Succès retentissant de la table ronde du Forum des avocates sur l’équité salariale

  • 05 mai 2021
  • Grace Cleveland

Le 21 avril 2021, le Forum des avocates de l’Association du Barreau canadien a tenu sa très attendue Table ronde sur l’Ă©quitĂ© salariale dans la profession juridique, une activitĂ© virtuelle en deux volets qui comportait un webinaire suivi de sĂ©ances en groupes de discussion. Faisant partie d’un projet de recherche national conçu pour recueillir des donnĂ©es au sujet des expĂ©riences et des perceptions des juristes canadiens, et des possibles solutions qu’ils proposent aux Ă©carts salariaux fondĂ©s sur le sexe dans les lieux de travail juridiques, la Table ronde a Ă©tĂ© un franc succès!

Au volet webinaire de l’activitĂ©, animĂ© par la journaliste Robyn Doolittle du Globe & Mail, participaient d’extraordinaires confĂ©rencières de premier plan. Christina Blacklaws (directrice, Blacklaws Consulting et ancienne prĂ©sidente de la Law Society of England and Wales) a donnĂ© un aperçu des travaux rĂ©alisĂ©s outre-Atlantique pour lutter contre l’inĂ©galitĂ© au moyen de solutions lĂ©gislatives. Destiny Peery (consultante principale, The Red Bee Group; enquĂŞtrice principale, American Bar Association Commission on Women in the Profession, et membre de la National Association of Women Lawyers, Chicago, États-Unis) a parlĂ© du travail d’enquĂŞte rĂ©alisĂ© par les associations du barreau amĂ©ricain et les groupes de pression pour dĂ©terminer et quantifier le problème de l’inĂ©galitĂ© salariale aux États-Unis. Danielle Bisnar (associĂ©e, Cavalluzzo LLP) a parlĂ© de son expĂ©rience en tant qu’avocate spĂ©cialisĂ©e en droits Ă  l’Ă©galitĂ© en Ontario et de la manière dont elle s’en est servie pour aborder la question de l’inĂ©galitĂ© salariale d’un point de vue multisectoriel. Karen Jensen (commissaire fĂ©dĂ©rale Ă  l’Ă©quitĂ© salariale du Canada) a prĂ©sentĂ© de manière gĂ©nĂ©rale l’importance de la mise en Ĺ“uvre de la Loi sur l’Ă©quitĂ© salariale qui va bientĂ´t entrer en vigueur.

La conversation a Ă©tĂ© lancĂ©e avec un aperçu de certaines des questions actuelles qui se traduisent par une rĂ©munĂ©ration infĂ©rieure pour les femmes par rapport Ă  celle des hommes, Ă  commencer avec les rĂ©percussions sur les avocates des plus vastes attentes de la sociĂ©tĂ© Ă  l’Ă©gard des femmes en tant que proches aidantes, et la manière dont cela limite les sortes de possibilitĂ©s qui s’ouvrent Ă  elles. Madame Doolittle a fourni une anecdote tirĂ©e d’une entrevue qu’elle a eue avec un associĂ© dans un grand cabinet qui a dit que lorsqu’il dĂ©cide Ă  quel avocat confier un dossier important, il prĂ©fère un homme plutĂ´t qu’une femme mariĂ©e ou pouvant avoir des enfants pour Ă©viter le risque qu’elle puisse tomber enceinte et ainsi perturber les travaux sur le dossier.

Le fait que les avocates et les avocats travaillent parfois diffĂ©remment constitue un autre problème. Les membres du groupe de discussion ont convenu que lorsque la rĂ©munĂ©ration dĂ©pend des clients que vous trouvez pour le cabinet et lorsque les dossiers sont rĂ©partis en fonction des relations personnelles, cela peut nuire Ă  votre travail si vous ne pouvez ou ne souhaitez pas aller boire un verre avec vos collègues et clients après une journĂ©e de 12 heures de travail ou aller jouer au golf avec eux pendant un weekend. De mĂŞme, les avocates se voient frĂ©quemment confier, ou l’on s’attend d’elles Ă  ce qu’elles acceptent, une plus grande quantitĂ© de travail non facturable que ce n’est le cas pour leurs homologues masculins.

Un manque de transparence constitue une autre difficultĂ©. L’une des intervenantes a indiquĂ© qu’il est difficile d’aborder ces questions et d’y remĂ©dier lorsque personne ne souhaite rĂ©vĂ©ler les montants rĂ©els. Une autre a ajoutĂ© que nombre d’entre nous sont conditionnĂ©es dès le plus jeune âge Ă  ne pas rĂ©vĂ©ler ce que nous gagnons et, dans d’autres cas, sont strictement muselĂ©es par leur contrat de travail quant Ă  la rĂ©vĂ©lation Ă  des personnes de mĂŞme niveau professionnel de tout renseignement concernant leurs traitements. Tous ces facteurs se combinent pour compliquer la tâche de connaĂ®tre exactement l’ampleur de l’inĂ©galitĂ© salariale au Canada.

Les discussions ont ensuite portĂ© sur des possibles solutions. Au niveau des cabinets, il est fondamental d’encourager un changement de culture et d’encourager les hommes Ă  prendre le congĂ© parental tout autant que les femmes. En outre, les cabinets devraient envisager de motiver, de reconnaĂ®tre et de rĂ©munĂ©rer les personnes qui effectuent un travail non facturable de mentorat des juristes moins chevronnĂ©s. Ils devraient contribuer Ă  la rĂ©tention en Ă©tablissant un climat dans lequel les avocates puissent envisager de rester Ă  long terme. Les dirigeants de cabinets doivent Ă©galement apprendre que la diversitĂ© est un atout. En d’autres termes, c’est très souvent ce que les clients veulent voir.

Les juristes peuvent aussi contribuer en tant que personnes en se servant de leur privilège pour lancer des actions collectives. Nous pouvons Ĺ“uvrer au sein de nos associations du barreau et nos ordres professionnels respectifs pour exiger la divulgation dans un premier temps. Nous pouvons plaider notre propre cause en nous informant au sujet des protections juridiques Ă  notre disposition. Cependant, comme l’a fait remarquer l’une des confĂ©rencières, en fin de compte, nous devons rester braves car c’est Ă  nous qu’il revient de faire les efforts. Une autre des confĂ©rencières a indiquĂ© qu’il s’agit d’un domaine dans lequel les lois sur l’Ă©quitĂ© salariale peuvent aider en faisant peser la responsabilitĂ© sur les employeurs au lieu des employĂ©s.

Le volet webinaire de l’activitĂ© s’est conclu sur une note Ă  la fois positive et prometteuse. Plus de 70 dĂ©lĂ©guĂ©es de tout le Canada se sont ensuite rĂ©parties en petits groupes de discussion pour parler de leurs expĂ©riences personnelles en matière d’inĂ©galitĂ© salariale fondĂ©e sur le sexe. Les questions portaient sur des sujets comme l’importance que revĂŞt la transparence Ă  leurs yeux, la relation qu’elles ont constatĂ© entre le congĂ© parental et la rĂ©munĂ©ration, et ce qu’elles pensent que les lieux de travail et les personnes peuvent faire pour amĂ©liorer l’Ă©quitĂ© salariale. Un sondage individuel a suivi ces sĂ©ances. Les rĂ©ponses anonymes produites par les sĂ©ances et le sondage feront partie du rapport du Forum des avocates de l’ABC sur l’Ă©quitĂ© salariale dans la profession juridique. De plus amples dĂ©tails seront communiquĂ©s au fil de la progression des travaux dans ce domaine important!


Grace Cleveland est avocate chez Cleveland Doan LLP Ă  White Rock (Colombie-Britannique).