Lutte contre la criminalité financière

  • 31 octobre 2023

Le gouvernement fĂ©dĂ©ral a menĂ© une consultation sur les meilleures façons d’amĂ©liorer le RĂ©gime canadien de lutte contre le recyclage des produits de la criminalitĂ© et le financement des activitĂ©s terroristes (RĂ©gime LRPC-FAT). Les sections de l’ABC du droit des affaires, du droit des organismes de bienfaisance et Ă  but non lucratif, du droit pĂ©nal, du droit international et la Section du droit de la vie privĂ©e et de l’accès Ă  l’information de l’ABC, avec le Sous-comitĂ© de dĂ©ontologie et de responsabilitĂ© professionnelle de l’ABC et l’Ă©quipe anticorruption de l’ABC (les sections de l’ABC) offrent plusieurs recommandations dans un mĂ©moire exhaustif (disponible uniquement en anglais; les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions). Les plus importantes de ces recommandations sont rĂ©sumĂ©es ci-dessous.

Sachant que le recyclage des produits de la criminalitĂ© et le financement des activitĂ©s terroristes constituent une menace rĂ©elle pour la sĂ©curitĂ© Ă©conomique et physique des Canadiens, l’ABC soutient, sans rĂ©serve, la lutte contre la criminalitĂ© financière. Le mĂ©moire traite de l’application gĂ©nĂ©rale du RĂ©gime LRPC-FAT dans les secteurs des entreprises et des organismes de bienfaisance, ainsi que de la manière par laquelle ce rĂ©gime est mis en application au sein de la profession juridique.

La profession juridique

Il existe dĂ©jĂ  des rĂ©glementations exhaustives en matière du LRPC-FAT qui rĂ©gissent les activitĂ©s de la profession juridique, par le biais des ordres professionnels. Ce n’est pas correct de dire que les juristes n’ont pas d’obligations; la lettre note que les ordres professionnels ont des pouvoirs d’investigation Ă©tendus. Il convient de mentionner que les professionnels du droit sont Ă©galement soumis au droit pĂ©nal.

Toutefois, les règles et réglementations relatives au Régime LRPC-FAT doivent être appliquées de manière à respecter le secret professionnel et le devoir des juristes de se dévouer à la cause de leur client.

L’ABC appuie l’approche de collaboration des dernières annĂ©es entre le gouvernement et la FĂ©dĂ©ration des ordres professionnels de juristes du Canada qui vise Ă  « explorer le recyclage des produits de la criminalitĂ© et le financement du terrorisme au sein de la profession juridique et renforcer l’Ă©change d’informations entre les ordres professionnels de juristes et le gouvernement du Canada ». Ce soutien est surtout apportĂ© par l’Ă©change d’information et de renseignements, des tendances et des typologies du recyclage des produits de la criminalitĂ©, ainsi que par le respect et la conformitĂ© Ă  la lĂ©gislation.

Mesures pénales

Les sections de l’ABC estiment que le gouvernement devrait envisager des rĂ©formes des peines pour le dĂ©lit de recyclage des produits de la criminalitĂ©. Selon elles, plus les sanctions seront sĂ©vères, plus la dissuasion et le respect de la primautĂ© du droit seront renforcĂ©s, entre autres avantages.

Les auteurs du mĂ©moire s’Ă©tonnent que la consultation gouvernementale prĂ©voie l’accès sans mandat aux informations sur les clients, car il n’est pas Ă©vident qu’il y ait un lien entre cet accès et les enquĂŞtes et l’application des lois en matière du RĂ©gime LRPC-FAT. « L’ABC a toujours demandĂ© une autorisation judiciaire prĂ©alable pour la saisie des donnĂ©es d’abonnement. »

En outre, les sections soulignent que pour qu’une demande soit considĂ©rĂ©e comme constitutionnelle, « toute demande d’informations sur les personnes abonnĂ©es doit ĂŞtre autorisĂ©e par un tribunal, ĂŞtre faite dans des situations d’urgence ou ĂŞtre fondĂ©e sur une loi raisonnable ». Il existe dĂ©jĂ  des articles du Code criminel qui prĂ©voient des autorisations judiciaires dans les premières phases des enquĂŞtes avec des seuils de suspicion peu Ă©levĂ©s.

« Si la police n’a pas de motifs raisonnables de soupçonner qu’une infraction a Ă©tĂ© ou sera commise et que le destinataire de l’ordonnance peut fournir des preuves, elle ne devrait pas ĂŞtre en mesure d’obtenir ces informations », peut-on lire dans la lettre.

De mĂŞme, lorsqu’il s’agit de moderniser les mandats de perquisition pour prendre en compte les appareils Ă©lectroniques tels que les tĂ©lĂ©phones portables, nous devrions envisager de renforcer les protections de la vie privĂ©e, et non de les affaiblir.

« Cette consultation offre une nouvelle occasion de rĂ©itĂ©rer l’importance du respect du cadre juridique du Canada, y compris le privilège du secret professionnel de l’avocat », disent les sections de l’ABC. Comme l’a statuĂ© la Cour suprĂŞme du Canada dans l’affaire LavallĂ©e, le privilège reprĂ©sente une caractĂ©ristique positive de l’application de la loi, et non un obstacle Ă  celle-ci. « Nous sommes prĂ©occupĂ©s par le fait que cette caractĂ©ristique positive est trop souvent considĂ©rĂ©e comme un principe qui entraĂ®ne des procĂ©dures d’enquĂŞte longues ou difficiles, plutĂ´t que comme un principe fondamental de notre sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique et de la primautĂ© du droit », explique la lettre de l’ABC.