Assurer la diversité au sein de la magistrature

  • 22 aoĂ»t 2017
  • Hon. J. Michael MacDonald

Au Canada, nos différences sont le fruit de notre richesse.

Il en va de même pour nos institutions, dont la magistrature. Plus nous sommes inclusifs, plus nous avons une vision élargie et plus éclairées sont les décisions que nous prenons.

Aussi, lorsque des citoyens sentent que les plus hautes sphères du système de justice reflètent qui ils sont, ils sont plus enclins à avoir confiance en ce système. Ce phénomène peut avoir encore plus de poids dans les communautés raciales qui, depuis des décennies, sont sous-représentées dans la profession juridique et surreprésentées dans le système de justice pénale.

Ă€ cet Ă©gard, les NĂ©o-Écossais peuvent maintenant entrevoir l’avenir avec optimisme.

La Cour de la famille et la Cour provinciale ont rĂ©cemment nommĂ© les juges nĂ©o-Ă©cossais d’origine africaine Ronda van der Hoek, Rickcola Brinton et Samuel Moreau, ainsi que les juges Catherine Benton – première femme Mi’kmaq de la province Ă©lue Ă  la magistrature – et Amy Sakalauskas, une lesbienne. Au cours de la dernière annĂ©e, la Cour suprĂŞme de la Nouvelle-Écosse a eu le plaisir de d’accueillir Timothy Gabriel, un autochtone ayant occupĂ© un banc Ă  la Cour provinciale, ainsi que Lester Jesudason, un Canadien d’origine sri-lankaise qui prĂ©side maintenant la Division de la famille.

Les gouvernements fĂ©dĂ©ral et provincial ont fait part de leurs intentions de poursuivre leur engagement d’amĂ©liorer la diversitĂ© au sein de nos magistratures.

Nous, les juges et juges en chef de la Nouvelle-Écosse, avons pris un engagement semblable. En janvier 2016, nous nous sommes demandĂ© si la magistrature avait un rĂ´le Ă  jouer dans l’amĂ©lioration de la diversitĂ©, reconnaissant le fait que, Ă©videmment, le gouvernement est responsable des nominations.

Ă€ cette fin, nous avons demandĂ© Ă  Linda Lee Oland, juge de la cour d’appel de la Nouvelle-Écosse, de mener une enquĂŞte et de formuler des recommandations. Cela faisait suite au travail de la magistrature avec la professeure Michelle Williams, directrice de l’initiative des Autochtones Noirs et Mi’kmaq de la FacultĂ© de droit Schulich.

Après le travail Ă©norme qu’elle a accompli, notamment plusieurs entrevues avec des chefs de file en quĂŞte d’Ă©quitĂ©, issus de la communautĂ© juridique et d’ailleurs, la juge Oland nous a remis une liste de recommandations Ă©clairĂ©es et pratiques que les juges en chef de la Nouvelle-Écosse ont appuyĂ©e sans rĂ©serve.

La mise en Ĺ“uvre de ces initiatives va bon train. Question d’apporter notre contribution, nous avons fait appel Ă  un Ă©ventail de juges, de juristes, d’universitaires et de leaders de la collectivitĂ©, qui veilleront Ă  ce que la diversitĂ© soit une prioritĂ© absolue au sein de la magistrature et de son personnel.

Plus de 25 ans après que la Commission d’enquĂŞte parlementaire chargĂ©e de la poursuite pĂ©nale de Donald Marshall Jr. ait cernĂ© le besoin d’une plus grande reprĂ©sentation autochtone et raciale dans le système, nous commençons Ă  constater de rĂ©els progrès.

Les nominations judiciaires des dernières annĂ©es ont enrichi la magistrature. Je ne me fais pas dire que des banalitĂ©s, je parle d’avantages rĂ©els et concrets.

Par le passĂ©, les dĂ©cisions du système judiciaire Ă©taient gĂ©nĂ©ralement l’affaire de gens partageant les mĂŞmes antĂ©cĂ©dents et la mĂŞme vision du monde. Emma Halpern, agente d’Ă©quitĂ© Ă  la Nova Scotia Barristers’ Society, fait remarquer que cette approche peut ĂŞtre contraignante. Je suis d’accord.

[traduction] « En fin de compte, nous ne pouvons ignorer notre vĂ©cu et la vision du monde que nos expĂ©riences ont façonnĂ©e en nous », Ă©crivait-elle dans un article publiĂ© en 2009 sur le legs de Donald Marshall Jr. « Nos expĂ©riences passĂ©es jouent un rĂ´le majeur dans notre façon de voir le monde et, par consĂ©quent, elles ont des rĂ©percussions sur les dĂ©cisions que nous prenons. Ainsi, il s’ensuit que pour bâtir une profession juridique Ă©quitable, l’un des aspects essentiels consiste Ă  veiller Ă  ce que les dĂ©cisionnaires soient des gens aux antĂ©cĂ©dents et points de vue diversifiĂ©s ».

Il suffit de jeter un coup d’Ĺ“il au rapport d’enquĂŞte de l’affaire Marshall ou de lire les histoires du grand chef Sylliboy et de Viola Desmond pour comprendre que les NĂ©o-Écossais d’origine africaine et les Mi’kmaq ont connu un parcours difficile en Nouvelle-Écosse. Il importe de connaĂ®tre leurs points de vue sur la magistrature et j’espère que notre nouvelle initiative de mentorat encouragera plus de juristes de ces collectivitĂ©s Ă  prĂ©senter leur candidature.

Évidemment, nos points de vue personnels, quoiqu’ils soient uniques, ne peuvent se limiter Ă  de simples rĂ©flexions. Ă€ l’instar de nos nouveaux juges, toutes les personnes qui prĂ©sentent leur candidature doivent possĂ©der de l’expĂ©rience et des connaissances juridiques, et faire preuve d’intelligence, de bon sens, d’Ă©quitĂ©, de patience et de courage. Ces critères font en sorte que seuls les gens les plus brillants et compĂ©tents sont sĂ©lectionnĂ©s.

Il y a eu de nombreuses discussions sur la nĂ©cessitĂ© d’une profession juridique riche et diversifiĂ©e. Toutefois, simplement en parler n’est pas suffisant. Il est essentiel que nous passions de la parole aux actes. Je suis convaincu que cette initiative constitue un premier pas important pour la magistrature.

L’honorable J. Michael MacDonald est juge en chef de la Nouvelle-Écosse.