Comment augmenter vos honoraires sans perdre vos clients

  • 19 septembre 2014
  • Amy Jo Ehman

Imaginez un peu le client idĂ©al. Dès qu’il reçoit votre facture pour la fourniture de vos services juridiques, il appelle pour vous avouer qu’il trouve vos honoraires franchement trop bas. LĂ , c’est certain, vous avez un indice que le temps est venu d’augmenter vos tarifs.

HĂ©las, ce genre de situation arrive rarement dans la vraie vie. Ă€ quel moment faut-il augmenter vos honoraires et comment en informer vos clients sans les faire fuir? Comment Ă©valuer avec justesse le marchĂ© pour dĂ©terminer ce que vous valez au plan des honoraires? Comment employer judicieusement les augmentations d’honoraires ainsi obtenues, de façon Ă  attirer les clients qu’il vous faut tout en constituant le cabinet juridique dont vous rĂŞvez?

Ă€ l’instar de bien des choses dans la vie, la hausse des honoraires relève bien  plus de l’intuition que de la science exacte. Il existe cependant des facteurs de base Ă  prendre en considĂ©ration, notamment les questions de dĂ©ontologie et l’objectif principal de votre entreprise. Mais il faut aussi de l’expĂ©rience pour ĂŞtre en mesure de rĂ©pondre Ă  la question ultime : votre client obtient-il davantage pour son argent Ă  chaque augmentation graduelle de vos tarifs?

Le conte (ou le compte!) des deux clients

Raymond Lee a eu la chance de rencontrer le client idĂ©al dès le dĂ©but de sa carrière en droit. « Je m’en souviens avec une certaine tendresse. Ă€ peine avais-je commencĂ© Ă  monter son dossier pour une affaire qu’il m’incitait dĂ©jĂ  Ă  lui envoyer la facture. J’avoue que j’ai fini par m’accoutumer Ă  ce procĂ©dĂ© spĂ©cial» rappelle Lee, de chez Lee et Kong, un cabinet juridique spĂ©cialisĂ©, Ă  Calgary, en droit des affaires et des sociĂ©tĂ©s et en droit immobilier. « Lorsque la facture Ă©tait trop peu Ă©levĂ©e Ă  son goĂ»t, il me demandait pourquoi je ne le facturais pas davantage! »

« Je ne voulais pas tout simplement parce que je l’aimais bien, mais pour lui faire plaisir je finissais pas monter un peu la facture. »

Ă€ l’autre bout du spectre, cependant, Lee devait affronter la colère d’un client insatisfait qui se plaignait toujours que la facture Ă©tait trop « salĂ©e ».

« C’est arrivĂ© très tĂ´t dans ma carrière et je n’aimais pas cela. Quand vous tombez sur un de ces cas, vous craignez de recevoir une semonce pour le moindre service que vous facturez » dĂ©clare-t-il.

Avec les annĂ©es, Lee a gagnĂ© en assurance pour ce qui Ă©tait de fixer et d’augmenter ses honoraires. Ă€ prĂ©sent, il procède Ă  la rĂ©vision de son barème chaque annĂ©e et informe aussitĂ´t ses clients de la date oĂą l’augmentation prendra effet. Après 25 annĂ©es dans la pratique du droit, il a en outre acquis suffisamment de confiance en lui pour savoir ce qu’il vaut.

« Ă€ quel moment les avocats doivent-ils penser Ă  augmenter leurs honoraires? Lorsqu’ils ont l’impression de mĂ©riter davantage et que le client est d’accord de payer » rĂ©pond-il « et je n’ai jamais perdu un seul client pour avoir augmentĂ© mes honoraires. »

Évaluation du marché

Comment savoir Ă  quel moment vous mĂ©ritez plus? Combien vos collègues facturent-ils? Et qui sont ces clients si conciliants d’accord pour payer ce supplĂ©ment? En fait, cela exige souvent de l’avocat qu’il mène sa propre enquĂŞte pour savoir ce que les autres facturent – et paient – au sein mĂŞme de sa communautĂ©.

Il existe plusieurs sources de renseignements concernant les tarifs en vigueur pour la prestation de services juridiques. Une source très instructive - mais peut-ĂŞtre pas fiable Ă  100% - est le rĂ©seau de la rumeur locale. Que dit-on dans les milieux juridiques? Qui charge combien et pour quel type de service? Vous pouvez demander, Ă  titre officieux, Ă  d’autres avocats, ayant Ă  peu près le mĂŞme niveau de compĂ©tence et d’expĂ©rience que vous quels sont leurs honoraires pour une tâche analogue. Vous pouvez aussi consulter les relevĂ©s des causes examinĂ©es par le fonctionnaire chargĂ© du calcul des taxes dans votre ressort. Vous dĂ©couvrirez sans doute qu’il n’existe pas de tarif unique fixe pour chaque type de service, mais plutĂ´t un vaste barème de tarifs influencĂ© par divers facteurs tels que le nombre d’annĂ©es de pratique, le champ de spĂ©cialisation, les frais administratifs, la localisation du cabinet et les conditions du marchĂ©.

Larry Hurd, un avocat Ă  son compte Ă  Calgary, se souvient d’une fois oĂą il avait Ă  reprĂ©senter un co-accusĂ© dans une affaire criminelle pour laquelle il avait facturĂ© 500$. Au cours des sessions pour la nĂ©gociation de plaidoyers avec le procureur de la Couronne, il a aperçu le dossier de l’autre accusĂ© et notĂ© que les reçus de payements totalisaient 3000$. Il ne fallait pas ĂŞtre grand mathĂ©maticien pour en dĂ©duire que Hurd vendait ses services Ă  vil prix!

« Alors, bien entendu, j’ai commencĂ© Ă  monter mes tarifs et parfois, vous savez, les gens se disent que si vous facturez plus, c’est que vous devez ĂŞtre un excellent avocat » relate-t-il.

Que racontent les clients Ă  votre sujet? Faites-vous souvent l’objet de recommandations? Des clients satisfaits - et le fait qu’ils vous rĂ©fèrent d’autres clients - indiquent que vous ĂŞtes en demande et qu’il vous serait possible d’augmenter vos honoraires pour les services de qualitĂ© que vous fournissez. Menez une enquĂŞte parmi votre clientèle actuelle- faites-le vous mĂŞme ou engagez une sociĂ©tĂ© de marketing. Après avoir classĂ© un dossier, demandez Ă  votre client de remplir un questionnaire afin d’Ă©valuer son taux de satisfaction en posant des questions du type : vous a-t-on rĂ©pondu aussi rapidement que vous l’aviez escomptĂ©? Selon vous, sommes-nous accessibles? Avons-nous bien rĂ©pondu Ă  toutes vos questions? Pensez-vous en avoir eu assez pour votre argent?

« Si vous songez Ă  augmenter vos honoraires, peut-ĂŞtre devriez-vous commencer par examiner dans quelle mesure vous fournissez Ă  vos clients la qualitĂ© des services Ă  laquelle ils s’attendent » rappelle Paul McLaughlin, conseiller intĂ©rimaire sur la pratique au Law Society de l’Alberta. « Si vous craignez de vĂ©rifier auprès de vos clients leur taux de satisfaction, parce que vous soupçonnez une insatisfaction, alors il y a un problème. En fait, vous devriez vouloir entendre vos clients dire « il est cher, mais il en vaut la peine. »

Cours de psychologie de marketing 101

Pour bien des clients, le problème n’est pas la question financière en soi, mais plutĂ´t leur perception de ce qu’ils obtiennent pour leur argent. Autrement dit, ces clients ne rechigneront pas devant une augmentation de vos honoraires s’ils estiment que vos services valent le coĂ»t. Comprendre cet aspect de la psychologie humaine est une Ă©tape importante du processus d’Ă©valuation de votre propre valeur et de ce que le client est disposĂ© Ă  payer.

Hurd invoque souvent son propre cas comme un exemple du genre. Au dĂ©but des annĂ©es 1980, alors qu’il entamait sa carrière d’avocat Ă  Calgary, il facturait les honoraires les plus bas de la ville pour les cas de divorce et de droit immobilier. Il agissait ainsi pour attirer le maximum de clients et cela a fonctionnĂ© puisqu’il devint rapidement un avocat très occupĂ©.

Pendant ses Ă©tudes de droit, Hurd vendait des autos usagĂ©es comme emploi d’Ă©tĂ©. Ce fut l’occasion pour lui d’en apprendre un peu plus sur la nature et la psychologie humaines. Il s’est vite rendu compte qu’il valait mieux afficher un prix Ă©levĂ© et offrir un rabais, que de fixer un prix peu Ă©levĂ© pour essayer de le monter par la suite. Il a Ă©galement compris que les clients du genre Ă  donner des coups de pied dans les pneus sont en gĂ©nĂ©ral les plus exigeants et ceux qui demandent le plus d’attention tout en cherchant Ă  diminuer votre profit sur chaque transaction. Après avoir servi pendant des annĂ©es des clients qui, en droit, Ă©quivalaient Ă  ceux qui donnent des coups de pied dans les pneus, Hurd fit une volte-face complète et dĂ©cida d’augmenter ses tarifs.

Dans le cadre d’une pratique presque exclusivement spĂ©cialisĂ©e en droit immobilier, il a fait passĂ© ses modestes honoraires de 300 $ par transaction Ă  800$ sur une pĂ©riode de cinq ans. Bien qu’en gĂ©nĂ©ral ses collègues facturent environ 500 $ pour ce service, Hurd a dĂ©cidĂ© de devenir l’avocat en droit immobilier le plus cher de Calgary. A-t-il perdu, ce faisant, des clients? Oui, bien sĂ»r, mais cela ne l’a pas empĂŞchĂ© de dormir. Disposant de davantage de temps pour ceux qui avaient dĂ©cidĂ© de le rester, Hurd s’est efforcĂ© de leur donner le maximum pour chaque dollar investi dans ses services. Autrement dit, il a augmentĂ© la qualitĂ© de ses services, une initiative que bien des clients sont prĂŞts Ă  rĂ©compenser de leurs deniers.

Il a en outre tirĂ© une excellente leçon de ses annĂ©es de vendeur de vieilles voitures : l’art de faire sourire le client. En effet, lorsqu’un client rechigne sur ses tarifs trop Ă©levĂ©s, il adoucit son humeur en plaisantant. Il dirait, par exemple : « vous savez, ce prix est encore en-dessous de mes tarifs, si je voulais,  je pourrais charger plus cher ». Et Ă  l’appui de cette observation, il sort et montre sa carte d’affaires Ă  l’endos de laquelle ses honoraires « standard » sont imprimĂ©s noir sur blanc, un vieux truc appris d’un pro de la vente d’automobiles.

« Ă€ l’Ă©poque, j’avais l’habitude de dire Ă  mes clients que mes honoraires Ă©taient infĂ©rieurs Ă  la moyenne. Ce que je ne fais plus Ă  prĂ©sent. Aujourd’hui, j’avise dès le dĂ©part mes clients que mes honoraires sont supĂ©rieurs Ă  la moyenne, mais que mon travail est Ă©galement d’une qualitĂ© supĂ©rieure Ă  la moyenne. »

« Depuis que j’ai augmentĂ© mes frais d’avocat, je gagne davantage d’argent, dit-il, et je me garde bien d’accepter des dossiers de clients qui veulent la lune pour rien. Les clients qui magasinent Ă  tout crin pour dĂ©nicher les plus bas prix possibles sont en gĂ©nĂ©ral ceux qui vous donnent les pires migraines. »

Hurd a procĂ©dĂ© Ă  plusieurs changements dans sa vie professionnelle pendant cette mĂŞme pĂ©riode. Il a cessĂ© d’annoncer son cabinet dans les Pages jaunes et dorĂ©navant se fie presque exclusivement sur les recommandations de ses clients pour lui en recruter d’autres. Comme son tĂ©lĂ©phone sonne moins souvent, il a dĂ©cidĂ© de se passer de secrĂ©taire. Il rĂ©pond donc lui-mĂŞme au tĂ©lĂ©phone et classe lui-mĂŞme ses dossiers. Fort de sa maĂ®trise en administration des affaires, et de sa qualification de planificateur financier en plus de son diplĂ´me en droit, Hurd fournit Ă  ses clients des services Ă  valeur ajoutĂ©e qui leur donne la certitude d’en avoir pour leur argent, ce qui est l’outil de marketing par excellence.

« Vous devez inspirer au client la confiance en vos compĂ©tences d’avocat. Si vous plaisez Ă  vos clients, ils auront confiance en vous et s’ils ont confiance, ils engageront vos services. Et bien entendu, s’ils vous engagent, ils vous paieront, dĂ©clare-t-il, en fait, tout commence par ce rapport amical et ce sentiment que vous donnez Ă  l’autre, car cette perception signifie dans l’esprit du client que vous veillerez au mieux de ses intĂ©rĂŞts. »

Il envisage d’ailleurs d’augmenter encore ses honoraires. Au lieu de fixer un tarif dĂ©terminĂ©, il se propose de facturer un pourcentage de la valeur du bien immobilier faisant l’objet de la transaction. Tout comme les agents immobiliers prĂ©lèvent un pourcentage sur le prix de vente, Hurd aimerait que les avocats spĂ©cialisĂ©s en droit immobilier puissent tarifer leurs services Ă  un pour cent de la valeur de la transaction immobilière. Il reste Ă  dĂ©terminer dans quelle mesure ce projet est faisable. Hurd Ă  ce sujet est relativement confiant.

Pour Raymond Lee, cela se rĂ©sume Ă  ceci : « Le pouvoir que vous avez de facturer un certain tarif n’a pratiquement rien Ă  voir avec vos qualitĂ©s d’avocat. En fait, c’est bien plus une question de marketing et de bonnes relations avec votre client. »

Tâter le terrain

Une fois dĂ©cidĂ© Ă  augmenter vos honoraires, vous pouvez tâter le terrain en prĂ©sentant le barème de vos honoraires Ă  de nouveaux clients potentiels, recommande Lee. Leurs rĂ©actions vous aideront Ă  juger si l’augmentation est acceptable ou complètement irrĂ©aliste.

« Si vos honoraires dĂ©passent le seuil qu’ils s’Ă©taient fixĂ©, les clients rĂ©agiront d’une certaine manière, ajoute-t-il. S’ils vous rĂ©pondent qu’ils veulent d’abord consulter un autre avocat, alors vous savez que vos tarifs sont trop Ă©levĂ©s. Il vaudrait mieux ajuster vos honoraires en vue du prochain client. »

IdĂ©alement, le processus d’augmentation de vos honoraires a dĂ©butĂ© bien avant que vous en parliez Ă  votre clientèle. Une gestion efficace de cabinet juridique implique que vous discutiez des frais avec votre client dès le dĂ©but de l’affaire, avant mĂŞme de commencer Ă  monter le dossier, et que vous mettiez cette entente par Ă©crit. Après avoir Ă©tabli cette pratique de discuter avant tout des questions d’argent de manière ouverte et franche, vous pourrez y refaire allusion par la suite, s’il y a lieu.

« L’Ă©lĂ©ment essentiel, c’est la communication » rappelle Lonny Balbi, de chez Balbi et du Company Legal Centre Ă  Calgary, spĂ©cialisĂ©e en droit matrimonial. « Donnez Ă  vos clients des indices clairs ce qui les attend. En informant les clients que vos honoraires grimperont le 1er janvier, par exemple, ils ne seront pas surpris en recevant la facture. »

Et, surtout, mettez tout cela par Ă©crit au cas oĂą votre client oublierait cette conversation. « C’est un excellent moyen d’Ă©viter des conflits, car ainsi vous pourrez toujours leur rafraĂ®chir la mĂ©moire en ressortant la lettre originale. »

HĂ©las, d’après Lonny Balby, bien des avocats oublient cette petite règle pourtant essentielle. « Les avocats sont formidables dès qu’il s’agit de l’exercice mĂŞme de leur profession, mais pour ce qui est de discuter franchement de l’augmentation de leur tarification horaire, ils prĂ©fèrent tout simplement facturer en espĂ©rant que le client n’y verra que du feu. Ce n’est pas la chose Ă  faire. Il faut toujours en parler directement avec les clients. »

Liste de contrĂ´le pour l’augmentation de vos honoraires

  • RĂ©visez votre barème d’honoraires une fois par an. En procĂ©dant Ă  des augmentations progressives, les effets sont moins radicaux sur votre clientèle, qui sera plus encline Ă  les accepter qu’une grosse augmentation sporadique.
  • Avisez vos clients dès le dĂ©but que vous rĂ©visez vos honoraires chaque annĂ©e et que cela pourrait entraĂ®ner une augmentation. Ainsi, vos clients sont prĂ©venus et vous Ă©vitez l’effet de « mauvaise surprise ».
  • Informez vos clients de ce nouveau barème/taux horaire deux mois avant l’entrĂ©e en vigueur de l’augmentation.
  • Faites toujours Ă©tat des augmentations de vos honoraires par Ă©crit. MĂŞme si vous avez avisĂ© votre client en personne ou au tĂ©lĂ©phone, faites un suivi Ă  l’aide d’un document que vous conserverez au dossier.
  • Expliquez Ă  votre client les raisons justifiant cette augmentation. Il sera beaucoup plus enclin Ă  l’accepter si cette augmentation est calculĂ©e selon les conditions du marchĂ©, si elle est dĂ»ment documentĂ©e et si diffĂ©rents facteurs la justifient (l’inflation, les salaires, des dĂ©bours plus Ă©levĂ©s, etc.)
  • Dressez un portrait de la situation Ă©conomique de votre client et dĂ©montrez-leur explicitement que l’augmentation cadre avec son budget. Il constatera ainsi que vous prenez Ă  cĹ“ur ses intĂ©rĂŞts et que vous comprenez le caractère unique de sa situation.
  • Ne prĂ©sentez pas d’excuses pour l’augmentation de vos honoraires. Si elle est raisonnable et justifiĂ©e, vous n’avez nulle raison de vous sentir coupable.

Comment présenter une augmentation en fonction de chaque type de client

Rien ne vous oblige Ă  traiter vos clients comme s’ils Ă©taient tous Ă©gaux face Ă  l’augmentation de votre taux horaire ou de vos honoraires fixes. La manière de mettre en vigueur cette augmentation vous revient, cependant il est bon de prendre en compte certains facteurs :

Nouveaux clients : puisqu’ils ne savent rien de votre histoire, il est inutile de leur rĂ©vĂ©ler que vous venez d’augmenter vos honoraires. Vous n’ĂŞtes pas non plus tenu d’attendre jusqu’Ă  la date de votre rĂ©vision annuelle pour dĂ©cider des honoraires Ă  leur facturer. En fait, les nouveaux clients sont une excellente occasion de tester l’acceptation d’honoraires plus Ă©levĂ©s.

Clients actuels :  malgrĂ© toutes vos prĂ©cautions et discussions, certains clients restent rĂ©ticents devant l’augmentation de vos honoraires. Si vous ĂŞtes sur le point de clore leur dossier, vous pouvez opter pour la majoration de vos honoraires applicables Ă  la partie du dossier qu’il vous reste Ă  traiter, Ă©tant entendu que tout futur service juridique sera facturĂ© selon ce nouveau tarif.

Clients de longue date : il est Ă©vident que vos clients les plus anciens ont dĂ», au fil des annĂ©es, augmenter leurs prix, ils sont donc bien placĂ©s pour comprendre votre besoin d’en faire autant. Cependant, si leurs budgets ne le permettent pas, vous pouvez trouver d’autres mĂ©thodes pour Ă©conomiser et diminuer votre charge de travail. Par exemple, votre profonde connaissance, de longue date, de leur dossier peut vous inciter Ă  trouver des moyens de dĂ©lĂ©guer certaines tâches de nature administrative Ă  leurs bureaux plutĂ´t que de vous en charger.

Clients hyper-exigeants: le fait d’augmenter vos honoraires pourrait vous aider Ă  vous dĂ©barrasser de ces clients qui causent plus de problèmes qu’ils ne rapportent de bĂ©nĂ©fices.

Que faire si votre client vous quitte?

MalgrĂ© le soin que vous avez mis Ă  analyser la situation et les prĂ©cautions dont vous avez entourĂ© la mise en vigueur de votre augmentation, certains clients prĂ©fĂ©reront se tourner vers un avocat moins onĂ©reux. Cependant, les avocats aguerris soutiendront que le risque n’est pas si grand, ni aussi effrayant que l’on se l’imagine de prime abord. Diminuer le nombre de vos clients rĂ©duira d’autant votre charge de travail, et vous disposerez ainsi de plus de temps pour examiner Ă  fond chaque dossier. AmĂ©liorer la qualitĂ© de vos services justifie l’augmentation de vos honoraires. En dĂ©finitive, vous aurez peut-ĂŞtre en effet moins de clients, mais plus d’argent!

C’est au client qu’il revient de calculer et de comparer la valeur ajoutĂ©e (pour des frais supplĂ©mentaires) par rapport Ă  ce qu’il lui en coĂ»terait de recommencer Ă  zĂ©ro avec un autre avocat (Ă  moindres frais). « Certes, il y a un facteur de risque qu’il ne faut pas nĂ©gliger, rappelle McLaughlin, cependant il est moindre que ce qu’imagine la plupart des avocats. »

Larry Hurd conclut en ces termes : « Je prĂ©fèrerais m’asseoir Ă  mon bureau pour lire un bon bouquin et faire faillite avec classe plutĂ´t que de me fendre en quatre pour des clients qui ne veulent pas me payer les honoraires que je mĂ©rite. » Ceci dit, il a autant de clients qu’il en souhaite!

La voie de l’avenir

Augmenter vos honoraires peut ĂŞtre une dĂ©cision difficile en ces temps oĂą les critiques ne cessent d’accuser les avocats de faire grimper leurs tarifs Ă  un point exorbitant. Cette perception dans l’opinion publique pousse de plus en plus de parties Ă  se reprĂ©senter elles-mĂŞmes dans le cadre d’instances judiciaires et les tribunaux commencent Ă  en avoir l’habitude. Par consĂ©quent, comme le soutient Lonny Balbi, les avocats aux États-Unis, et de plus en plus au Canada, essaient d’adopter la nouvelle mĂ©thode appelĂ©e « facturation Ă  la valeur », en vertu de laquelle ils fixent au dĂ©part un montant d’honoraires important, qui leur est dĂ» uniquement s’ils obtiennent gain de cause Ă  l’issue du procès. Autrement dit, perdre votre cause revient Ă  perdre votre argent.

« Avec cette mĂ©thode, les clients sont ravis et les avocats aussi, puisqu’ils peuvent gagner Ă©normĂ©ment d’argent » explique Balbi, « certes, vous prenez le risque de perdre, mais quand vous gagnez, l’argent coule Ă  flot! »

Amy Jo Ehman est journaliste pigiste Ă  Saskatoon