Mauvaise herbe croît toujours : consultation sur la légalisation de la marijuana

  • 23 septembre 2016

Il n’est pas aisĂ© de repenser le rĂ´le jouĂ© par la marijuana dans la vie de la population du Canada dans le contexte, notamment, de près d’un siècle d’ostracisme social et juridique et de la dualitĂ© de la nature de sa consommation qui est Ă  peine acceptĂ©e pour ses vertus mĂ©dicales et encore proscrite par le droit pĂ©nal dans les autres cas. Il est difficile pour toute personne hors du cercle de la consommation de ce produit de l’envisager en toute quiĂ©tude.

Et cela inclut le gouvernement fĂ©dĂ©ral. Les LibĂ©raux au pouvoir ont fait les manchettes avec leur promesse Ă©lectorale de lĂ©galisation de la consommation de la marijuana. Cependant, publiĂ©e cet Ă©tĂ©, la rĂ©ponse de l’ABC (disponible uniquement en anglais) Ă  un document de discussion souligne que la lĂ©galisation ne signifie pas nĂ©cessairement la dĂ©criminalisation, et que la première sans la seconde posera problème.

Le mĂ©moire de l’ABC contient un examen rĂ©flĂ©chi de diverses options de production, distribution, sĂ©curitĂ© et protection. Toutefois, l’une des recommandations les plus essentielles est sans doute celle aux termes de laquelle « le gouvernement fĂ©dĂ©ral (devrait) classer par ordre de prioritĂ© les objectifs qu’il souhaite atteindre et les problèmes qu’il souhaite rĂ©gler au moyen de la lĂ©galisation de la marijuana ».

Le mĂ©moire, rĂ©digĂ© par les sections du droit pĂ©nal, du droit municipal et du droit de la santĂ© commence par rappeler au lecteur que, depuis longtemps, l’ABC prĂ´ne la dĂ©criminalisation de la simple possession et culture de marijuana, et appuie une approche d’attĂ©nuation des dangers liĂ©s Ă  toutes les drogues afin que les consommateurs ne fassent pas nĂ©cessairement l’objet de sanctions pĂ©nales.

Alors que la lĂ©galisation [TRADUCTION] « reprĂ©sente un tournant fondamental dans l’approche du gouvernement fĂ©dĂ©ral envers la marijuana; changement intĂ©gralement appuyĂ© par l’ABC », le document de discussion ne fait aucune allusion au retrait de la marijuana de la Loi rĂ©glementant certaines drogues et autres substances, laissant penser que des sanctions pĂ©nales pourraient toujours ĂŞtre imposĂ©es.

[TRADUCTION] « Cette approche adoptĂ©e dans le Document de discussion pourrait ĂŞtre taxĂ©e de pas vers la “dĂ©criminalisation”. Cependant, Ă  notre avis, elle ne peut ĂŞtre correctement dĂ©crite comme une “lĂ©galisation”; vocable sous lequel elle a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e Ă  la population », affirment les sections de l’ABC. « La mise en place d’un nouveau rĂ©gime qui conserve la structure actuelle prĂ©vue dans la Loi rĂ©glementant certaines drogues et autres substances tout en permettant la poursuite des activitĂ©s connexes Ă  la marijuana par voie d’exceptions reconnues par la lĂ©gislation est problĂ©matique. »

Les sections de l’ABC renvoient Ă  une Ă©tude effectuĂ©e par le SĂ©nat sur la base de recherches qui suggèrent que la marijuana est moins nocive que l’alcool ou le tabac et qui concluent qu’elle devrait ĂŞtre rĂ©glementĂ©e par l’État « tout comme la bière et le vin ».

Selon les sections, il existe d’importantes distinctions entre la marijuana, l’alcool et le tabac, la moindre n’Ă©tant pas le juteux marchĂ© noir de la marijuana qui en augmente l’attrait pour certains des consommateurs de cette substance. Ceci Ă©tant dit, [TRADUCTION] « Ă  l’avenir, un mĂ©canisme de rĂ©glementation devrait couvrir la consommation, la distribution et la production de marijuana. Tout comme c’est le cas de la Loi sur la taxe d’accise applicable au tabac, un mĂ©canisme pourrait prĂ©voir des dĂ©lits assortis d’amendes et de sanctions appropriĂ©es ou d’autres sanctions applicables aux personnes qui choisissent de ne pas s’y conformer. […] L’ABC est convaincue que le droit pĂ©nal ne devrait pas viser la production, la consommation et la distribution de marijuana dans le contexte d’une approche de rĂ©glementation hors droit pĂ©nal adĂ©quate et appropriĂ©e ».

Les sections encouragent le gouvernement Ă  « dissocier » la consommation de marijuana pour des raisons mĂ©dicales de la consommation dite « rĂ©crĂ©ative », reconnaissant que cette dernière [TRADUCTION] « aura les rĂ©percussions les plus importantes sur l’Ă©ventail de produits disponibles, des avantages Ă©conomiques pour les consommateurs, rĂ©duira le marchĂ© illicite et ses Ă©normes coĂ»ts, ainsi que les risques ».

Il ne faudra pas oublier de tenir compte de l’Ă©limination de la structure de marchĂ© noir, y compris la reconversion des effectifs qui perdront leur emploi avec le dĂ©clin des opĂ©rations illicites, dans le contexte de l’Ă©laboration d’un nouveau cadre de rĂ©glementation, ni d’envisager la capacitĂ© des instances provinciales, territoriales et municipales Ă  appliquer toute nouvelle rĂ©glementation. Les sections recommandent l’Ă©largissement de l’utilisation du pardon ou mĂŞme une amnistie gĂ©nĂ©rale des personnes condamnĂ©es en vertu de la lĂ©gislation antĂ©rieure.

Elles ajoutent que  [TRADUCTION] « il faut Ă©viter que toute restriction soit si sĂ©vère qu’elle encouragera la crĂ©ation d’un autre marchĂ© noir de la marijuana. En tant que l’un des principaux avantages de la lĂ©galisation, ceci devrait ĂŞtre l’Ă©lĂ©ment essentiel qui rĂ©git toute restriction ».

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