Cinq bonnes raisons de ne pas s’en prendre à l’avocat adverse

  • 09 juillet 2014
  • David R. Keene II

Au cours de votre carrière, vous rencontrerez des avocats adverses qui vous énerveront. Ils seront exagérément querelleurs, manqueront à leur engagement de fournir certains documents, présenteront requêtes par-dessus plaintes modifiées par-dessus demandes préalables par-dessus requêtes, ou seront tout simplement de mauvais praticiens. Lorsque cette situation se présentera, il n’y a rien dont vous aurez plus envie que de critiquer leur incompétence ou leur manque de coopération dans les actes de procédure.

Aussi satisfaisant que cela puisse être, il n’y a rien à gagner à attaquer l’avocat adverse dans les actes de procédure. Voici cinq bonnes raisons de ne pas le faire.

  1. Le professionnalisme. La principale et meilleure raison de ne pas attaquer un avocat adverse par écrit est que ce n’est pas professionnel. En tant qu’officier de justice et professionnel autorisé, vous devriez vous élever au-dessus des vaines disputes personnelles.Un professionnel ne perd pas de temps à se demander comment assener un coup à l’avocat adverse dans les actes de procédure; un professionnel se concentre sur les intérêts de son client et laisse la qualité des arguments écrits parler d’elle-même.
  2. Les écrits restent. Il y aura toujours quelque part une copie de votre attaque contre l’avocat adverse. Tout ce qui est écrit peut être mis en circulation dans les palais de justice, dans les administrations municipales et dans le monde entier d’un simple clic de souris. Si votre document n’est pas déjà en format électronique, il peut le devenir facilement; en peu de temps, le document contenant le sale petit coup donné à l’avocat adverse sera affiché sur le Web. Si l’affaire est devant une cour fédérale, votre écrit sera encore plus accessible à toutes les personnes intéressées.
  3. L’avocat adverse n’oubliera JAMAIS ce que vous avez fait. Peut-être que l’avocat adverse manque totalement de professionnalisme et qu’il « mérite » l’insulte. Mais peut-être connaît-il simplement une mauvaise période et qu’il a des problèmes personnels, et que la dernière chose dont il ait besoin, c’est votre petite attaque écrite. Soyez tranquille, votre nom ne sera jamais oublié, et à l’avenir, vous pourrez faire une croix sur la « courtoisie professionnelle » réciproque. Vous auriez besoin de plus de temps pour soumettre une réponse? Ah, une échéance est une échéance! Vous ne voulez pas manquer la partie de soccer de votre enfant et désirez déplacer cette déposition? Comme c’est dommage! Vous êtes submergé de travail et auriez besoin d’une pause? Vraiment désolé! Attaquez quelqu’un par écrit, et vous vous êtes fait un ennemi permanent.
  4. Vos collègues liront ce que vous avez écrit. Au cours de votre carrière, vous voudrez que des collègues vous réfèrent des clients. Vous voudrez aussi avoir une bonne réputation lorsque se libéreront des postes de direction dans la communauté ou au barreau. Vous voudrez être perçu comme une personne tenace, mais correcte, non comme une personne inflexible et querelleuse. En tirant sur l’avocat adverse, vous vous priverez d’opportunités futures.
  5. Le juge est plus intelligent que vous ne le pensez et sait qui cause des problèmes. Les jeunes avocats pensent souvent que la cour ne sait pas qui est en train de causer des problèmes inutiles dans un dossier particulier ou qui est exagérément querelleur, et ils sentent le besoin de le faire savoir. La cour est cependant plus perspicace que vous ne le croyez. C’est ce que j’ai découvert il y a quelques années lorsque j’ai été engagé dans un différend relatif à la divulgation de la preuve avec l’avocat adverse, qui s’ingérait dans mon assignation à témoigner d’un tiers. Selon mon habitude, j’avais télécopié et posté les documents au destinataire, mais je n’avais envoyé les copies que par la poste. J’avais envoyé la copie d’une lettre à l’avocat adverse; par conséquent, il n’avait reçu sa copie que par la poste. Lorsque l’avocat adverse découvrit ma manière de procéder, il piqua une crise et m’accusa par écrit de commettre une fraude et de mentir à la cour. Il envoya une copie de la lettre à la cour en dépit des instructions écrites du juge spécifiant qu’il ne fallait pas lui envoyer de copie de la correspondance. Après une téléconférence avec le juge pour discuter du différend relatif à la divulgation de la preuve, il ordonna à l’avocat adverse d’arrêter de s’ingérer dans mon assignation à témoigner. L’ordonnance terminait sur une simple phrase rappelant aux avocats qu’ils ne doivent pas envoyer de copies de la correspondance à la cour. De toute évidence, la cour savait qui était le fauteur de troubles sans que j’aie eu à m’en prendre à lui.

Gardez toujours en tête que dans tous les aspects de votre métier, et pas seulement dans l’acte de procédure, il vaut toujours mieux faire preuve de professionnalisme. Vous serez bien servi si vous vous comportez toujours de manière exemplaire.

David R. Keene II est avocat chez Baker, Donelson, Bearman, Caldwell & Berkowitz, dans leurs bureaux de Tri-Cities Tennessee/Virginia. Cet article est d’abord paru dans The Young Lawyer, vol. 13, no 1. © 2008 American Bar Association. Reproduit avec permission. Tous droits réservés. Cette information ou toute portion de cette information ne peut être copiée ou disséminée sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, ni stockée dans une base de données électronique ou un système de recherche documentaire sans le consentement écrit exprès de l’American Bar Association.