Les programmes de gestion des cabinets juridiques prennent de l’importance alors que les cabinets cherchent à former leurs futurs dirigeants

  • 16 avril 2009
  • Elizabeth Raymer

Jadis, les avocats apprenaient tout ce qu’il fallait sur la pratique du droit soit par l’expĂ©rience, soit grâce aux bons conseils d’un collègue. Cette pĂ©riode est rĂ©volue : le milieu exige aujourd’hui davantage d’Ă©tudes et de formation officielles. Les cabinets juridiques envoient les avocats Ă  l’Ă©cole – et leur adjoignent des coachs – pour qu’ils acquièrent une formation en gestion.

Les Ă©coles de gestion offrent maintenant des programmes de perfectionnement axĂ©s sur les professionnels. Aux États-Unis par exemple, la Harvard Business School offre un tel programme, et le College of Professional Studies de l’UniversitĂ© George Washington, en association avec l’Institut Hildebrandt, a rĂ©cemment crĂ©Ă© un certificat de deuxième cycle ainsi qu’une maĂ®trise d’Ă©tudes professionnelles en gestion de cabinets juridiques.

« Nous vivons une pĂ©riode de grand changement en matière de formation et de perfectionnement en gestion », dit John Rogers, associĂ© directeur du bureau de Halifax du cabinet Stewart, McKelvey, Stirling & Scales dans le Canada atlantique. « Je crois qu’on reconnaĂ®t aujourd’hui Ă  quel point la formation est importante pour tous les professionnels, y compris les gestionnaires. »

John Rogers affirme que Stewart, McKelvey a pris des moyens pour s’assurer que la formation du personnel s’insère dans un cheminement de carrière – qu’elle soit obtenue Ă  l’externe ou Ă  l’interne – et insiste sur la valeur d’une formation permanente. « L’Ă©ducation et la formation ne sont pas quelque chose qui prend fin Ă  un moment donnĂ©, mais qui se poursuit », estime-t-il.

Au sein du cabinet national Davies Ward Phillips & Vineberg, un programme de formation en gestion est offert pour les avocats qui ont Ă©tĂ© nommĂ©s sociĂ©taires – promotion accessible après la cinquième annĂ©e de pratique. « Notre programme de perfectionnement professionnel dĂ©montre l’importance Ă  ce que les gens se comportent en propriĂ©taires Ă  un stade prĂ©coce, et notre programme de mentorat va dans le mĂŞme sens », explique William O’Reilly, associĂ© directeur du bureau du cabinet Ă  Toronto.

Formation de la prochaine génération

Les associĂ©s de l’ensemble du cabinet qui sont entre leur sixième et leur onzième annĂ©e participent chaque annĂ©e Ă  un programme d’un jour animĂ© par un facilitateur externe. La sĂ©ance porte sur les questions entourant le travail en Ă©quipe, le mentorat, l’intĂ©gration, la conservation du personnel et le recrutement. William O’Reilly prĂ©cise que ce sont les jeunes associĂ©s qui dĂ©terminent le contenu du programme.

« Les participants apportent une vision de ce que sera le cabinet dans dix ans, ajoute-t-il. Ils disent « Nous prĂ©voyons ĂŞtre les futurs dirigeants du cabinet, alors comme groupe, que devrions-nous en penser? » C’est leur initiative, et ceux qui sont Ă  la tĂŞte de cette initiative se rencontrent aussi pĂ©riodiquement pour dĂ©velopper le programme et discuter d’enjeux pertinents. »

Le cabinet organise de la formation pour ses avocats plus chevronnĂ©s tous les deux ans. En 2007, un groupe d’associĂ©s dans la quarantaine ou la cinquantaine a participĂ© Ă  un programme de trois jours pour dirigeants « de prochaine gĂ©nĂ©ration » dirigĂ© par des professeurs de gestion de Harvard. Les sĂ©ances adaptĂ©es Ă  la pratique et Ă  la culture de Davies Ward procĂ©daient par voie d’Ă©tudes de cas visant divers thèmes pertinents, comme le dilemme producteur-gestionnaire, explique encore William O’Reilly.

Trois membres du cabinet ont aussi suivi un programme d’une semaine de formation en leadership pour professionnels Ă  la Harvard Business School, et un quatrième est inscrit Ă  une prochaine sĂ©ance. Par ailleurs, comme dans beaucoup de cabinets, de l'assistance professionelle est proposĂ© aux avocats qui connaissent des difficultĂ©s.

Des programmes visant les aptitudes fondamentales et le rĂ´le de la culture

Stewart McKelvey envoie depuis longtemps ses cadres supĂ©rieurs – y compris gestionnaires de groupes de pratique, responsables de domaines ou de marchĂ©s et femmes dirigeantes – Ă  des sĂ©minaires de formation. D’ailleurs, le cabinet prĂ©pare un programme de leadership, dit John Rogers. Il visera les compĂ©tences de base en droit, en gestion de la pratique, en recherche de clients et en leadership, en plus des aptitudes techniques. « En ce qui concerne la gestion de la pratique, nous reconnaissons que certains aspects du perfectionnement et de la formation doivent ĂŞtre confiĂ©s Ă  des fournisseurs externes. »

Matthew Lindsay, associĂ© directeur du bureau de Calgary de Fraser Milner Casgrain, affirme que son cabinet n’a pas de programme de formation en leadership en tant que tel. Cependant, le cabinet offre Ă  ses avocats une vaste gamme de programmes Ă©ducatifs, en partie par l’entremise de l’« UniversitĂ© Fraser Milner Casgrain », qui propose des cours sur un Ă©ventail de sujets, certains sous forme de cours Ă  distance.

Il y a place pour de la formation Ă  l' interne et Ă  l'externe, estime Matthew Lindsay. La formation externe permet d’exposer les avocats aux meilleures pratiques de l’industrie, leur offrant une prĂ©cieuse occasion de comprendre ce qui se passe Ă  l’extĂ©rieur du cabinet. « Mais Ă  l’interne, ajoute-t-il, le contenu est davantage imprĂ©gnĂ© de la culture du cabinet, donc la formation interne est utile aussi. »

Toutefois, « le critère principal [pour les gestionnaires] est d’ĂŞtre perçu par les associĂ©s et compatriotes comme ayant les aptitudes nĂ©cessaires Ă  la direction ». Le cabinet engage des consultants pour offrir une formation spĂ©cialisĂ©e afin de bonifier l’expĂ©rience particulière d’un avocat perçu comme un leader du futur.

« Je crois que la formation des dirigeants est un domaine auquel les cabinets juridiques pourraient attacher une plus grande attention Ă  l’avenir. Dans le cadre de notre plan stratĂ©gique, nous voulons repĂ©rer ceux qui pourraient profiter d’une formation supplĂ©mentaire en direction et en gestion. Ce serait sans doute utile pour permettre aux gestionnaires d’effectuer leur travail plus efficacement.

« C’est certainement une question Ă  laquelle je prĂ©vois que les cabinets consacreront probablement plus de temps. »

Elizabeth Raymer est une rédactrice pigiste de Toronto.