Fatigué-de-la-techno

  • 12 mai 2023

Chère Advy,

Je ne dirais pas que je suis un avocat âgĂ©, mais puisque je suis un associĂ© de mon cabinet depuis un certain temps, je dois certainement prĂ©tendre au titre. Mon cabinet attache beaucoup d’importance Ă  la technologie et est passionnĂ© par l’introduction de nouveaux types de logiciels et d’applications qui « nous aideront » Ă  ĂŞtre plus efficaces dans notre travail. Je ne suis en rien un technophobe, mais l’apprentissage de nouveaux logiciels et de multiples plateformes de rĂ©union me gruge beaucoup de mon temps, ce que je trouve très stressant. Je sais que je ne suis pas le seul Ă  avoir des problèmes, mais je suis souvent la personne qui se plaint dans ces types de situations. Avez-vous des suggestions Ă  me donner sur la façon d’aborder cette question sans ĂŞtre vu comme quelqu’un qui rĂ©siste au changement?

Sincères salutations,
Fatigué-de-la-techno


Cher Fatigué-de-la-techno,

Vous n’ĂŞtes pas seul! Plusieurs juristes sont confrontĂ©s Ă  des dĂ©fis semblables. Comme pour toute profession, les juristes trouvent l’adaptation aux technologies de plus en plus nĂ©cessaire pour rester concurrentiels et efficaces dans leur travail. Avec le rythme en croissance constante des innovations technologiques, il est plus important que jamais pour les juristes de rester au fait des nouvelles Ă©volutions pour mieux servir leurs clients. Comme vous le savez probablement, les technologies changent la profession juridique grâce Ă  l’automatisation de nombreuses tâches routinières, mais elles changent aussi la façon dont les juristes communiquent entre eux et avec les clients. La visioconfĂ©rence est devenue monnaie courante dans le monde depuis la COVID-19. La formation et le soutien social au sein de toute organisation sont essentiels pour surmonter les problèmes liĂ©s aux nouvelles technologies, comme le stress des utilisateurs, l’Ă©puisement professionnel, etc.

  1. Envisagez de demander Ă  votre cabinet de crĂ©er des façons d’apprendre et d’explorer les nouvelles technologies en rĂ©duisant le plus possible les risques. Il est souvent beaucoup plus facile d’apprendre Ă  utiliser des technologies comme Facebook, car les erreurs que nous commettons n’ont que des consĂ©quences assez minimes. En revanche, une maladresse qui effacerait tous les dossiers de vos comptes en fiducie n’entrerait pas dans la mĂŞme catĂ©gorie. Dans le cas d’un logiciel de gestion des causes, par exemple, voyez si le cabinet peut crĂ©er un fichier d’affaires factices pour que vous puissiez vous familiariser un peu avec son fonctionnement.
     
  2. Vous pouvez peut-ĂŞtre demander une formation supplĂ©mentaire pour vous ou pour votre assistant ou assistante. Si cette personne a des compĂ©tences en technologie, elle pourrait ĂŞtre en mesure de vous aider tout au long de votre apprentissage et d’ĂŞtre une ressource supplĂ©mentaire.
     
  3. Souvent, les problèmes de technologie ne sont pas des problèmes avec les technologies en tant que telles, mais plutĂ´t avec les angles morts des humains qui ont construit ou mis en Ĺ“uvre ces technologies. Une critique valable Ă  l’Ă©gard des services de police qui utilisent l’IA pour prĂ©dire les endroits oĂą les crimes vont se produire est que l’IA utilise des donnĂ©es compilĂ©es par des humains qui sont biaisĂ©es en raison de l’historique des interventions policières Ă  certains endroits (ou avec certaines personnes) par le passĂ©. L’un des problèmes de l’adaptation aux nouvelles technologies lorsque vous ĂŞtes plus âgĂ© est qu’il y a toujours la possibilitĂ© que, lorsque cela ne fonctionne pas, la raison soit que vous n’ĂŞtes pas assez futĂ©. C’est aussi la raison pour laquelle vous avez l’impression d’ĂŞtre inepte chaque fois que vous interagissez avec ce logiciel, ce qui complique encore plus votre apprentissage. La redĂ©finition de ce phĂ©nomène ne vous donne pas le droit de jeter le blâme du problème sur toutes les autres personnes, mais il s’agit d’une bonne manière de faire un mĂ©nage cognitif afin de vous permettre d’acquĂ©rir ces nouvelles compĂ©tences.

Le fait que des juristes moins chevronnĂ©s apprennent plus rapidement que vous ne signifie pas qu’ils sont plus intelligents que vous. Cela signifie que vous acquerrez ces compĂ©tences en les comparant Ă  ce que vous avez vĂ©cu, alors qu’ils ont moins de contexte pour faire une comparaison. Ces deux voies d’apprentissage sont toutes deux tout aussi prĂ©cieuses. Les gens qui sont nĂ©s Ă  l’ère des technologies peuvent Ă©videmment maĂ®triser les nouvelles technologies plus rapidement, tout comme les enfants apprennent des langues sans sembler dĂ©ployer d’efforts. Cependant, les personnes qui sont Ă©trangères aux technologies (comme vous) peuvent en repĂ©rer plus facilement les angles morts de la technologie et trouver des moyens de mieux s’y adapter du fait qu’elles sont en mesure d’Ă©tablir davantage de comparaisons. Certains auteurs, comme Adam Grant, parlent de cette capacitĂ© comme d’une « intelligence cristallisĂ©e ». Ce logiciel de gestion des causes est formidable jusqu’Ă  ce que vous vous rendiez compte que la technologie obsolète du palais de justice ne vous permettra pas de projeter un fichier PDF contenant vos Ă©lĂ©ments de preuve en plein contre-interrogatoire devant le tribunal. Ce n’est pas un problème avec la technologie. Le problème est que la personne qui a mis au point cette technologie supposait que chaque environnement technologique dans lequel vous l’utiliseriez serait le mĂŞme que celui du cabinet oĂą vous travaillez. Vous n’ĂŞtes pas rĂ©fractaire au progrès, vous remettez en question des postulats.

Prenez bien soin de vous.
Advy

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