Constat : la mesure dans laquelle le droit international humanitaire reflète les principales religions du monde

  • 20 mai 2021
  • Bo Kruk

Nombreuses sont les personnes qui disent du droit international moderne qu’il est « le phĂ©nix qui est nĂ© des cendres de la Deuxième Guerre mondiale ». D’ailleurs, dans l’arrĂŞt de principe Nevsun Resources Ltd c. Araya, cette mĂ©taphore constitue la première phrase de la dĂ©cision de la majoritĂ©1. Il ne fait guère de doute que les Ă©vĂ©nements et les suites de la Seconde Guerre mondiale ont suscitĂ© une modernisation Ă  grande Ă©chelle du droit international, jetant notamment les bases de la mise en Ĺ“uvre concrète du droit pĂ©nal international2. Pourtant, l’observation de ces Ă©volutions dans un contexte historique indique clairement qu’une bonne partie du « nouveau » droit n’Ă©tait qu’une codification de croyances et de principes existants, particulièrement en ce qui a trait au droit humanitaire international (DHI).

Un certain nombre d’enjeux particuliers du DHI ont fait couler beaucoup d’encre, tout comme le rĂ´le jouĂ© par la religion dans des domaines spĂ©cifiques au sein du droit international. En revanche, très peu nombreux sont les Ă©crits portant sur l’influence de la religion3 sur le droit international qui adoptent une approche exhaustive, plus prĂ©cisĂ©ment, Ă  l’Ă©gard du droit humanitaire international. En se fondant sur une analyse historique, cet article cherche Ă  fournir un examen globalisant de l’influence (implicite ou explicite) des principales religions du monde sur l’apparition et l’Ă©volution du DHI. Maintes traditions religieuses existaient bien avant le DHI. Cet article montrera que les diverses similaritĂ©s entre les principales religions mondiales et le droit humanitaire international illustrent non seulement le cĂ´tĂ© positif de l’humanitĂ©, mais confirment l’existence d’une « humanitĂ© mondiale ».

Bo Kruk est diplĂ´mĂ© du programme de common law en français de l’UniversitĂ© d’Ottawa, promotion de 2020, et membre de la Section du droit international de l’ABC. Alors qu’il s’est passionnĂ© pour diverses facettes du droit pendant ses Ă©tudes, c’est la manière dont le droit peut ĂŞtre utilisĂ© pour promouvoir l’accès Ă  la justice des groupes en quĂŞte d’Ă©galitĂ© qui l’intĂ©resse au plus haut point. Il remercie sincèrement Ewa Gosal qui, après l’avoir contactĂ© pour examiner cet enjeu complexe, lui a accordĂ© son soutien et fait part de ses suggestions.

 

Notes

1 Nevsun Resources Ltd c. Araya, 2020 CSC 5 au paragraphe 1.

2 Ă€ titre d’exemple, lire les Ă©crits de Ben Ferencz, procureur lors du procès de Nuremberg, « Archive » (disponible uniquement en anglais).

3 Pour lire une discussion au sujet du droit comparĂ© et de la religion, consulter James Q Whitman, « Comparative Law and Religion » dans Mathias Reimann et Reinhard Zimmermann, Ă©diteurs, The Oxford Handbook of Comparative Law, 2e Ă©dition (Oxford: Oxford University Press, 2019) 733.