Pleins feux sur les retards dans les tribunaux

  • 11 mai 2017

Les retards accusĂ©s par le système judiciaire sont l’un des sujets clĂ©s sur lesquels l’ABC a axĂ© ses efforts de reprĂ©sentation Ă  date en 2017. Cela comprend le besoin urgent que le gouvernement fĂ©dĂ©ral pourvoie les postes de juges vacants afin de rĂ©duire les dĂ©lais avant la tenue des procès, plus particulièrement Ă  la lumière de l’arrĂŞt rendu par la Cour suprĂŞme dans l’affaire Jordan.

En mĂŞme temps, dans certains cercles, les enquĂŞtes prĂ©liminaires sont sous le microscope, accusĂ©es de contribuer au retard du traitement des dossiers par les tribunaux. L’ABC n’est pas d’accord avec cette position et a Ă©crit Ă  la ministre fĂ©dĂ©rale de la Justice pour dĂ©fendre la rĂ©tention des enquĂŞtes prĂ©liminaires.

Cela a signifiĂ© que depuis janvier, les membres de l’ABC, et plus particulièrement notre prĂ©sident RenĂ© Basque, ont dĂ» frĂ©quemment expliquer notre position tant au gouvernement fĂ©dĂ©ral qu’au grand public, au moyen de divers mĂ©dias. Le prĂ©sident de la Section du droit pĂ©nal de l’ABC a rĂ©digĂ© une chronique publiĂ©e sur le site nationalmagazine.ca, et le personnel des Communications et de LĂ©gislation et rĂ©forme du droit, a dressĂ© une liste des 10 meilleures façons de rĂ©duire les retards dans les tribunaux; liste qui a Ă©tĂ© reproduite Ă  maintes reprises.

Au QuĂ©bec, un certain nombre de dossiers très en vue ont Ă©tĂ© rejetĂ©s en raison du temps qu’il leur a fallu pour saisir les tribunaux. En avril, le prĂ©sident de la Division du QuĂ©bec, Stephane Lacoste, a rĂ©digĂ© une chronique publiĂ©e dans Le Devoir demandant aux lecteurs de ne pas blâmer les juges et les avocats pour les retards qui se traduisent par le rejet d’affaires très en vue.

Il semble que les appels de l’ABC ne soient pas tombĂ©s dans l’oreille de sourds puisque la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, s’exprimant dans Le Devoir Ă  peine quelques jours plus tard, a dĂ©clarĂ© que le problème des dĂ©lais encourus avant la tenue des procès est une prĂ©occupation croissante depuis plus de 30 ans et que la solution doit ĂŞtre trouvĂ©e par les gouvernements fĂ©dĂ©ral, provinciaux et territoriaux travaillant en collaboration. Elle a soulignĂ© que le problème est trop complexe pour ĂŞtre rĂ©glĂ© par une simple dotation des postes de juges vacants et qu’il est encore compliquĂ© par le fait que chaque province a ses propres problèmes.

« Comme la Cour suprĂŞme elle-mĂŞme l’a Ă©noncĂ© dans l’affaire Jordan, un changement de culture au sein du système de justice pĂ©nale est nĂ©cessaire afin que cesse la complaisance en matière de dĂ©lais », a Ă©crit Madame Wilson-Raybould. « Cela requiert une nouvelle approche de la part de tous les intervenants. »

Le prĂ©sident Basque a adressĂ© une lettre aux ministres de la Justice au palier fĂ©dĂ©ral, provincial et territorial avant leur rĂ©union du 29 avril, les exhortant Ă  prendre rapidement des mesures concernant la nomination des juges et Ă  ne pas prendre de dĂ©cision trop rapide Ă  l’Ă©gard des enquĂŞtes prĂ©liminaires. Il a en outre proposĂ©, Ă  titre de directive, la Liste des 10 meilleures façons de rĂ©duire les retards dans les tribunaux.

« [L]’arrĂŞt Jordan rendu par la Cour suprĂŞme a portĂ© Ă  l’avant-scène un problème chronique dans l’ensemble du Canada. Il souligne la nĂ©cessitĂ© de l’adoption d’une approche de la rĂ©forme du système de justice pĂ©nale qui soit exhaustive, ancrĂ©e dans les faits et fondĂ©e sur diverses mesures telles que celles suggĂ©rĂ©es dans notre Liste des 10 meilleures façons de rĂ©duire les retards des tribunaux », a-t-il Ă©crit.

« Depuis la publication de l’arrĂŞt, le public craint de plus en plus que des accusations sĂ©rieuses ne soient suspendues et que des accusĂ©s ne soient libĂ©rĂ©s en toute impunitĂ©. Cette inquiĂ©tude lĂ©gitime au sujet des retards de la justice pĂ©nale a rouvert le dĂ©bat sur l’enquĂŞte prĂ©liminaire. Ă€ notre avis, tout Ă©lĂ©ment de preuve voulant que les retards dans les tribunaux soient causĂ©s par l’enquĂŞte prĂ©liminaire est, au mieux, spĂ©culatif. »

Les ministres ont convenu qu’il Ă©tait nĂ©cessaire d’adopter une approche collaborative pour rapidement traiter le problème. Ils ont dĂ©terminĂ© plusieurs domaines de politique devant faire l’objet d’un examen plus approfondi, dont un certain nombre figurent sur la liste dressĂ©e par l’ABC.

Les sous-ministres se rencontreront en juin pour axer leurs efforts sur les changements lĂ©gislatifs, ont dĂ©clarĂ© les ministres Ă  l’issue de leur rĂ©union. Reconnaissant l’urgence de la situation, ces derniers ont en outre avancĂ© au mois de septembre leur rĂ©union prĂ©vue pour octobre.

L’ABC a dĂ©clarĂ© ĂŞtre convaincue que pour rĂ©aliser un changement significatif et efficace, il faudra que les gouvernements fĂ©dĂ©ral, provinciaux et territoriaux collaborent entre eux et avec d’autres intervenants du système de justice pĂ©nale. Elle dit avoir hâte de faire des apports Ă  la discussion sur le fond.