Considérations particulières relatives aux enfants de sexe féminin

On doit tenir compte du sexe et des nombreuses autres formes de diversitĂ© qui sont en prĂ©sence afin de pouvoir rĂ©pondre pleinement aux besoins des enfants et des adolescents au Canada. La socialisation en fonction du sexe, particulièrement dans ses aspects qui interagissent avec l’âge, la race, la classe, les capacitĂ©s et l’orientation sexuelle, a des rĂ©percussions particulières sur la vie d’une jeune personne.

Dès la tendre enfance, les enfants apprennent ce que l’on attend d’eux en tant que filles et garçons. Aujourd’hui, les filles reçoivent des messages contradictoires. Elles sont censĂ©es ĂŞtre Ă  la fois libĂ©rĂ©es et traditionnelles, contradiction qui exerce de fortes pressions sur leur quotidien. La socialisation qui apprend aux filles Ă  ĂŞtre « gentilles », le rappel constant des normes non rĂ©alistes de beautĂ© physique, et la sexualisation des filles et des femmes dans les mĂ©dias sont autant de facteurs qui entrent en jeu dans une gamme disproportionnĂ©e de problèmes de santĂ© physique et affective, dont les troubles alimentaires, la dĂ©pression et le manque d’estime de soi. Au sein de la population totale de sexe fĂ©minin au Canada, les filles rurales, autochtones, racialisĂ©es et immigrantes sont souvent particulièrement marginalisĂ©es et, donc, extrĂŞmement vulnĂ©rables.

Les statistiques Ă  l’Ă©chelle nationale illustrent Ă  quel point l’expĂ©rience de la discrimination et de la violence que vivent les filles est diffĂ©rente de celle que vivent les garçons :

  • Les filles sont victimes d’agressions sexuelles Ă  une frĂ©quence beaucoup plus grande que les garçons : 82 % de toutes les victimes âgĂ©es de moins de 18 ans sont de sexe fĂ©mininNote de bas de page 1.
  • Les taux d’infractions sexuelles sont les plus Ă©levĂ©s contre les filles âgĂ©es de 11 Ă  14 ans, le taux le plus Ă©levĂ© correspondant Ă  l’âge de 13 ansNote de bas de page 2.
  • Les filles sont quatre fois plus susceptibles que les garçons d’ĂŞtre agressĂ©es sexuellement par un membre de leur familleNote de bas de page 3.
  • Lorsqu’une fille est victime d’une agression sexuelle, dans plus de 80 % des cas, l’agresseur est quelqu’un qu’elle connaĂ®tNote de bas de page 4.
  • Jusqu’Ă  75 % des filles autochtones âgĂ©es de moins de 18 ans ont Ă©tĂ© victimes d’agressions sexuellesNote de bas de page 5.
  • Certains hommes recherchent dĂ©libĂ©rĂ©ment des femmes autochtones comme cibles d’agressionsNote de bas de page 6.
  • En 6e annĂ©e, les garçons et les filles rapportent des taux de dĂ©pression Ă  peu près Ă©gaux : environ 25 % disent se sentir dĂ©primĂ©s au moins une fois par semaineNote de bas de page 7. Toutefois, entre la 6e et la 10e annĂ©e, le taux de dĂ©pression des filles monte en flèche : en 10e annĂ©e, les filles sont trois fois plus susceptibles que les garçons de se sentir dĂ©primĂ©esNote de bas de page 8.
  • Dans le cas des filles, la dĂ©pression est gĂ©nĂ©ralement attribuable « Ă  une faible estime de soi, Ă  une image corporelle nĂ©gative, Ă  des sentiments de dĂ©sespoir et d’impuissance et de stressNote de bas de page 9 ».
  • Dans une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en Colombie-Britannique, 50 % des filles ont rapportĂ© qu’elles souhaiteraient ĂŞtre quelqu’un d’autreNote de bas de page 10.

D’autres Ă©tudes, canadiennes et Ă©trangères, permettent de faire les constatations suivantes :

  • La sexualisation gĂ©nĂ©ralisĂ©e des filles et des femmes joue un rĂ´le majeur dans la dĂ©tĂ©rioration de la santĂ© mentale des filles. Selon l’American Psychological Association, la sexualisation survient lorsqu’une personne croit que sa valeur principale dĂ©coule de son apparence sexuelle – plutĂ´t que de son intelligence ou d’autres qualitĂ©s – et qu’elle se voit imposer des normes non rĂ©alistes de beautĂ© physiqueNote de bas de page 11.
  • La sexualisation elle est liĂ©e aux trois problèmes les plus courants de santĂ© mentale qu’Ă©prouvent les filles : les troubles alimentaires, le peu d’estime de soi et la dĂ©pressionNote de bas de page 12.
  • Les enfants sexualisĂ©s dans les mĂ©dias sont de sexe fĂ©minin dans une proportion de 85 %Note de bas de page 13.
  • Dans les films populaires, les femmes jouent seulement 30 % de tous les rĂ´les parlants – elles sont souvent absentes ou silencieusesNote de bas de page 14.
  • Les Ă©missions de tĂ©lĂ©vision pour enfants comptent deux fois plus de personnages masculins que de personnages fĂ©mininsNote de bas de page 15.
  • Les jeux de table pour enfants rĂ©vèlent des thèmes analogues – les images sur les boĂ®tes montrent typiquement des garçons qui courent et qui jouent un rĂ´le actif, et des filles qui restent debout tranquilles ou mĂŞme paraissent nerveusesNote de bas de page 16

Trop souvent, les chercheurs, les concepteurs de programmes et les responsables de l’Ă©laboration des politiques nĂ©gligent les vulnĂ©rabilitĂ©s qui sont propres aux filles dans le contexte national. Cette omission peut ĂŞtre partiellement attribuable Ă  l’impression erronĂ©e que l’Ă©galitĂ© entre les sexes a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e, et que les menaces et la discrimination affectent les filles de façon disproportionnĂ©e dans des pays autres que le Canada. Toutefois, les politiques, programmes et pratiques conçus pour « l’enfance et la jeunesse » qui ne sont pas sensibles aux sexospĂ©cificitĂ©s peuvent rater la cible et ne rĂ©pondre aux besoins particuliers ni des filles ni des garçons.
En 2015, le Canada s’est classĂ© au 23e rang sur l’Indice d’inĂ©galitĂ©s de genre des Nations Unies. Le Canada a essuyĂ© de vives critiques de la part de plusieurs organes de l’ONU en raison de la pauvretĂ© des femmes et de la violence endĂ©mique contre les femmes et les filles autochtonesNote de bas de page 17
En 2012, le ComitĂ© contre la torture a recommandĂ© au Canada de « redoubler aussi d’efforts pour mettre un terme Ă  toutes les formes de violence Ă  l’Ă©gard des femmes et des jeunes filles autochtones, notamment, en Ă©laborant un plan d’action concertĂ© et complet, en Ă©troite collaboration avec les organisations de femmes autochtones […]Note de bas de page 18 ». La mĂŞme annĂ©e, le ComitĂ© des droits de l’enfant a recommandĂ© au Canada de « veiller Ă  ce que les facteurs qui contribuent aux niveaux Ă©levĂ©s de violence touchant les femmes et les filles autochtones soient bien compris et pris en considĂ©ration dans les plans nationaux et provinciaux/territoriauxNote de bas de page 19 ». Il a aussi affirmĂ© qu’il Ă©tait « gravement prĂ©occupĂ© par les affaires dans lesquelles des filles autochtones victimes de la prostitution des enfants ont disparu ou ont Ă©tĂ© assassinĂ©es, car ces affaires n’ont pas fait l’objet d’enquĂŞtes exhaustives et les auteurs sont restĂ©s impunisNote de bas de page 20 ». En 2012 Ă©galement, le ComitĂ© pour l’Ă©limination de la discrimination raciale s’est dit prĂ©occupĂ© par le fait « que les femmes et les filles autochtones sont beaucoup plus souvent victimes de formes de violence mettant leur vie en danger, d’homicides conjugaux et de disparitions » et a vivement recommandĂ© au Canada de prendre des mesures adĂ©quates, notamment en Ă©tablissant une base de donnĂ©es nationale sur les meurtres et disparitions de femmes autochtones, et en consultant Ă  cet Ă©gard les femmes autochtones et leurs organisationsNote de bas de page 21.

Droit international

La difficile situation des filles a suscitĂ© une attention internationale croissante depuis la dĂ©cennie 1990, qui a Ă©tĂ© proclamĂ©e la « DĂ©cennie pour la fillette ». Le Canada s’est alors engagĂ© Ă  amĂ©liorer la situation de sa population de filles en ratifiant diffĂ©rents instruments internationaux Ă©numĂ©rĂ©s ci-dessous.

1. La DĂ©claration et le Programme d’action de Beijing, adoptĂ©s sous l’Ă©gide des Nations Unies lors de la Quatrième ConfĂ©rence mondiale sur les femmes :  

​La section L du Programme d’action de Beijing se concentre exclusivement sur la fillette et Ă©nonce les objectifs suivants pour les États parties :

  1. Éliminer toutes les formes de discrimination Ă  l’Ă©gard de la petite fille.
  2. Éliminer les comportements et pratiques culturels préjudiciables aux filles.
  3. Éliminer la discrimination Ă  l’Ă©gard des filles dans l’enseignement, l’acquisition de capacitĂ©s et la formation.
  4. Éliminer la discrimination Ă  l’Ă©gard des filles dans les domaines de la santĂ© et de la nutrition.
  5. Éliminer l’exploitation Ă©conomique du travail des enfants et protĂ©ger les jeunes filles qui travaillent.
  6. Sensibiliser les petites filles et favoriser leur participation à la vie sociale, économique et politique; promouvoir et protéger les droits de la petite fille et faire mieux connaître ses besoins et son potentiel.
  7. Renforcer le rĂ´le de la famille dans l’amĂ©lioration de la condition de la petite fille.
  8. Éliminer la violence contre la petite fille.

2. La Convention sur l’Ă©limination de toutes les formes de discrimination Ă  l’Ă©gard des femmes (CEDAW) :

La CEDAW Ă©nonce diffĂ©rentes mesures que les gouvernements doivent prendre pour mettre fin Ă  la discrimination contre les filles et les femmes, en mettant l’accent sur trois principaux domaines : les droits civils et le statut juridique des femmes, les droits liĂ©s Ă  la procrĂ©ation et les facteurs culturels qui influent sur les relations entre les sexes.

Un facteur particulièrement important pour les filles est que la CEDAW cible la culture et la tradition comme Ă©tant des forces influentes qui façonnent les rĂ´les sociaux liĂ©s au sexe et les relations familiales. La CEDAW prĂ©voit, entre autres, les dispositions suivantes :

  • Le rĂ´le traditionnel de l’homme et de la femme dans la famille et Ă  la sociĂ©tĂ© doit changer si on veut parvenir Ă  une rĂ©elle Ă©galitĂ© entre l’homme et la femme (prĂ©ambule).
  • Les États parties doivent modifier les schĂ©mas et modèles de comportement socioculturel de l’homme et de la femme en vue de parvenir Ă  l’Ă©limination « des prĂ©jugĂ©s et des pratiques coutumières, ou de tout autre type, qui sont fondĂ©s sur l’idĂ©e de l’infĂ©rioritĂ© ou de la supĂ©rioritĂ© de l’un ou l’autre sexe ou d’un rĂ´le stĂ©rĂ©otypĂ© des hommes et des femmes » (art. 5).
  • Les États parties doivent prendre des mesures appropriĂ©es pour Ă©liminer la discrimination Ă  l’Ă©gard des filles et des femmes en leur assurant « l’accès aux mĂŞmes programmes, aux mĂŞmes examens, Ă  un personnel enseignant possĂ©dant les qualifications de mĂŞme ordre, Ă  des locaux scolaires et Ă  un Ă©quipement de mĂŞme qualitĂ© » (al. 10(b)); « les mĂŞmes possibilitĂ©s en ce qui concerne l’octroi des bourses et autres subventions pour les Ă©tudes » (al. 10(d)); « les mĂŞmes possibilitĂ©s de participer activement aux sports et Ă  l’Ă©ducation physique » (al. 10(g)).
  • Les États parties doivent aussi prendre des mesures appropriĂ©es pour Ă©liminer « toute conception stĂ©rĂ©otypĂ©e des rĂ´les de l’homme et de la femme Ă  tous les niveaux et dans toutes les formes d’enseignement », en particulier par la rĂ©vision des livres et programmes scolaires et l’adaptation des mĂ©thodes pĂ©dagogiques (al. 10(c)). 

Ă€ l’Ă©gard des droits liĂ©s Ă  la procrĂ©ation, la CEDAW prĂ©voit :

  • la protection de la maternitĂ© (par. 4(2)); les soins aux enfants, y compris par l’Ă©tablissement et le dĂ©veloppement d’un rĂ©seau de garderies d’enfants (al. 11(2)(c)); la protection des congĂ©s de maternitĂ© (al. 11(2)(a)); le droit de dĂ©cider du nombre et de l’espacement des naissances (al. 16(e)) et Ă  la planification de la famille (al. 10(h)).

La Recommandation gĂ©nĂ©rale no 3 (CEDAW) dispose :

  • Les États parties devraient adopter des programmes d’Ă©ducation et d’information qui contribuent Ă  faire disparaĂ®tre les prĂ©jugĂ©s et les pratiques actuelles qui s’opposent Ă  la pleine application du principe de l’Ă©galitĂ© sociale des femmes.

La Recommandation gĂ©nĂ©rale no 9 (CEDAW) prĂ©voit :

  • Des donnĂ©es statistiques sont absolument nĂ©cessaires pour comprendre la situation rĂ©elle des femmes dans chacun des États parties Ă  la CEDAW.
  • Les États parties ne devraient Ă©pargner aucun effort pour veiller Ă  ce que les services statistiques nationaux chargĂ©s de planifier les recensements nationaux et autres enquĂŞtes sociales et Ă©conomiques formulent leurs questionnaires de telle façon que les donnĂ©es puissent ĂŞtre ventilĂ©es par sexe, tant en ce qui concerne les chiffres absolus que les pourcentages, de façon que les utilisateurs intĂ©ressĂ©s puissent facilement obtenir des renseignements sur la situation des femmes dans le secteur particulier qui les concerne.

La Recommandation gĂ©nĂ©rale no 19 (CEDAW) prescrit notamment :

  • Les États parties devraient encourager l’Ă©tablissement de statistiques et les recherches sur l’ampleur, les causes et les effets de la violence ainsi que sur l’efficacitĂ© des mesures visant Ă  prĂ©venir la violence et Ă  la combattre.
  • Il est indispensable pour la bonne application de la CEDAW de fournir au corps judiciaire, aux agents de la force publique et aux autres fonctionnaires une formation qui les sensibilise aux problèmes des femmes.
  • Des mesures efficaces devraient ĂŞtre prises pour que les mĂ©dias respectent et incitent Ă  respecter la femme.

La Recommandation gĂ©nĂ©rale no 28 (CEDAW) Ă©nonce les obligations fondamentales des États parties en vertu de l’article 2 de la CEDAW.

La Recommandation gĂ©nĂ©rale no 32 (CEDAW) Ă©tablit les dimensions sexospĂ©cifiques du statut de rĂ©fugiĂ©, des demandes d’asile, de la nationalitĂ© et de l’apatridie concernant les femmes.

La Recommandation gĂ©nĂ©rale no 33 (CEDAW) Ă©nonce les mesures que les États doivent prendre pour assurer l’accès des femmes et des filles Ă  la justice.

3. La Convention relative aux droits de l’enfant :

  • La Convention enjoint aux États parties de s’engager Ă  respecter les droits qui y sont Ă©noncĂ©s pour tout enfant relevant de leur compĂ©tence, sans distinction aucune, notamment indĂ©pendamment de toute considĂ©ration de sexe.
  • La Commission de la condition de la femme recommande de tenir compte conjointement des normes Ă©noncĂ©es dans la Convention et dans la CEDAW lorsque des problèmes ou litiges concernant les filles surviennent. Autrement dit, plutĂ´t que de prendre en considĂ©ration les articles de la Convention sans faire de distinction entre les sexes, on devrait examiner les dispositions gĂ©nĂ©rales des deux conventions comme offrant un large Ă©ventail de possibilitĂ©s pour remĂ©dier aux violations qui concernent expressĂ©ment les filles. La prise en compte commune de la Convention et de la CEDAW permet de prioriser les besoins distinctifs des enfants de sexe fĂ©minin.

Observation gĂ©nĂ©rale no 13

  • Le ComitĂ© reconnaĂ®t que les filles, comme les garçons, peuvent ĂŞtre touchĂ©es par toutes les formes de violence, mais que la violence a souvent une composante de genre. Par exemple, les filles peuvent subir davantage de violences sexuelles Ă  la maison que les garçons, et les garçons peuvent ĂŞtre plus susceptibles d’ĂŞtre confrontĂ©s au système de justice pĂ©nale et d’y connaĂ®tre la violence.
  • Les États parties devraient veiller Ă  ce que les politiques et les mesures tiennent compte des risques diffĂ©rents que courent les filles et les garçons face aux diverses formes de violence dans diffĂ©rents cadres. Les États devraient s’attaquer Ă  toutes les formes de discrimination fondĂ©es sur le sexe dans le cadre d’une stratĂ©gie complète de prĂ©vention de la violence. Cela suppose de lutter contre les stĂ©rĂ©otypes fondĂ©s sur le genre, les dĂ©sĂ©quilibres de pouvoirs, les inĂ©galitĂ©s et la discrimination qui confortent et perpĂ©tuent l’utilisation de la violence et de la coercition Ă  la maison, Ă  l’Ă©cole et dans les cadres Ă©ducatifs, dans les communautĂ©s, sur le lieu de travail, dans les institutions et plus largement dans la sociĂ©tĂ©.
  • Les hommes et les garçons doivent ĂŞtre encouragĂ©s activement Ă  agir en tant que partenaires stratĂ©giques et en tant qu’alliĂ©s. Il convient de donner aux hommes et aux femmes, aux garçons et aux filles, les moyens de mieux se respecter les uns les autres et de comprendre comment mettre un terme Ă  la discrimination fondĂ©e sur le sexe et Ă  ses manifestations violentes.

Observation gĂ©nĂ©rale no 10

  • Les filles ne reprĂ©sentant qu’un petit groupe dans le système de justice pour mineurs et passant donc souvent inaperçues, une attention particulière doit ĂŞtre prĂŞtĂ©e Ă  leurs besoins particuliers, par exemple un passĂ© de maltraitance ou des besoins spĂ©ciaux en matière de santĂ©.
  • Il est essentiel pour la qualitĂ© de l’administration de la justice pour mineurs que tous les professionnels concernĂ©s, en particulier ceux intervenant dans l’application des lois et l’appareil judiciaire, reçoivent une formation adaptĂ©e sur le contenu et la signification des dispositions de la Convention, et qu’une attention spĂ©ciale soit portĂ©e aux filles et aux enfants appartenant Ă  une minoritĂ© ou autochtones.

Observation gĂ©nĂ©rale no 4

  • Le ComitĂ© invite instamment les États parties Ă  Ă©laborer et Ă  mettre en Ĺ“uvre des campagnes de sensibilisation, des programmes d’Ă©ducation et des dispositions lĂ©gislatives visant Ă  faire Ă©voluer les mentalitĂ©s et Ă  modifier les rĂ´les traditionnellement dĂ©volus aux hommes et aux femmes et les stĂ©rĂ©otypes.
  • Les adolescentes doivent avoir accès Ă  l’information sur les dangers des mariages et des grossesses prĂ©coces et, si elles tombent enceintes, Ă  des services de santĂ© respectueux de leurs droits et attentifs Ă  leurs besoins spĂ©cifiques. Les États parties doivent prendre des mesures pour rĂ©duire la morbiditĂ© et la mortalitĂ© chez les adolescentes, qui sont essentiellement dues aux grossesses prĂ©coces et aux pratiques d’avortement Ă  risque et pour venir en aide aux adolescents qui deviennent parents. Les jeunes mères ont parfois tendance Ă  ĂŞtre dĂ©pressives et anxieuses, en particulier lorsqu’elles sont livrĂ©es Ă  elles-mĂŞmes, et elles ont du mal Ă  s’occuper de leur enfant. Le ComitĂ© demande instamment aux États parties : a) d’Ă©laborer et de mettre en Ĺ“uvre des programmes visant Ă  faciliter l’accès des adolescents Ă  des services de santĂ© sexuelle et gĂ©nĂ©sique, y compris des services de planification familiale, des mĂ©thodes contraceptives et des techniques d’avortement sans danger, lorsque l’avortement est autorisĂ© par la loi, des soins obstĂ©tricaux adĂ©quats et complets et des services d’orientation; b) d’encourager la tolĂ©rance Ă  l’Ă©gard des adolescents des deux sexes qui deviennent parents; c) de faire en sorte que les mères adolescentes puissent poursuivre leurs Ă©tudes.
  • Tous les Ă©tablissements, matĂ©riels et services de santĂ© doivent respecter les valeurs culturelles, les sexospĂ©cificitĂ©s, les principes d’Ă©thique mĂ©dicale et ĂŞtre acceptables tant pour les adolescents que pour les communautĂ©s dans lesquelles ils vivent.

4. Le Protocole facultatif Ă  la Convention relative aux droits de l’enfant concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants :

Le Protocole facultatif reconnaĂ®t dans son prĂ©ambule que les filles sont exposĂ©es Ă  un plus grand risque d’exploitation sexuelle et que l’on recense un nombre anormalement Ă©levĂ© de filles parmi les victimes de l’exploitation sexuelle.

5. La Convention pour la rĂ©pression de la traite des ĂŞtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui

6. Le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, 2000.

Droit canadien

L’article 15 de la Charte canadienne des droits et libertĂ©s prĂ©voit que la loi s’applique Ă©galement Ă  tous et que tous ont droit Ă  la mĂŞme protection et au mĂŞme bĂ©nĂ©fice de la loi, indĂ©pendamment de toute discrimination, notamment fondĂ©e sur le sexe.

Pratiques essentielles

  • Ayez conscience du fait que les filles font l’objet d’une discrimination et d’une violence qui sont diffĂ©rentes de celles que vivent les garçons en raison des attitudes et des stĂ©rĂ©otypes culturels persistants Ă  l’Ă©gard du rĂ´le des hommes et des femmes.
  • L’intĂ©rĂŞt supĂ©rieur de l’enfant de sexe fĂ©minin doit ĂŞtre dĂ©terminĂ© en tenant dĂ»ment compte des besoins et des vulnĂ©rabilitĂ©s propres aux filles au Canada ainsi que des principes Ă©noncĂ©s dans le Programme d’action de Beijing et la CEDAW.
  • On doit comprendre que les vecteurs de discrimination croisĂ©e et le lourd hĂ©ritage du colonialisme font que les filles autochtones font partie du secteur le plus vulnĂ©rable de la population au Canada.
  • Les programmes, les politiques et les lois doivent ĂŞtre sensibles aux sexospĂ©cificitĂ©s de manière Ă  rĂ©pondre aux besoins de l’enfant de sexe fĂ©minin.
  • Les stratĂ©gies de prĂ©vention de la violence contre les filles nĂ©cessitent souvent des compĂ©tences de vie additionnelles, des soutiens sous forme d’Ă©ducation, d’hĂ©bergement sĂ©curitaire, de services mĂ©dicaux, de services de santĂ© mentale, de soins de santĂ© sĂ©curitaires et appropriĂ©s Ă  la culture, ainsi qu’une approche coordonnĂ©e et complète de la prestation des services.
  • Ayez conscience du fait que les attitudes consistant Ă  « blâmer la victime » dans les affaires de violence fondĂ©e sur le sexe sont persistantes dans les milieux de l’application de la loi, l’appareil judiciaire et les services de santĂ©; les avocats qui travaillent avec des filles victimes de violence sexuelle doivent s’employer Ă  Ă©liminer de telles attitudes.

Ressources