Éducation

La Convention exige que les pays, comme le Canada, soutiennent le droit de chaque enfant d’avoir accès Ă  une Ă©ducation orientĂ©e vers l’atteinte de son plein potentiel et d’avoir une vie responsable dans une sociĂ©tĂ© libre.

« … alors que l’article 28 vise les obligations des États parties pour ce qui est la mise en place de systèmes d’Ă©ducation et de la garantie de l’accès Ă  l’Ă©ducation, le paragraphe 1 de l’article 29 souligne le droit individuel de chaque enfant Ă  une qualitĂ© donnĂ©e d’Ă©ducation ».

Observation gĂ©nĂ©rale no 1 (2001) – Les buts de l’Ă©ducation

De manière gĂ©nĂ©rale, l’Ă©ducation relève des provinces ou des territoires au Canada, bien que l’Ă©ducation des enfants autochtones soit de compĂ©tence fĂ©dĂ©rale.

Les professionnels du droit canadien, les parents, les Ă©lèves et les Ă©ducateurs peuvent ne pas toujours relier les services Ă©ducatifs aux normes universelles en matière de droits de l’enfant, malgrĂ© la jurisprudence canadienne concernant des aspects de l’Ă©ducation qui peuvent ĂŞtre harmonisĂ©s avec ces normes et malgrĂ© l’interdĂ©pendance mise en lumière dans les dispositions de la Convention.

Droit international

  • Articles de la Convention : 28, 29, 2, 3, 6, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 19, 23, 30 et 31 

Article 28 de la Convention

  1. Les États parties reconnaissent le droit de l’enfant Ă  l’Ă©ducation, et en particulier, en vue d’assurer l’exercice de ce droit progressivement et sur la base de l’Ă©galitĂ© des chances :
    1. Ils rendent l’enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous;
    2. Ils encouragent l’organisation de diffĂ©rentes formes d’enseignement secondaire, tant gĂ©nĂ©ral que professionnel, les rendent ouvertes et accessibles Ă  tout enfant, et prennent des mesures appropriĂ©es, telles que l’instauration de la gratuitĂ© de l’enseignement et l’offre d’une aide financière en cas de besoin;
    3. Ils assurent Ă  tous l’accès Ă  l’enseignement supĂ©rieur, en fonction des capacitĂ©s de chacun, par tous les moyens appropriĂ©s;
    4. Ils rendent ouvertes et accessibles Ă  tout enfant l’information et l’orientation scolaires et professionnelles;
    5. Ils prennent des mesures pour encourager la rĂ©gularitĂ© de la frĂ©quentation scolaire et la rĂ©duction des taux d’abandon scolaire.
  2. Les États parties prennent toutes les mesures appropriĂ©es pour veiller Ă  ce que la discipline scolaire soit appliquĂ©e d’une manière compatible avec la dignitĂ© de l’enfant en tant qu’ĂŞtre humain et conformĂ©ment Ă  la prĂ©sente Convention.
  3. Les États parties favorisent et encouragent la coopĂ©ration internationale dans le domaine de l’Ă©ducation, en vue notamment de contribuer Ă  Ă©liminer l’ignorance et l’analphabĂ©tisme dans le monde et de faciliter l’accès aux connaissances scientifiques et techniques et aux mĂ©thodes d’enseignement modernes. A cet Ă©gard, il est tenu particulièrement compte des besoins des pays en dĂ©veloppement. »

Article 29 de la Convention

  1. Les États parties conviennent que l’Ă©ducation de l’enfant doit viser Ă  :
    1. Favoriser l’Ă©panouissement de la personnalitĂ© de l’enfant et le dĂ©veloppement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialitĂ©s;
    2. Inculquer Ă  l’enfant le respect des droits de l’homme et des libertĂ©s fondamentales, et des principes consacrĂ©s dans la Charte des Nations Unies;
    3. Inculquer Ă  l’enfant le respect de ses parents, de son identitĂ©, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut ĂŞtre originaire et des civilisations diffĂ©rentes de la sienne;
    4. PrĂ©parer l’enfant Ă  assumer les responsabilitĂ©s de la vie dans une sociĂ©tĂ© libre, dans un esprit de comprĂ©hension, de paix, de tolĂ©rance, d’Ă©galitĂ© entre les sexes et d’amitiĂ© entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d’origine autochtone;
    5. Inculquer Ă  l’enfant le respect du milieu naturel.
  2. Aucune disposition du prĂ©sent article ou de l’article 28 ne sera interprĂ©tĂ©e d’une manière qui porte atteinte Ă  la libertĂ© des personnes physiques ou morales de crĂ©er et de diriger des Ă©tablissements d’enseignement, Ă  condition que les principes Ă©noncĂ©s au paragraphe 1 du prĂ©sent article soient respectĂ©s et que l’Ă©ducation dispensĂ©e dans ces Ă©tablissements soit conforme aux normes minimales que l’État aura prescrites.

Sources d’interprĂ©tation

Droit canadien

Lois provinciales ou territoriales

L’Ă©ducation relève gĂ©nĂ©ralement de paramètres juridiques Ă©noncĂ©s dans des lois provinciales ou territoriales, comme les lois scolaires (School Acts) ou les lois sur l’Ă©ducation.

Jurisprudence

Moore c. Colombie-Britannique (Éducation), [2012] 3 RCS 360, 2012 CSC 61 – Discrimination dans les services Ă©ducatifs pour un enfant ayant des besoins spĂ©ciaux : l’Ă©ducation spĂ©cialisĂ©e est le moyen par lequel des Ă©lèves peuvent accĂ©der concrètement aux services d’Ă©ducation gĂ©nĂ©rale destinĂ©s Ă  tous les Ă©lèves et en bĂ©nĂ©ficier. Il n’y a pas lieu d’Ă©tablir un groupe de comparaison. Si le jeune Moore est comparĂ© uniquement Ă  d’autres Ă©lèves ayant des besoins spĂ©ciaux, des fournisseurs de services seraient libres d’Ă©liminer des programmes pour toutes les personnes ayant un handicap sans en ĂŞtre redevables, et une telle approche « risque de perpĂ©tuer exactement le dĂ©savantage ainsi que l’exclusion de la sociĂ©tĂ© ordinaire que le Code est censĂ© corriger ». Quand un obstacle est cernĂ©, le fournisseur de services doit examiner toutes les solutions possibles et fournir des accommodements afin de surmonter cet obstacle, Ă  moins que cela cause un prĂ©judice injustifiĂ©.

Canadian Foundation for Children, Youth and the Law c. Canada (Procureur gĂ©nĂ©ral), [2004] 1 RCS 76, 2004 CSC 4 – Est-ce que l’article 41 du Code criminel, selon lequel ne constituent pas des voies de fait les châtiments corporels raisonnables que les parents et instituteurs infligent Ă  un enfant, est constitutionnel? La majoritĂ© des juges se sont fondĂ©s en partie sur l’article 3 de la Convention relative aux droits de l’enfant en soulignant que l’intĂ©rĂŞt supĂ©rieur de l’enfant est « une » considĂ©ration primordiale, et non « la » considĂ©ration primordiale, et qu’il doit donc ĂŞtre subordonnĂ© Ă  d’autres intĂ©rĂŞts dans des contextes appropriĂ©s (paragraphes 9-12). La Cour a Ă©galement fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’article 5, au paragraphe 19(1) et Ă  l’alinĂ©a 37(a) de la Convention, ainsi qu’Ă  d’autres instruments internationaux portant sur les droits de la personne, mais elle les a accordĂ© une interprĂ©tation extrĂŞmement Ă©troite en statuant qu’ils n’interdisent pas explicitement le recours Ă  des châtiments corporels (paragraphes 32-34). La Cour a dĂ©crit les circonstances dans lesquelles l’utilisation de la force peut ĂŞtre justifiĂ©e, par exemple dans le cas d’un enfant âgĂ© entre deux et 12 ans et seulement lorsque la force est appliquĂ©e par un parent, en mettant l’accent sur la primautĂ© de l’intĂ©gritĂ© de la famille sur la protection de l’enfant (paragraphe 62). Il convient de remarquer que, dans certaines mesures lĂ©gislatives au Canada, comme la Family Law Act de la Colombie-Britannique, l’intĂ©rĂŞt supĂ©rieur de l’enfant est « la » considĂ©ration primordiale.

R. c. Audet, [1996] 2 RCS 171 – Un enfant est-il protĂ©gĂ© contre certains adultes quand il y a un dĂ©sĂ©quilibre inhĂ©rent Ă  la nature de la relation qu’il vit avec ceux-ci? L’enseignant a Ă©tĂ© formellement accusĂ© de s’ĂŞtre prĂŞtĂ© Ă  des attouchements Ă  des fins d’ordre sexuel Ă  l’endroit d’une adolescente, alors qu’il Ă©tait en situation de confiance vis-Ă -vis d’elle, contrevenant ainsi Ă  l’article 153 du Code criminel. Les attouchements sexuels ont Ă©tĂ© commis par un ancien enseignant de la jeune plaignante âgĂ©e de 14 ans pendant les vacances d’Ă©tĂ© et Ă  l’extĂ©rieur des terrains de l’Ă©cole. La Cour suprĂŞme du Canada a accueilli l’appel visant Ă  annuler un verdict d’acquittement rendu par un tribunal infĂ©rieur, Ă©tant donnĂ© que l’article 153 du Code criminel vise Ă  protĂ©ger les adolescents se trouvant en position de vulnĂ©rabilitĂ© vis‑à‑vis de certaines personnes en raison d’un dĂ©sĂ©quilibre inhĂ©rent Ă  la nature de la relation qu’ils vivent avec celles‑ci.

Mahe c. Alberta, [1990] 1 RCS 342 – Des parents francophones Ă  Edmonton Ă©taient insatisfaits du système d’Ă©ducation en Alberta et cherchaient Ă  obtenir une sĂ©rie de dĂ©clarations au sujet de la signification de leurs droits Ă  l’instruction dans la langue de la minoritĂ© en vertu de l’article 23 de la Charte. La Cour suprĂŞme du Canada a jugĂ© qu’il convient d’interprĂ©ter l’article 23 de la Charte comme exigeant le degrĂ© de protection du droit Ă  l’enseignement dans la langue de la minoritĂ© que justifie le nombre d’Ă©lèves dans un cas donnĂ©. L’article 23 prescrit que les gouvernements doivent faire ce qui est pratiquement faisable dans les circonstances pour maintenir et promouvoir l’instruction dans la langue de la minoritĂ©.

Association des parents de l’Ă©cole Rose-des-vents c. British Columbia (Éducation), [2015] CSC 21, 2015 SCC 21 2 R.C.S. 139

Eaton c. Conseil scolaire du comtĂ© de Brant, [1997] 1 R.C.S 241

Verdict of Coroner’s Jury: Inquest into the death of Katelynn Angel Sampson, 29 avril 2016, recommandations nos 86 et 92 (ministère de l’Éducation); 149-151 (Toronto District School Board)

Minister of Basic Education v. Basic Education for All (20793/2014) [2015] ZASCA, 2 dĂ©cembre 2015, Cour suprĂŞme d’appel de l’Afrique du Sud – droit Ă  l’Ă©ducation et principes gĂ©nĂ©raux

Regina (Williamson and Others) v Secretary of State for Education and Employment, [2005] UK HL 15 – la libertĂ© de religion des parents ne l’emporte pas sur l’interdiction des châtiments corporels dans les Ă©coles

Belgian Linguistic Case (no. 2), 1968 EHRR 252 – droit Ă  l’Ă©ducation dans la langue de la minoritĂ© en Europe

Considérations spéciales

Une approche fondĂ©e sur les droits de l’enfant tient compte de l’ensemble et de l’indivisibilitĂ© des droits de l’enfant, ainsi que de la nĂ©cessitĂ© de contextualiser la situation de l’enfant en consĂ©quence, en particulier dans les dossiers traitant des sujets suivants :

  • IntĂ©gration des enfants migrants et des jeunes nouveaux arrivants dans les Ă©tablissements scolaires et les services
  • Pupilles ayant des besoins spĂ©ciaux
  • Enfants dans les Ă©coles de langue officielle minoritaire
  • Services Ă©ducatifs aux enfants autochtones
  • Questions relatives Ă  la vie privĂ©e des Ă©lèves et des pupilles en lien avec la vidĂ©osurveillance, les tĂ©lĂ©phones cellulaires, les casiers et la protection des renseignements personnels
  • Intimidation et cyberviolence dans les Ă©coles
  • Services scolaires et pupilles LGBTQ (lesbienne, gai, bisexuel, transgenre et en questionnement)
  • Services scolaires et adolescents pris en charge par l’État
  • Services scolaires et adolescents ayant des dĂ©mĂŞlĂ©s avec la justice
  • Discipline dans les Ă©tablissements scolaires
  • Harcèlement personnel ou sexuel dans les Ă©tablissements scolaires
  • Processus d’appel des Ă©coles
  • Choix Ă©ducatifs dans les services scolaires
  • Religion et services Ă©ducatifs
  • Parents gardiens et parents non gardiens
  • Sports Ă  l’Ă©cole et services Ă©ducatifs parascolaires
  • Mise en Ĺ“uvre des droits de l’enfant dans les services Ă©ducatifs et l’Ă©laboration de politiques
  • Droits respectant les Ă©coles

Pratiques essentielles

  • Informez les fournisseurs de services Ă©ducatifs sur le droit de l’enfant de participer (de recevoir de l’information, d’exprimer son point de vue et de demander qu’il soit pris en considĂ©ration) Ă  la prise de toutes les dĂ©cisions qui le concernent.
  • Aidez l’enfant Ă  ĂŞtre entendu lorsque vous ĂŞtes le conseiller de ses tuteurs Ă  l’instance dans les appels de conseils scolaires.
  • Assurez-vous que les services Ă©ducatifs servent l’intĂ©rĂŞt supĂ©rieur de l’enfant.
  • Les fournisseurs de services Ă©ducatifs et les parents qui prodiguent des conseils Ă  leurs enfants sont conjointement responsables en tant que fournisseurs de soins primaires et dĂ©tenteurs d’obligations Ă  l’Ă©gard des enfants dans les Ă©tablissements scolaires.

Ressources