Autorisation de la commission d’enquête sur les femmes autochtones portées disparues ou assassinées

  • 27 janvier 2016

Quelques jours après le discours du TrĂ´ne qui prĂ©sentait un gouvernement plus transparent et sensible, les LibĂ©raux ont tenu leur promesse Ă©lectorale de crĂ©er une commission d’enquĂŞte sur la question des femmes autochtones portĂ©es disparues ou assassinĂ©es.

La commission d’enquĂŞte aura lieu en deux Ă©tapes. Tout d’abord, la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, dĂ©clare que le gouvernement va consulter les familles des victimes, les organisations autochtones et les travailleurs de première ligne pour dĂ©terminer ce que la commission d’enquĂŞte doit viser Ă  accomplir. Ensuite, la commission d’enquĂŞte mĂŞme aura lieu. Selon Carolyn Bennett, ministre des  Affaires autochtones, elle devrait ĂŞtre annoncĂ©e au printemps.

Alors que les statistiques sont difficiles Ă  trouver, la GRC, en 2014, a dĂ©clarĂ© avoir recensĂ© près de 1 200 cas documentĂ©s de femmes et filles autochtones portĂ©es disparues ou assassinĂ©es entre 1980 et 2012. Un rapport des Nations Unies de 2015 a conclu que les femmes autochtones ont cinq fois plus de risques que les non autochtones de mourir de mort violente.

« Les victimes mĂ©ritent qu’on leur fasse justice et les familles, une occasion d’ĂŞtre entendues et d’apaiser leur douleur. Nous devons travailler ensemble pour mettre fin Ă  cette tragĂ©die qui continue », a dĂ©clarĂ© le premier ministre Justin Trudeau. La plateforme du parti a estimĂ© le coĂ»t d’une commission d’enquĂŞte Ă  environ 40 millions de dollars sur deux ans.

Madame Wilson-Raybould a déclaré que ce rapport ne finira pas oublié sous une couche de poussière.

[Traduction] « Il faut, pour s’amĂ©liorer, savoir ĂŞtre ouvert et pouvoir Ă©couter. Nous le comprenons parfaitement, et nous avons compris que cela ne peut ĂŞtre seulement qu’un rapport de plus », dit-elle.

Dans une dĂ©claration Ă©crite, le chef national de l’APN, Perry Bellegarde, a louĂ© cette annonce. [traduction] « Après des annĂ©es de dĂ©ni et de dĂ©viation, j’espère que nous pouvons faire de rĂ©els progrès pour atteindre la justice pour les familles et offrir sĂ©curitĂ© et sĂ»retĂ© Ă  tous et toutes. »

L’ABC est elle aussi ravie de constater que des mesures sont enfin prises Ă  ce sujet.

Dans une lettre en date de 2012 adressĂ©e au ministre de la Justice d’alors, Rob Nicholson, puis dans une  rĂ©solution de 2013 adoptĂ©e par le Conseil de l’ABC, l’Association a exhortĂ© le gouvernement Ă  faire tout son possible pour mettre un terme aux « cycles de violence intergĂ©nĂ©rationnels » Ă  l’encontre des femmes autochtones et pour convoquer une commission d’enquĂŞte sur la question.

En mars 2014, le ministre de la Justice d’alors, Peter MacKay a dĂ©clarĂ© [traduction] « la plus grosse erreur que nous pourrions commettre (Ă  l’Ă©gard de la question des femmes autochtones portĂ©es disparues ou assassinĂ©es) serait de consacrer plus de temps Ă  l’Ă©tudier ». L’actuelle chef du Parti conservateur, Rona Ambrose, dĂ©clare quant Ă  elle que le gouvernement fĂ©dĂ©ral agit comme il faut.

Et tandis que d’aucuns affirment que les fonds destinĂ©s Ă  la commission d’enquĂŞte seraient engagĂ©s Ă  meilleur escient pour amĂ©liorer les services de police et autres, on peut dire sans se tromper que très nombreux sont les personnes qui soutiennent avec force une commission d’enquĂŞte qui exposera les racines des problèmes endĂ©miques Ă  la source des cycles de violence intergĂ©nĂ©rationnels et offrira des solutions rĂ©alistes est solide et très rĂ©pandu.

[Traduction] « Il importe que la commission d’enquĂŞte soit exhaustive, financĂ©e correctement, axĂ©e sur des solutions et engagĂ©e envers la mise en Ĺ“uvre des solutions dĂ©terminĂ©es », dĂ©clare AimĂ©e Craft, ancienne prĂ©sidente de la Section du droit des autochtones.

« Elle doit ĂŞtre sensible aux besoins des familles et des communautĂ©s qui ont souffert et continuent Ă  souffrir. Elle doit en outre pouvoir tenir compte des expĂ©riences des femmes et des filles autochtones, de leur vĂ©cu d’un racisme systĂ©mique, et viser Ă  prĂ©venir tout prĂ©judice supplĂ©mentaire et Ă  venir. Parmi ce que certains pourraient considĂ©rer comme les principes directeurs de la commission d’enquĂŞte notons l’assurance que toute vie sera considĂ©rĂ©e comme prĂ©cieuse au mĂŞme titre, que rien dans l’expĂ©rience des femmes et des familles autochtones ne sera exclu du processus et que les hypothèses des inĂ©galitĂ©s sociales et du colonialisme qui se poursuivent seront reconnues . »

[Traduction]  « Il n’y aura pas de remède miracle », a rĂ©cemment dĂ©clarĂ© la prĂ©sidente de l’Association des femmes autochtones du Canada, Dawn Lavell Harvard. « Cependant, parce qu’il s’agit d’un problème systĂ©mique touchant au bien-ĂŞtre des enfants, aux services de police et aux services correctionnels, toutes ces institutions doivent ĂŞtre examinĂ©es. »