Mandats – Traitement des aspects financiers

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Que doit inclure dans une convention de mandat ou une lettre d’engagement

Bien que cette trousse Ă  outils soit axĂ©e sur les aspects financiers de la relation juriste-client, les conventions de mandat et lettres d’engagement ne concernent pas seulement que les honoraires et les dĂ©bours; elles devraient couvrir les aspects essentiels de la relation, y compris la façon dont le juriste et le client communiqueront, la stratĂ©gie juridique, la portĂ©e des services, l’autorisation d’agir et les rĂ´les respectifs du juriste et du client. Une bonne convention de mandat ou lettre d’engagement peut servir de feuille de route aux juristes comme aux clients.

Les sites Web de la plupart des barreaux provinciaux proposent d’excellentes ressources sur les conventions de mandat et les lettres d’engagement. Des liens sont fournis ci-dessous.

Bien que le contenu prĂ©cis de la convention ou de la lettre puisse varier en fonction de la nature du mandat, il devrait gĂ©nĂ©ralement comporter les Ă©lĂ©ments suivants :

  • Le mandat ne prend effet que lorsque la lettre ou la convention est exĂ©cutĂ©e, retournĂ©e au juriste, et que toute provision financière requise est payĂ©e (mais les juristes doivent garder Ă  l’esprit leur obligation d’agir pour prĂ©server les intĂ©rĂŞts d’un client).
  • Qui est autorisĂ© Ă  donner des instructions au nom du client.
  • L’autorisation pour le juriste d’engager des mandataires, des experts et d’autres parties si nĂ©cessaire.
  • L’Ă©tendue des services Ă  exĂ©cuter ou non, selon le cas.
  • Une explication du mode de calcul des honoraires, quels dĂ©bours seront facturĂ©s, tout droit de dĂ©pĂ´t ou de transaction applicable dans la province concernĂ©e et les taxes Ă  ajouter aux honoraires et dĂ©bours.
  • La confirmation du taux de facturation du juriste et des taux d’autres personnes dont on peut raisonnablement s’attendre Ă  ce qu’elles travaillent au dossier, et information sur les augmentations de taux prĂ©vues (p. ex., si le cabinet a l’habitude de procĂ©der Ă  des augmentations de taux annuelles, la lettre d’engagement devrait clairement indiquer que les taux peuvent augmenter en cours de dossier).
  • Les exigences relatives Ă  un dĂ©pĂ´t initial de provision et au rĂ©approvisionnement occasionnel de cette provision.
  • L’Ă©chĂ©ancier d’envoi des factures et les attentes de paiement du juriste.
  • Le cas Ă©chĂ©ant, calendrier selon lesquels des Ă©vĂ©nements se produiront ou sont susceptibles de se produire.
  • La mĂ©thode et la frĂ©quence de communication avec le client (par exemple, le juriste s’efforcera de rendre les appels tĂ©lĂ©phoniques en temps opportun, mais la nature de sa pratique ne lui permet pas nĂ©cessairement de rĂ©pondre le mĂŞme jour).
  • Si des intĂ©rĂŞts sont facturĂ©s sur les factures en souffrance, expliquez comment ils sont calculĂ©s. (Les dispositions sur les intĂ©rĂŞts ne doivent pas ĂŞtre en infraction de l’article sur le taux d’intĂ©rĂŞt criminel du Code criminel; et tout intĂ©rĂŞt facturĂ© doit ĂŞtre exprimĂ© sous forme de taux annualisĂ© pour se conformer Ă  la Loi sur l’intĂ©rĂŞt du Canada.)
  • Confirmez les directives critiques donnĂ©es au client lors de la rĂ©union initiale ainsi que les mesures cruciales qui doivent ĂŞtre prises et par qui (c.-Ă -d., un juriste doit s’assurer de ne pas laisser un client penser que le juriste va prendre certaines mesures s’il ne le fait pas).
  • Les conditions d’annulation de la totalitĂ© du mandat. PrĂ©cisez les règles de retrait des services dans le Code type (ou le code de dĂ©ontologie provincial ou territorial pertinent).
  • Toute obligation d’identification du client telle que prĂ©cisĂ©e par le Barreau du juriste.
  • Une clarification du sort des fonds restants lorsque l’affaire est conclue ou si le mandat est annulĂ© avant que l’affaire ne soit conclue.
  • S’il y a un mandat conjoint ou si un tiers paie les frais juridiques, clarification du sort de toute somme restante dans le compte en fiducie du juriste Ă  la fin du mandat et de la marche Ă  suivre si le mandat est annulĂ© avant la conclusion de l’affaire1.2.

Ă€ titre de pratique exemplaire, les juristes devraient Ă©galement envisager d’aborder dans leur convention de mandat ou leur lettre d’engagement comment les diffĂ©rends concernant les honoraires seront traitĂ©s. Les juristes devraient identifier tout droit que le client pourrait avoir Ă  une liquidation externe ou Ă  une mĂ©diation des honoraires.

Bien que les juristes devraient Ă©laborer et utiliser des documents types lors de la rĂ©daction des conventions de mandat et des lettres d’engagement, il faut garder Ă  l’esprit qu’il n’y a pas d’approche universelle, et chaque convention de mandat ou lettre d’engagement devrait ĂŞtre adaptĂ©e au client et Ă  l’affaire en cause. Les juristes devraient envisager de formuler des documents types diffĂ©rents pour diffĂ©rents domaines de pratique, et mĂŞme plusieurs modèles dans certains domaines de pratique (par exemple, pour l’immobilier, il peut ĂŞtre utile d’avoir un modèle de lettre d’engagement diffĂ©rent selon qu’un dossier implique une vente, un achat ou un refinancement). Chaque convention de mandat ou lettre d’engagement devrait en dernier ressort ĂŞtre adaptĂ©e au client et Ă  l’affaire.

Des considĂ©rations particulières s’appliquent lors de la rĂ©daction d’une convention de mandat ou d’une lettre pour une convention d’honoraires conditionnels, une convention de mandat Ă  portĂ©e limitĂ©e ou d’autres arrangements alternatifs entre un juriste et un client (par exemple, il peut y avoir des exigences particulières dans les lois provinciales ou territoriales qui rĂ©gissent la profession juridique3 ou dans les codes de dĂ©ontologie applicables).

Les juristes doivent Ă©galement ĂŞtre au courant de toute restriction quant Ă  ce qui peut ou doit ĂŞtre inclus dans une convention de mandat ou une lettre d’engagement en vertu de la lĂ©gislation provinciale pertinente. Par exemple, en vertu de la règle 10.6 des Alberta Rules of Court, dans une convention de mandat ou autre, une disposition est nulle si la disposition a) a pour objet de dĂ©gager un juriste de sa responsabilitĂ© en cas de nĂ©gligence ou de toute autre responsabilitĂ© Ă  laquelle il pourrait ĂŞtre soumis en tant que juriste, ou b) a pour objet de prĂ©voir qu’une action, une demande ou une procĂ©dure ne peut ĂŞtre abandonnĂ©e ou rĂ©glĂ©e sans le consentement d’un juriste.

Pour en savoir plus :

Gestion des attentes

Dès le dĂ©but de la relation juriste-client, les juristes doivent s’assurer que leurs clients comprennent la portĂ©e de la relation professionnelle, notamment ce que le juriste fera et ne fera pas pour le client.

La gestion des attentes d’un client commence dès la première rencontre et se poursuit tout au long de la relation juriste-client. « Un juriste doit faire attention de ne pas donner des assurances dĂ©raisonnables ou prĂ©somptueuses au client, surtout lorsque l’emploi ou le mandat du juriste peut en dĂ©pendre4. » Les juristes devraient dĂ©crire avec prĂ©cision leur expĂ©rience pertinente d’affaires similaires aux clients potentiels, sous rĂ©serve des commentaires ci-dessous concernant l’obligation de fournir un service compĂ©tent, mais les juristes ayant une expĂ©rience limitĂ©e ne sont pas empĂŞchĂ©s de fournir des services juridiques dans de nouveaux domaines. Dans ce cas, ils peuvent vouloir mettre en Ă©vidence les ressources dont ils disposent (par exemple, le mentorat de collègues plus expĂ©rimentĂ©s) qui leur permettront d’accomplir le travail.

Une fois qu’un juriste accepte d’agir, il doit fournir des services conformes aux normes d’un juriste compĂ©tent5. Le commentaire du Code type indique que « le client peut prĂ©sumer que le juriste a les aptitudes et la capacitĂ© nĂ©cessaires pour rĂ©gler adĂ©quatement toutes les affaires juridiques qu’il entreprend au nom du client6. » En consĂ©quence, « un juriste ne doit pas entreprendre un mandat sans ĂŞtre rĂ©ellement convaincu d’avoir les compĂ©tences pour le faire ou ĂŞtre en mesure d’acquĂ©rir ces compĂ©tences sans dĂ©lai, sans risque ou sans frais pour le client7. »

Dans la mesure du possible, un juriste devrait informer le client en termes rĂ©alistes et clairs des rĂ©sultats potentiels et des coĂ»ts associĂ©s aux services juridiques que le juriste accepte de fournir8. Bien qu’il puisse ĂŞtre très difficile de fournir une estimation des honoraires dans certains cas, communiquer efficacement avec les clients au sujet des honoraires et dĂ©bours peut aider Ă  prĂ©venir des dĂ©saccords Ă  mesure que le dossier avance. Lorsqu’il fournit une estimation des honoraires, un juriste devrait tenir compte du niveau de difficultĂ© de l’affaire, du temps et des efforts qu’il s’attend Ă  y consacrer, de la question de savoir s’il a besoin de compĂ©tences particulières, des rĂ©sultats attendus et de toute circonstance particulière telle que l’urgence de l’affaire. Un juriste doit Ă©galement tenir compte de sa propre expĂ©rience et de ses capacitĂ©s9. En outre, un juriste devrait Ă©tablir toute estimation des honoraires en fonction des faits et des services sollicitĂ©s par le client et informer le client si des problèmes susceptibles de modifier l’estimation initiale surviennent.

De manière plus gĂ©nĂ©rale, lorsque des hypothèses ou des stratĂ©gies doivent ĂŞtre ajustĂ©es en rĂ©ponse Ă  des circonstances changeantes, les juristes doivent prendre le temps nĂ©cessaire pour l’expliquer Ă  leurs clients. Une pratique utile consiste Ă  fournir aux clients un calendrier des Ă©vĂ©nements (c.-Ă -d. les Ă©tapes prĂ©vues du litige) et Ă  le tenir Ă  jour. Ă€ chaque Ă©tape, les juristes devraient communiquer Ă  leurs clients ce Ă  quoi s’attendre de la part du juriste et ce que le juriste attend du client.

Il existe diffĂ©rentes façons pour un juriste de tenir son client informĂ© tout au long du processus juridique, dont l’une consiste Ă  envoyer des comptes intermĂ©diaires qui Ă©noncent clairement les progrès du juriste dans le dossier. En revanche, les juristes mettent la table pour un conflit en envoyant un compte sans avoir prĂ©alablement informĂ© le client des progrès dans le dossier, ou en facturant un important montant Ă  la conclusion de l’affaire.

Les juristes devraient Ă©galement gĂ©rer soigneusement les attentes de leurs clients en matière de communication entre le juriste et le client. Un client doit avoir une comprĂ©hension claire de la date Ă  laquelle il aura des nouvelles de son juriste et de la date Ă  laquelle il recevra des communications d’autres juristes, stagiaires ou membres du personnel du cabinet du juriste10. Les juristes qui facturent des honoraires horaires doivent ĂŞtre prĂŞts Ă  rappeler aux clients que le juriste facture pour son temps, que ces communications retardent la capacitĂ© du juriste Ă  faire avancer les choses rapidement, et que des contacts frĂ©quents entraĂ®neront une augmentation des coĂ»ts pour le client11. Ces communications doivent ĂŞtre documentĂ©es.

Pour en savoir plus :

ConsidĂ©rations financières avant de commencer Ă  travailler au dossier d’un client

Le mot « mandat » dĂ©signe l’acte, par un client, de retenir les services professionnels d’un juriste ou le document qui dĂ©finit les conditions d’engagement entre le juriste et le client pour des services professionnels, alors que le mot « provision » dĂ©signe les fonds versĂ©s par le client au juriste en fiducie afin de retenir les services professionnels du juriste12.

Une « provision particulière » reprĂ©sente une somme d’argent versĂ©e par un client afin de retenir un juriste pour effectuer une tâche particulière. Elle est versĂ©e sur un compte en fiducie et ne peut ĂŞtre appliquĂ©e Ă  des honoraires que conformĂ©ment Ă  la lĂ©gislation en vigueur. Le traitement des fonds fiduciaires est gĂ©nĂ©ralement rĂ©gi par les règles du barreau de chaque province ou territoire13. Les fonds fiduciaires ne peuvent ĂŞtre utilisĂ©s Ă  d’autres fins que celles pour lesquelles ils ont Ă©tĂ© fournis14.

L’un des objectifs d’une provision particulière ou d’un dĂ©pĂ´t de provision est de donner au juriste l’assurance d’obtenir au moins un paiement partiel pour les services qu’il exĂ©cute. Par consĂ©quent, il est judicieux d’exiger du client qu’il fournisse la provision avant de commencer Ă  travailler au dossier. Une telle exigence doit ĂŞtre confirmĂ©e par Ă©crit au client et une date de paiement doit ĂŞtre spĂ©cifiĂ©e15.

Dans tous les cas, les juristes doivent respecter scrupuleusement les exigences d’identification et de vĂ©rification des clients dans leur compĂ©tence, qui protègent contre le blanchiment d’argent et la fraude.

Notes de fin

1 Cette liste est adaptĂ©e du document de la Law Society of Alberta, Law Practice Essentials, Partie 8 – Retainers, 8.3 What Terms Should They Contain?; voir Ă©galement la Law Society of British Columbia, Practice Management Course, Partie 7 – Retainers Learning Module, 3. What Content Should They Contain?

2 Les juristes devraient Ă©galement consulter les règles de leur ordre professionnel provincial, qui peuvent traiter la situation d’un juriste recevant de l’argent d’un tiers pour ĂŞtre dĂ©tenu en fiducie au profit d’un client. Voir par exemple The Rules of the Law Society of Alberta, 1er janvier 2022, article 119.21(2).

3 Ainsi, la Loi sur la profession d’avocat, LM 2002, ch. 44, art. 55(3), exige que le juriste fournisse au client une copie d’un accord de paiement d’honoraires conditionnels ainsi qu’une copie des articles de la Loi qui assurent un contrĂ´le judiciaire de l’Ă©quitĂ© du contrat.

4 Règle 3.1-2[9], Code type p. 18

5 Règle 3.1-2, Code type p. 16

6 Règle 3.1-2[1], Code type p. 16

7 Règle 3.1-2[5], italique ajoutĂ©, Code type p. 17

8 Law Society of British Columbia, Communication Toolkit, Communication Skills

9 Règle 3.6-1[1], Code type p. 61

10 Law Society of Alberta, Law Practice Essentials, Part 12 – Dealing with Challenging Clients, 12.11 Effective Communication Part II – Setting Expectations and Boundaries

11 Law Society of Alberta, Law Practice Essentials, Part 12 – Dealing with Challenging Clients, 12.12 Effective Communication Part II – Managing and Documenting the File

12 Law Society of Alberta, Law Practice Essentials, Part 8 – Retainers, 8.2 Retainer Agreements

13 Règle 3.6-10[1], Code type p. 65 Le juriste devrait Ă©galement connaĂ®tre toutes les exigences rĂ©glementaires de sa compĂ©tence relatives aux circonstances dans lesquelles les fonds fiduciaires du client devraient ĂŞtre retirĂ©s du compte fiduciaire collectif du cabinet juridique et dĂ©posĂ©s dans un compte d’investissement fiduciaire spĂ©cifique pour le compte d’un client particulier.

14 Ă€ la diffĂ©rence d’une provision particulière, une « provision gĂ©nĂ©rale » est une somme d’argent versĂ©e au juriste par un client, sans ĂŞtre rĂ©servĂ©e Ă  l’exĂ©cution d’un travail spĂ©cifique. Les provisions gĂ©nĂ©rales sont extrĂŞmement rares et doivent ĂŞtre approchĂ©es avec une grande prudence, car elles peuvent donner lieu Ă  du blanchiment d’argent ou de la fraude. Voir Law Society of Alberta, Law Practice Essentials, Part 8 – Retainers, 8.2 Retainer Agreements

15 Règle 3.6-9, Code type p. 65