Un aperçu de l’accord de libre-échange canadien

Remarque : Cet article a initialement Ă©tĂ© publiĂ© sur le site Web du cabinet Miller Thomson. Il est reproduit avec l’autorisation des auteurs.

Par Lampros Stougiannos et Gideon Bell

Le vendredi 7 avril 2017, les gouvernements fĂ©dĂ©ral, provinciaux et territoriaux ont conclu leurs nĂ©gociations sur l’Accord de libre-Ă©change canadien ALEC »). Cet accord, qui entrera en vigueur le jour mĂŞme du 150e anniversaire du Canada, remplacera l’Accord de 1995 sur le commerce intĂ©rieur ACI »).

Vers une économie canadienne plus concurrentielle et plus intégrée

L’ALEC a pour objet de promouvoir une meilleure cohĂ©rence et une plus grande collaboration au sein de l’Ă©conomie canadienne en matière de rĂ©glementation, tout en alignant les engagements relatifs au commerce intĂ©rieur avec les accords commerciaux internationaux signĂ©s par le Canada. L’ALEC Ă©limine les obstacles au commerce intĂ©rieur en favorisant la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux entre les provinces et les territoires au Canada. Il assurera Ă©galement le traitement non-discriminatoire des travailleurs, des biens, des services et des capitaux, d’oĂą qu’ils proviennent au Canada.

De plus, l’ALEC Ă©largit et amĂ©liore la portĂ©e de l’ACI. Ainsi, l’ACI avait comme objectif d’Ă©liminer les obstacles au commerce dans 11 secteurs spĂ©cifiques : marchĂ©s publics, investissements, mobilitĂ© de la main-d’Ĺ“uvre, mesures et normes en matière de consommation, produits agricoles et produits alimentaires, boissons alcooliques, transformation des ressources naturelles, Ă©nergie (aucune mesure de mise en Ĺ“uvre n’avait Ă©tĂ© prise pour ce secteur), communications, transports et protection de l’environnement. Par contre, l’ALEC s’applique automatiquement Ă  tout investissement, au commerce des biens et services ainsi qu‘aux activitĂ©s commerciales dans les provinces et territoires, Ă  l’exception des exemptions spĂ©cifiques s’appliquant Ă  l’un des gouvernements qui sont parties Ă  cet accord. L’ALEC Ă©numère au total 144 exemptions, notamment certains volets du secteur de l’Ă©nergie, du dĂ©veloppement des ressources naturelles et du commerce des boissons alcooliques.

Sur quoi l’ALEC porte-t-il ?

L’ALEC Ă©tablit un cadre global visant Ă  contribuer Ă  la mise en place d’un marchĂ© intĂ©rieur plus ouvert, plus efficace et plus stable. InspirĂ© des engagements du Canada contractĂ©s dans l’Accord de libre-Ă©change nord-amĂ©ricain et dans l’Accord Ă©conomique et commercial global entre le Canada et l’Union europĂ©enne, le principe fondamental de l’ALEC est celui de la non-discrimination. Les gouvernements membres n’ont pas le droit d’accorder un traitement prĂ©fĂ©rentiel relativement aux biens, services, capitaux et travailleurs dans leur province ou territoire au Canada au dĂ©triment d’une autre province ou d’un autre territoire au pays. En outre, l’ALEC vise Ă  retrancher les règlements qui gĂŞnent ou empĂŞchent la libre circulation des biens, services et capitaux au Canada.

Non seulement l’ALEC a-t-il pour objet d’Ă©liminer les mesures rĂ©glementaires qui constituent des entraves au commerce, mais cet accord entend promouvoir une intĂ©gration plus grande entre les provinces et les territoires relativement Ă  certaines mesures rĂ©glementaires, notamment la protection des consommateurs et des travailleurs, la santĂ© et la sĂ©curitĂ©, de mĂŞme que la protection de l’environnement. Par l’entremise d’un système de notification, de rĂ©conciliation et de collaboration, les membres coordonneront leurs efforts et consulteront le public pour s’assurer qu’aucun nouveau règlement mis en place n’ait un « impact significatif » sur le commerce ou les investissements au Canada.

En ce qui a trait aux marchĂ©s publics, l’ALEC Ă©nonce des règles dĂ©taillĂ©es pour assurer la mise en place d’un cadre plus transparent, plus Ă©quitable et plus efficace. Sous rĂ©serve d’exceptions pour certains secteurs, tel qu’indiquĂ© plus haut, les gouvernements membres se sont engagĂ©s Ă  ce que les entrepreneurs canadiens soient en mesure de fournir leurs services partout au Canada, et ce, sans ĂŞtre confrontĂ©s Ă  des obstacles, qu’il s’agisse de dispositions en matière de contenu local ou d’exigences discriminatoires en matière d’octroi de licences.

Les chapitres de l’ALEC consacrĂ©s au règlement des diffĂ©rends, Ă  la mobilitĂ© de la main-d’Ĺ“uvre et Ă  la protection de l’environnement empruntent largement aux dispositions semblables contenues dans l’ACI. Pour sa part, le processus de règlement des diffĂ©rends a fait l’objet d’une rationalisation administrative et d’une rationalisation des procĂ©dures. De plus, les pĂ©nalitĂ©s maximales ont Ă©tĂ© augmentĂ©es Ă  10 millions de dollars pour les gouvernements qui contreviennent Ă  l’ALEC. Les chapitres relatifs Ă  la mobilitĂ© de la main-d’Ĺ“uvre et Ă  la protection de l’environnement reprennent les mĂŞmes thèmes que ceux contenus dans l’ACI. Ainsi, le chapitre sur la mobilitĂ© de la main-d’Ĺ“uvre favorise une mobilitĂ© accrue dans les professions rĂ©glementĂ©es, alors que le chapitre sur la protection de l’environnement dĂ©fend une idĂ©e du commerce durable qui privilĂ©gie la prĂ©servation des ressources et l’attĂ©nuation de l’impact des changements climatiques.

Dans les six mois Ă  un an suivant son entrĂ©e en vigueur le 1er juillet 2017, les gouvernements membres discuteront de la possibilitĂ© d’inclure, entre autres, les services financiers et le commerce des boissons alcooliques au cadre de l’ALEC.

Lampros Stougiannos est un associé et Gideon Bell, au moment de la parution initiale de cet article, était stagiaire du cabinet Miller Thomson.