Mentorship

Être mentor - C’est bon pour vous aussi

  • 28 septembre 2016
  • Carolynne Burkholder-James

Recourir Ă  de bons mentors peut s’avĂ©rer essentiel au succès des jeunes juristes. Toutefois, Stephanie Okola, avocate et mĂ©diatrice de Toronto, croit que les mentors aussi peuvent profiter de cette relation.

Me Okola, spĂ©cialiste en contentieux chez Okola Law, dĂ©clare que son vĂ©cu, aussi bien comme Ă©tudiante en droit qu’en tant que jeune avocate, l’a inspirĂ© Ă  devenir une mentore.

« J’ai obtenu mon diplĂ´me en droit Ă  l’extĂ©rieur du Canada, puis je suis revenue avec toutes les qualifications requises pour exercer le droit en Ontario », affirme-t-elle. « Sans mentorat, ce processus aurait Ă©tĂ© impossible pour moi. »

Me Okola met maintenant son expĂ©rience au profit d’autres juristes qui doivent passer Ă  travers ce mĂŞme processus.

« Lorsque j’ai commencĂ© Ă  pratiquer le droit, il Ă©tait important pour moi de garder le contact avec certains des mentors avec qui j’avais Ă©tabli des liens, mais aussi d’offrir le mĂŞme type de soutien aux gens qui faisaient leurs premiers pas dans l’industrie, particulièrement aux jeunes femmes qui cherchaient Ă  ouvrir leur propre cabinet, car j’ai moi aussi eu Ă  surmonter certains des obstacles qui se dressaient devant elles », ajoute-t-elle. « Le mentorat a toujours Ă©tĂ© au cĹ“ur de ma pratique et c’est un aspect que je me suis efforcĂ©e d’intĂ©grer dans ma routine. »

Selon Me Okola, ses mentorĂ©es lui donnent une « perspective fraĂ®che ».

« J’ai l’impression qu’il y a toujours quelque chose Ă  apprendre des autres. Je crois que plusieurs jeunes juristes ont l’impression de ne rien savoir, alors qu’en rĂ©alitĂ© leur savoir est plus vaste que ce qu’ils croient », dit-elle.

Selon, Me Okola, le mentorat entre pairs est également une voie intéressante que peuvent emprunter les juristes.

« Je suis totalement convaincue des bienfaits du mentorat entre pairs, tout comme du fait d’avoir un mentor qui est plus âgĂ© que vous, car nos homologues peuvent nous aider », soutient-elle.

Charlotte Wolters, fondatrice du Programme de mentorat en droit auprès des femmes, qui comprend un volet de mentorat entre pairs, affirme que le mentorat, indépendamment de sa formule, est une relation de réciprocité.

« Des occasions se prĂ©sentent dans un sens comme dans l’autre », juge-t-elle. « Par exemple, bien des gens croient que les juristes plus âgĂ©s peuvent offrir d’intĂ©ressantes possibilitĂ©s Ă  de jeunes juristes, comme des relations avec des conseils de la communautĂ©, des clients dirigĂ©s et des dossiers. Mais, les choses peuvent aller dans l’autre sens aussi. Les jeunes juristes aussi peuvent recommander des clients potentiels, confier des dossiers ou prodiguer des conseils. »

Par exemple, Me Wolters raconte qu’un de ses mentors, au dĂ©but de sa carrière, lui a demandĂ© son opinion sur une affaire dont il s’occupait.

« J’Ă©tais stupĂ©faite et terrifiĂ©e, mais je lui ai dit exactement ce que je pensais », se rappelle-t-elle. « Il m’a prise au sĂ©rieux et mon opinion confirmait quelques-uns de ses points de vue. »

Sandeep K. Dhir, c.r., associĂ© chez Field LLP d’Edmonton, aime collaborer avec de jeunes juristes de son cabinet, et il tient compte de leurs commentaires et suggestions. Selon lui, il est extrĂŞmement gratifiant de faire du travail de mentorat avec de jeunes juristes.

« Leur pratique est empreinte d’idĂ©alisme et d’enthousiasme, ce qui revigore mon propre enthousiasme et mon propre intĂ©rĂŞt. »

Deborah R. Hatch, avocate en droit pĂ©nal chez Hatch McClelland & Moore, Ă  Edmonton, croit que les jeunes juristes ont souvent moins tendance Ă  s’en tenir Ă  une approche particulière ou Ă  une manière de faire les choses.

« ConsĂ©quemment, ils montrent souvent plus d’ouverture lorsque vient le moment d’envisager ou de suggĂ©rer de nouvelles approches, ce qui peut ĂŞtre très bĂ©nĂ©fique », ajoute-t-elle. « Parfois, un esprit inexpĂ©rimentĂ©, mais passionnĂ© et crĂ©atif peut contribuer Ă  l’adoption d’une excellente approche, ou Ă  l’obtention de rĂ©sultats hors pair. »

Sasha Ramnarine attribue l’inspiration qui l’a poussĂ© Ă  jouer un rĂ´le de mentor Ă  son expĂ©rience de jeune entrepreneur.

« J’ai grandi dans l’industrie de la restauration. Ma famille Ă©tait propriĂ©taire d’un restaurant et j’ai commencĂ© Ă  faire du travail de gestion Ă  l’âge de 18 ans », raconte Me Ramnarine, maintenant avocat adjoint chez Remedios & Company, Ă  Vancouver.

Me Ramnarine fait maintenant du bĂ©nĂ©volat comme mentor auprès de plusieurs organisations qui travaillent au service d’immigrants et de gens d’affaires.

« Je ne fais pas seulement du mentorat auprès de juristes, mais aussi de gens d’affaires et d’entrepreneurs en gĂ©nĂ©ral », explique-t-elle. « Par exemple, l’une des personnes pour qui je fais actuellement du mentorat possède une boulangerie. »

Il dit offrir à ses mentorés un endroit sûr où ils peuvent parler de leurs objectifs et de leurs ambitions, et parfois même de leurs peurs et de certaines choses qui les dérangent.

Selon Me Ramnarine, le mentorat est un rĂ´le d’empathie.

« Il n’y a rien de hiĂ©rarchique dans cette relation. Vous n’ĂŞtes pas supĂ©rieur Ă  qui que ce soit. Vous n’ĂŞtes pas non plus infĂ©rieur », dĂ©clare-t-il. « Mais vous avez peut-ĂŞtre vĂ©cu la mĂŞme chose que ce qu’il traverse Ă  l’heure actuelle. Vous ne tentez pas de leur dire quoi faire, mais vous essayez plutĂ´t de leur servir de guide pour qu’ils trouvent une solution Ă  ce Ă  quoi ils sont confrontĂ©s. »

Le mentorat peut constituer une façon de redonner à la collectivité, estime Me Ramnarine.

« J’ai l’impression d’avoir beaucoup de vĂ©cu. Je peux apporter mon aide en partageant ces expĂ©riences ou les leçons que j’ai apprises d’autres personnes afin d’apprendre moi aussi de ce qu’elles ont Ă  m’offrir », ajoute-t-il. « ĂŠtre lĂ  pour aider et inspirer les gens, c’est quelque chose que je souhaite rĂ©ellement faire. »

Me Hatch convient que le mentorat est une façon de redonner.

« J’ai Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©e de pratiquer, au cours des dix premières annĂ©es de ma carrière, avec de remarquables avocats et avocates de la dĂ©fense dans le domaine du droit pĂ©nal », souligne-t-elle. « Le moins que l’on puisse faire c’est de redonner une partie de ce que l’on a reçu tĂ´t dans notre carrière. Offrir des services de mentorat nous apporte du rĂ©confort en ce sens que cela nous permet indirectement de contribuer Ă  la profession et d’aider des clients. »

Me Ramnarine croit qu’il a aussi profitĂ© de son travail de mentor.

« Il s’agit d’une expĂ©rience d’apprentissage pour les deux parties », dĂ©clare-t-il. « Pas seulement pour les mentorĂ©s, mais aussi pour les mentors. J’ai beaucoup appris de mes mentorĂ©s. »

Ă€ l’instar de Me Okola, Me Ramnarine recommande fortement de faire du travail de mentorat.

« Je crois que tout juriste devrait d’une manière ou d’une autre faire du travail de mentorat. »

Carolynne Burkholder-James est avocate auprès de Heather Sadler Jenkins LLP, à Prince George en Colombie-Britannique

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