Habiliter les femmes, et l’économie, grâce à des services de garde d’enfants de qualité

  • 12 mars 2018
  • Debbie A. Douglas

Il a été démontré que la participation des femmes à la population active stimule l’économie, tout comme des services de garde d’enfants abordables et accessibles stimulent la participation des femmes à la population active. Ainsi, il appert que de meilleurs services de garde d’enfants peuvent mener à une meilleure économie globale.

La Commission royale d’enquête sur la situation de la femme du Canada a recommandé pour la première fois en 1970 la mise en place d’un programme universel de garde d’enfants. Bien qu’un tel programme ait été examiné et recommandé à maintes reprises depuis lors (article en anglais seulement), nous ne sommes pas plus près d’en avoir un que nous l’étions il y a près de cinquante ans.

L’une des raisons les plus souvent évoquées pour expliquer l’écart salarial persistant et bien documenté entre les deux sexes est le fait que les femmes soient les principales responsables de l’éducation des enfants et qu’elles se retirent par conséquent plus souvent de la population active que les hommes, et pour de plus longues périodes. Comme le dit si bien Gordon Cleveland, du Broadbent Institute, [TRADUCTION] « les femmes doivent composer avec les effets professionnels négatifs de l’éducation de leurs enfants. Cet ensemble d’enjeux est souvent décrit comme un problème dans l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale. Pour les femmes, la famille et le travail sont souvent en conflit ». 

En moyenne, les femmes gagnent moins que les hommes. Elles occupent les emplois les moins bien payés et les moins stables tout en ayant la plus grande part de responsabilité des travaux ménagers et de l’éducation de leurs enfants. Leur plus grand défi consiste alors à trouver l’équilibre entre une pleine participation à la population active (ce que la plupart des femmes souhaitent et doivent faire) et leur rôle traditionnel à la maison.

Un programme universel de garde d’enfants offrant des services de qualité accessibles et abordables aiderait les femmes à trouver cet équilibre, indépendamment de la position qu’elles s’occupent sur l’échelle des revenus, mais s’avèrerait particulièrement utile pour celles se trouvant au bas de l’échelle, pour qui les revenus ne couvrent peut-être pas les frais de garde d’enfants, surtout dans les métropoles canadiennes. À Toronto, les services de garde d’enfants peuvent coûter jusqu’à 19 788 dollars par année pour un jeune enfant, selon une étude (article en anglais seulement) du Centre canadien de politiques alternatives. Une famille de Toronto qui a un tout-petit et un enfant d’âge préscolaire paiera 28 000 dollars par année pour se prévaloir de ce service, ce qui représente environ la moitié du revenu médian après impôt d’une famille dans cette ville, affirme l’étude.

En 1998, la province de Québec a mis sur pied un programme public de garde d’enfants s’adressant à 70 pour cent de la population au coût actuel de sept dollars par jour. À Montréal, par exemple, le coût moyen est de 164 dollars par mois. De ce fait, il y a eu une augmentation importante des femmes dans la population active et dans les programmes d’études postsecondaires en comparaison avec le reste du Canada. Bien que la Colombie-Britannique ait récemment annoncé un plan de mise en œuvre pour un programme universel de garde d’enfants à dix dollars par jour, ces deux provinces sont des anomalies lorsque l’on évoque la possibilité de faire des services de garde d’enfants accessibles et abordables une politique gouvernementale.

[TRADUCTION] « Des services de garde d’enfants abordables et de bonne qualité (ainsi qu’une évolution de rôle des hommes) devraient réduire les effets adverses de la maternité sur les salaires, permettre aux femmes d’occuper une part plus importante des postes de haute direction dans l’économie et encourager les filles à imaginer de plus vastes horizons », a écrit Gordon Cleveland dans un billet de bloque du Broadbent Institute.

Les services de garde d’enfants abordables ne devraient pas être vus comme un privilège, mais un droit. Comme l’a écrit Daphne Bramham, chroniqueuse de la Coalition of Child Care Advocates of British Columbia, [TRADUCTION] « les enfants seraient les plus grands bénéficiaires de ces services de garde, aussi bien à court terme qu’à long terme. Des études démontrent que les enfants qui ont accès à une éducation dès la petite enfance sont plus en santé, ont une meilleure éducation à l’âge adulte, sont moins enclins à se prêter à des activités criminelles et sont plus susceptibles d’avoir un revenu plus élevé. Expliqué de façon directe, cela se traduit par un plus grand nombre de contribuables de qualité ».

Un programme universel de garde d’enfants ne stimule pas seulement le flux de ressources dans les familles, mais rehausse la qualité du travail dont les femmes peuvent s’occuper tout en améliorant les résultats nets des entreprises qui les embauchent. Les secteurs privé et public doivent introduire progressivement les congés parentaux et promouvoir des horaires de travail flexibles afin d’en faire une politique sociale. Cela apporterait une stabilité économique accrue et une mobilité sociale plus ciblée, en plus d’augmenter la sécurité sociale des enfants. Par conséquent, c’est sans surprise que nous constations que les avantages générationnels d’un programme universel de garde d’enfants l’emportent sur les coûts d’un investissement potentiel.

Debbie A. Douglas est une étudiante membre du Forum des avocates