui dire que vous ĂŞtes d’accord avec son idĂ©e, mĂŞme s’il ne l’a jamais exprimĂ©e.

Lorsqu’un cabinet embauche de jeunes avocats, il embauche du capital intellectuel. Il embauche du talent brut qui montre un potentiel pour apprendre rapidement et apporter une contribution significativeĂ  un moment indĂ©terminĂ© dans l’avenir . Le fait d’avoir beaucoup Ă  apprendre en tant qu’avocate dĂ©butante ou avocat dĂ©butant n’est pas un dĂ©faut de caractère. Soyez patient. Le manque d’expĂ©rience est un stade Ă©minemment gĂ©rable et temporaire. MĂŞme si vous ne participez pas activement Ă  la discussion, votre rĂ´le n’est pas du tout passif. Identifiez le sujet de la discussion, absorbez autant de contenu que vous le pouvez, faites preuve de curiositĂ© intellectuelle en posant des questions intelligentes, prenez l’initiative concernant votre propre apprentissage et gardez votre langue pendue jusqu’au jour oĂą vous saurez vraiment ce que vous dites.

Sandra Rosier est administratrice principale, services fiscaux internationaux, chez un cabinet Ă  Toronto.