Incertaine de la façon de communiquer

  • 12 avril 2022

Chère Advy, 

Mon assistant juridique me prĂ©occupe. Son comportement en gĂ©nĂ©ral et un lĂ©ger changement de sa personnalitĂ© m’amènent Ă  croire qu’il passe Ă  travers une pĂ©riode difficile sur le plan personnel. Je devrais expliquer que j’ai tendance Ă  ĂŞtre une personne sĂ©rieuse. Bien que je fasse de mon mieux pour ĂŞtre amicale et professionnelle, j’essaie de ne pas m’immiscer dans la vie personnelle des gens qui m’entourent. MĂŞme si cette approche m’a toujours bien servie par le passĂ©, je suis prĂ©occupĂ©e par la possibilitĂ© de le perdre si je ne fais rien pour me rapprocher un peu de lui. Son travail n’en a pas du tout souffert et il est sans doute l’un des meilleurs assistants que je n’aie jamais eus, mais je ne suis pas convaincue de savoir comment entamer ce type de conversation sans avoir l’air de critiquer son rendement et ajouter une couche de plus Ă  sa dĂ©tresse.

Sincèrement,
Incertaine-de-la-façon-de-communiquer


Chère Incertaine-de-la-façon-de-communiquer,

Nous traverserons tous dans notre vie des moments oĂą les choses tombent parfaitement en place et des moments oĂą rien ne semble fonctionner. Très souvent, cela se voit dans le travail que nous produisons. Si tel Ă©tait le cas avec votre assistant, alors, en tant qu’employeur, vous auriez raison de lui en parler. Une approche douce oĂą vous lui montrez que vous vous souciez rĂ©ellement de lui peut faire des miracles, mais s’il ne veut pas parler de ses problèmes, vous pouvez vous concentrer sur les questions entourant son travail. J’y reviendrai dans un instant.

S’il n’y a pas eu de baisse de rendement dans son travail, il a le droit de vous dire que ce ne sont pas vos affaires. La plupart d’entre nous (tous, j’espère) se prĂ©occupent de leur rendement. Peu importe la raison, quand notre patron nous ramène Ă  l’ordre, nous avons souvent l’impression d’ĂŞtre convoquĂ©s au bureau du directeur. S’il n’y a pas de problème de rendement, une première Ă©tape pourrait ĂŞtre d’assurer Ă  cette personne que la convocation n’a aucun lien avec son rendement. Vous vous souciez de cette personne et son bien-ĂŞtre vous prĂ©occupe.

MĂŞme avec les propos les plus rassurants qui soient, cependant, certaines conversations sont simplement difficiles. Une partie de votre travail de juriste consiste Ă  modifier votre propre attitude pour Ă©tablir des liens avec les autres. Vous pouvez vous rĂ©fĂ©rer Ă  ma rĂ©ponse Ă  une question concernant les conversations difficiles pour obtenir des conseils, mais en tant que juriste, vous savez rĂ©soudre des problèmes. Une chose difficile Ă  assimiler est que certaines personnes ne cherchent pas de solution, elles veulent simplement pouvoir s’exprimer. Ainsi, si votre employĂ© s’ouvre Ă  vous, il est important de clarifier votre rĂ´le dans ce processus et de lui demander s’il veut votre aide ou vos conseils avant de les lui donner. Ceci est particulièrement important, car les conseils sur des questions personnelles peuvent souvent, et involontairement, ressembler Ă  un sermon.

Si des problèmes de rendement commencent Ă  se manifester, il se pourrait que ce soit le rĂ©sultat de tout ce qui se passe dans sa vie. En lui offrant l’occasion de parler, vous pourrez aborder le sujet de la gestion du rendement et potentiellement en traiter la cause, et pas seulement les symptĂ´mes. En tant que juriste, cependant, vous faites affaire dans le domaine de la gestion des risques et, en fin de compte, tout travail mĂ©diocre ou mauvais qu’effectuent des juristes ou leurs assistants prĂ©sente un risque. D’une façon ou d’une autre, vous devez gĂ©rer le rendement, mais si vous pouvez aider votre employĂ© en mĂŞme temps, votre compassion jettera les bases d’une bonne relation de travail. D’ailleurs, ce que vous dĂ©crivez est en quelque sorte l’envers de la mĂ©daille d’une lettre reçue en juin. Il vaut peut-ĂŞtre la peine d’y jeter un coup d’Ĺ“il pour avoir un aperçu de ce que ressent votre assistant.

En fin de compte, vos employĂ©s, vos collègues et les gens qui vous entourent n’ont en rien l’obligation de s’ouvrir Ă  vous et de vous raconter leurs problèmes. NĂ©anmoins, ces personnes sont souvent lĂ  pour Ă©couter et parfois pour prodiguer des conseils Ă©clairĂ©s (sollicitĂ©s ou non). Si elles ne veulent pas parler, et qu’il n’y a pas de problème de rendement, vous devez respecter leur choix. Faites-leur savoir que vous ĂŞtes lĂ  pour elles, mĂŞme si c’est seulement pour les Ă©couter.

Prenez bien soin de vous.
Advy

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