Ce que vous avez manqué à la Conférence de l’ABC sur le droit administratif, et le droit du travail et de l'emploi

  • 20 fĂ©vrier 2019
  • Lisa Hynes

Le 16 et le 17 novembre, plus de 170 personnes qui exercent le droit, universitaires et membres de tribunaux se sont retrouvĂ©s Ă  Ottawa pour assister Ă  la ConfĂ©rence annuelle de l’ABC sur le droit administratif, et le droit du travail et de l'emploi. Comme toujours, la confĂ©rence d’une durĂ©e d’un jour et demi regorgeait de sĂ©ances informatives conçues pour les juristes qui exercent dans ces domaines et pour les membres de tribunaux et de commissions qui fixent et appliquent les politiques et tranchent les diffĂ©rends.

David Jones, c.r., a ouvert la confĂ©rence avec sa revue de  l’annĂ©e en droit administratif, qui contient des Ă©lĂ©ments essentiels pour les juristes spĂ©cialisĂ©s dans ce domaine. Il a, Ă  très bon escient, axĂ© son exposĂ© sur la norme de contrĂ´le, en prĂ©vision des audiences que tiendra la Cour suprĂŞme en dĂ©cembre pour examiner de nouveau l’approche de ce sujet. L’ABC est intervenue dans la trilogie de cas sur la norme de contrĂ´le, soit Bell Canada, National Football League et Vavilov.

David Jones a examinĂ© l’Ă©tat de la jurisprudence au cours des quarante dernières annĂ©es quant Ă  la norme de contrĂ´le, de l’arrĂŞt New Brunswick Liquor (1979) Ă  l’arrĂŞt Dunsmuir (2008) en passant par les dĂ©cisions Bibeault (1988) et Pushpanathan (1997). Il a fait part de ses perspectives sur l’avenir qui semble se dessiner et a suggĂ©rĂ© que la Cour devrait tenir compte de plusieurs principes lorsqu’elle se penchera de nouveau sur la norme de contrĂ´le, Ă  savoir notamment le but du contrĂ´le judiciaire et l’importance du respect de la primautĂ© du droit, de la compĂ©tence de la Cour en matière de contrĂ´le des dĂ©cisions de personnes qui tirent leurs compĂ©tences de la lĂ©gislation, et de l’esprit de la loi comme justification de la dĂ©fĂ©rence. Il a rappelĂ© aux personnes prĂ©sentes que le pouvoir discrĂ©tionnaire ne prĂ©side pas Ă  toutes les interprĂ©tations de la lĂ©gislation et s’est demandĂ© quelles sont les raisons pour lesquelles les tribunaux devraient faire montre d’une plus grande dĂ©fĂ©rence face Ă  une entitĂ© administrative quant Ă  une question de droit qu’ils ne le feraient face Ă  la dĂ©cision d’un juge de première instance portant sur le mĂŞme sujet.

Dans le cadre d’un certain nombre de sĂ©ances plĂ©nières et de sĂ©ances en groupes, les personnes prĂ©sentes ont eu la chance de dĂ©couvrir les points de vue d’experts venus de tout le pays. Les sujets abordĂ©s ont Ă©tĂ© très divers, comme le montre la liste ci-dessous.

  • Quelles sont les rĂ©percussions des maladies mentales sur le lieu de travail? Fiona Campbell et Jeff Grubb c.r., praticiens du droit, ainsi que William Ostapek, de la Commission des accidents du travail de l’Alberta, ont parlĂ© de la façon dont les rĂ©gimes d’indemnisation des travailleurs traitent les maladies mentales et des obligations des employeurs concernant la santĂ© mentale, y compris celle d’enquĂŞter sur les enjeux dans ce domaine et de les gĂ©rer lorsqu’ils dĂ©coulent du harcèlement en milieu de travail.
  • Que se passe-t-il lorsque la consommation de drogues par des employĂ©s, que ce soit pour des raisons mĂ©dicales ou en raison d’un choix personnel et rĂ©crĂ©atif, pourrait se muer en dĂ©pendance? Dwayne Cameron, Susan Philpott, Daria Strachan et Darren Stratton ont discutĂ© des questions qui peuvent se prĂ©senter sur le lieu de travail lorsque des employĂ©s consomment une substance illĂ©gale (ou lĂ©gale).
  • Comment le droit en matière de qualitĂ© pour agir et d’interventions dans l’intĂ©rĂŞt public dans le cadre d’audiences administratives Ă©volue-t-il? Jane Scholes a dĂ©crit sa comparution devant la Cour suprĂŞme en tant qu’amicus curiae dans la rĂ©cente affaire Delta Airlines Inc. c. Lukács dans laquelle M. Lukács cherchait Ă  obtenir la qualitĂ© pour reprĂ©senter les intĂ©rĂŞts d’autres personnes devant l'Office des transports du Canada. Pam Hrick a tournĂ© son regard sur un autre aspect de la participation publique, faisant un exposĂ© sur les interventions d’intĂ©rĂŞt public devant les tribunaux administratifs. Owen Rees, M.S.M., a discutĂ© un exemple pratique de qualitĂ© pour agir dans l’intĂ©rĂŞt public lors d’audiences du ComitĂ© d'enquĂŞte du Conseil canadien de la magistrature dans l’affaire concernant l’honorable Lori Douglas.
  • Quelles sont les valeurs de la Charte, et les tribunaux de première instance vont-ils un jour appliquer une analyse des valeurs de la Charte lors du contrĂ´le judiciaire de dĂ©cisions administratives? Un groupe d’experts a eu une discussion animĂ©e au sujet de l’influence des valeurs de la Charte dans la foulĂ©e de l’arrĂŞt rendu par la Cour suprĂŞme dans l’affaire Trinity Western University. L’honorable David Stratas, de la Cour d’appel fĂ©dĂ©rale, Mary Liston, Ph. D., de la FacultĂ© de droit Allard de l’UBC et le professeur Lorne Sossin, de la facultĂ© de droit Osgoode Hall, ont prĂ©sentĂ© leurs analyses respectives des questions irritantes liĂ©es Ă  ce domaine en plein essor.  
  • Quelles sont les questions d’immigration soulevĂ©es par les relations d’emploi et comment y rĂ©pondons-nous? Chantal Arsenault, Barbara Jo Caruso et Peter Perram ont discutĂ© des incidences des enjeux liĂ©es Ă  l’immigration sur, notamment, la conformitĂ© des employeurs et les contrats d’embauche.

Un cours de dĂ©ontologie donnĂ© le samedi matin a maintenu l’intĂ©rĂŞt de tous et toutes alors que Charlene Theodore, Kimberley Turner, c.r. et David Wright examinaient les incidences de l’arrĂŞt Groia et parlaient de l’importance de renforcer la compĂ©tence culturelle en tant qu’obligation Ă  la fois professionnelle et dĂ©ontologique.

La confĂ©rence annuelle n’aurait pas Ă©tĂ© complète sans le dĂ©jeuner et la causerie avec l’invitĂ© spĂ©cial, monsieur le juge David Stratas qui s’est entretenu avec Pierre Moreau.

La confĂ©rence s’est terminĂ©e avec la traditionnelle perspective de la magistrature. Les membres du groupe de discussion, les juges Anne Mactavish, Simon Ruel, Ann Smith et Georgina Jackson, ont partagĂ© leurs points de vue sur des sujets tels que le moment et la façon de complĂ©ter un dossier lors du contrĂ´le judiciaire (lire la dĂ©cision du juge Stratas, 2012 CAF 22, et lire 2016 BCCA 41) et l’approche mouvante de l’interprĂ©tation lĂ©gislative dans le contexte du contrĂ´le judiciaire.

Restez Ă  l’Ă©coute pour en savoir davantage au sujet de la confĂ©rence de l’an prochain, lorsque les analyses des prochaines dĂ©cisions de la Cour suprĂŞme du Canada concernant la trilogie de contrĂ´les judiciaires seront, Ă  ne pas en douter, Ă  l’avant-scène! PrĂ©voyez dès maintenant de passer le 8 et le 9 novembre 2019 Ă  Ottawa. Avec une brochette de discussions Ă  la fois opportunes et intĂ©ressantes ainsi que de nombreuses occasions de rĂ©seauter avec vos homologues venus de tout le pays, il s’agit d’une activitĂ© incontournable!

Lisa Hynes, avocate Ă  la Cour d’appel de l’Alberta, est l’agente des communications de la Section du droit administratif.