Clarifier les droits relatifs au précontrôle

  • 26 mars 2024

Le règlement proposĂ© en vertu de la Loi sur le prĂ©contrĂ´le adapterait les autoritĂ©s des points d’entrĂ©e sous le rĂ©gime de la Loi sur l’immigration et la protection des rĂ©fugiĂ©s afin de permettre aux agents et agentes de l’Agence des services frontaliers du Canada de prendre des dĂ©cisions en matière d’admissibilitĂ© dans des zones de prĂ©contrĂ´le se trouvant Ă  l’extĂ©rieur des frontières canadiennes. Dans une lettre (disponible uniquement en anglais; les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions), la Section du droit de l’immigration de l’Association du Barreau canadien exprime ses prĂ©occupations au sujet des rĂ©percussions Ă  long terme sur les voyageurs du projet de règlement, en particulier sur les rĂ©sidents permanents et rĂ©sidentes permanentes, qui pourraient ĂŞtre soumis Ă  des examens forcĂ©s dans des zones de prĂ©contrĂ´le.

Plusieurs des problèmes dĂ©coulent de lacunes dans l’Accord entre le gouvernement du Canada et le gouvernement des États-Unis relatif au prĂ©contrĂ´le dans les domaines du transport terrestre, ferroviaire, maritime et aĂ©rien, qui est Ă  la base de la Loi sur le prĂ©contrĂ´le. La section de l’ABC a signalĂ© ces problèmes dans le passĂ© et continue de croire qu’il faudrait les aborder.

Les questions les plus importantes de l’accord comprennent le refus aux rĂ©sidents permanents du droit d’entrĂ©e sans Ă©quivoque, le refus aux demandeurs d’asile de revendiquer le statut de rĂ©fugiĂ© — une violation des obligations internationales du Canada et en vertu de l’arrĂŞt Singh c. Ministre de l’Emploi et de l’Immigration du Canada — le renvoi de demandeurs d’asile aux États-Unis sans la possibilitĂ© de prĂ©senter une demande en lien avec le prĂ©contrĂ´le, une baisse sans prĂ©cĂ©dent du seuil lĂ©gal pour les fouilles d’appareils numĂ©riques personnels, l’absence de garanties concernant les donnĂ©es protĂ©gĂ©es par le privilège du secret professionnel de l’avocat contenues dans ces appareils, et le manque de conformitĂ© avec la Charte canadienne des droits et libertĂ©s.

Sur ce dernier point, la section de l’ABC recommande qu’au lieu de prĂ©sumer que la Charte s’appliquera aux zones de prĂ©contrĂ´le par infĂ©rence, « la Loi soit modifiĂ©e pour indiquer clairement que la Charte est applicable et pour garantir l’accès Ă  un contrĂ´le judiciaire par la Cour fĂ©dĂ©rale ».

RĂ©sidents permanents et demandeurs d’asile

Le paragraphe 48(4) de la Loi sur le prĂ©contrĂ´le confère Ă  l’ASFC le pouvoir sans prĂ©cĂ©dent de refuser l’entrĂ©e Ă  des rĂ©sidents permanents pour des motifs prescrits par le règlement proposĂ©. « Ă€ notre avis, rien ne justifie cet Ă©largissement important des pouvoirs de l’ASFC et la diminution consĂ©quente des droits des rĂ©sidents permanents », affirme l’ABC dans la lettre. Les rĂ©sidents permanents ont le droit d’entrer au Canada s’ils prouvent qu’ils dĂ©tiennent ce statut. « Il s’agit d’un droit statutaire sans restriction. »

L’Ă©largissement des pouvoirs des agents de l’ASFC de procĂ©der Ă  des examens de rĂ©sidents permanents dans des zones de prĂ©contrĂ´le « aura une incidence nĂ©gative sur les droits des rĂ©sidents permanents qui, lorsqu’ils sont soumis Ă  un examen Ă  un point d’entrĂ©e conventionnel, bĂ©nĂ©ficient des garanties procĂ©durales de la LIPR, de toutes les protections fondamentales de la Charte, ainsi que de la supervision de la Cour fĂ©dĂ©rale » ajoute la section.

Tel qu’il est actuellement rĂ©digĂ©, le règlement proposĂ© interdit Ă  quiconque de prĂ©senter une demande d’asile dans les zones de prĂ©contrĂ´le. « La section de l’ABC a de sĂ©rieuses prĂ©occupations quant Ă  la lĂ©galitĂ© de cette mesure et perçoit des risques accrus pour les voyageurs Ă  leur retour aux États-Unis après avoir tentĂ© de dĂ©poser une demande. » Ă€ tout le moins, le règlement devrait exiger des agents qu’ils notent la tentative d’un demandeur de dĂ©poser une demande du statut de rĂ©fugiĂ© dans le système mondial de gestion des cas et qu’ils lui remettent une confirmation Ă©crite de sa tentative.

Étant donnĂ© les graves consĂ©quences du retrait du prĂ©contrĂ´le ou de la remise aux autoritĂ©s amĂ©ricaines — y compris une possible incarcĂ©ration ou un refoulement potentiel vers un pays oĂą ils pourraient ĂŞtre en danger — la section de l’ABC suggère d’ajouter des panneaux dans les zones de prĂ©contrĂ´le pour informer les personnes qu’elles ne peuvent pas faire de demande du statut de rĂ©fugiĂ© dans une zone de prĂ©contrĂ´le. Les panneaux devraient « ĂŞtre conçus pour ĂŞtre faciles Ă  lire et Ă  comprendre, et donner suffisamment d’informations claires pour que les gens puissent prendre des dĂ©cisions Ă©clairĂ©es. Ils devraient ĂŞtre situĂ©s dans un endroit qui permet Ă  la personne de prendre la dĂ©cision de ne pas approcher la zone de prĂ©contrĂ´le sans risquer d’ĂŞtre apprĂ©hendĂ©e par les autoritĂ©s amĂ©ricaines ou canadiennes ». En outre, des renseignements clairs et transparents doivent ĂŞtre disponibles, notamment sur le site Web d’Immigration, RĂ©fugiĂ©s et CitoyennetĂ© Canada, et ĂŞtre largement diffusĂ©s, y compris dans des mĂ©dias sociaux.

Enfin, compte tenu de leurs graves conséquences sur les droits des voyageurs, la section recommande que le règlement proposé soit envoyé au Comité parlementaire pour examen avant sa mise au point définitive.