Quand croître et quand externaliser?

  • 26 septembre 2018
  • James Careless

Votre cabinet reçoit soudainement plus de travail? C’est un bienfait… tout relatif. Certes, qui dit plus de travail dit plus de revenus, mais Ă©puiserez-vous vos adjoints et associĂ©s Ă  la tâche?

« Ă€ mon expĂ©rience, il y a quatre signes qu’un cabinet en est au point oĂą il doit choisir soit de croĂ®tre, soit d’externaliser, explique Kamila Philip, prĂ©sidente de Law Firm Marketing Canada. Premièrement : il refuse du boulot par manque de capacitĂ©. Deuxièmement : le personnel est dĂ©bordĂ© (on le voit par les heures supplĂ©mentaires qui s’accumulent). Ensuite : le cabinet prend du retard dans les dossiers des clients et a du mal Ă  respecter les Ă©chĂ©ances. Finalement : il caresse dĂ©jĂ  un projet d’expansion, et attend de pouvoir aller de l’avant. »

Dans ces situations, deux voies s’ouvrent Ă  vous : croĂ®tre ou externaliser. Mais si les deux peuvent ĂŞtre la solution, chacune a ses inconvĂ©nients. Par exemple, l’embauche de personnel et l’ajout d’infrastructures peuvent coĂ»ter plus qu’ils ne rapportent; tandis que l’impartition de tâches Ă  un fournisseur externe signifie une perte de contrĂ´le sur le rĂ©sultat.

Quoi faire, alors?

D’abord, il faut regarder les choses en face, financièrement parlant. Les revenus additionnels vont-ils non seulement couvrir les salaires et l’Ă©quipement qui s’ajoutent (loyers, services publics, matĂ©riel informatique, licences logicielles, ameublement, etc.), mais AUSSI gĂ©nĂ©rer un profit?

« Ă‰tablissez des projections de revenus pour vos nouveaux services ou domaines de pratique, conseille Jared Correia, fondateur et directeur gĂ©nĂ©ral de Red Cave Law Firm Consulting. De cette façon, vous aurez une idĂ©e de l’argent que vous pourrez possiblement toucher et, si vous vous y prenez correctement, de ce qu’il va vous en coĂ»ter. »

Si cet examen des rĂ©alitĂ©s financières est prometteur, l’expansion peut ĂŞtre une option sĂ©rieuse pour votre cabinet. Autrement, le mieux sera peut-ĂŞtre l’externalisation vers un tiers aux services abordables.

Quoi qu’il en soit, souvenez-vous que « la croissance n’est la voie Ă  prendre que si elle permet d’accomplir des objectifs stratĂ©giques, comme amĂ©liorer votre rentabilitĂ© », explique Colin Cameron, prĂ©sident de Profits for Partners Management Consulting Inc.

Et mĂŞme si votre cabinet peut se permettre de prendre de l’expansion, l’externalisation reste envisageable. En effet, c’est parfois la meilleure dĂ©cision sur le plan des affaires!

Par exemple, l’expansion peut se faire sans embauche de personnel supplĂ©mentaire si vous confiez vos tâches routinières et peu lucratives Ă  un fournisseur bon marchĂ©.

« Beaucoup de cabinets n’exploitent pas le plein potentiel de leurs avocats, remarque Jordan Furlong, expert-conseil principal Ă  Law 21, une firme de gestion des cabinets juridiques. Lors de mes visites, je vois des associĂ©s faire du travail qui reviendrait normalement aux avocats adjoints, et les avocats adjoints faire du travail dont des auxiliaires ou parajuristes pourraient se charger. » Et le client pourrait mĂŞme accomplir certaines tâches lui-mĂŞme. Par exemple, remplir les formulaires en ligne, ce qui rĂ©duirait les coĂ»ts en personnel sans sacrifier la qualitĂ© des services.

Une autre situation oĂą l’externalisation est de mise : lorsqu’un cabinet reçoit un projet ponctuel qui augmente temporairement son volume de travail, mais sans garantie que ce volume sera maintenu une fois ledit projet terminĂ©. Le mieux est de s’adjoindre l’aide d’un tiers pour Ă©viter d’avoir Ă  rĂ©duire son personnel plus tard.

Enfin, il peut aussi ĂŞtre bon d’externaliser lorsque l’on s’aventure dans un marchĂ©, sans savoir si l’aventure est vouĂ©e au succès ou Ă  l’Ă©chec. « Dans ce genre de dĂ©marches exploratoires, moins on paie, mieux c’est – surtout s’il est impossible d’en deviner l’issue –, affirme Jared Correia. De plus, recourir Ă  un fournisseur vous permettra peut-ĂŞtre d’apprendre de lui et d’employer ses systèmes. Vous trouvez que son système de rĂ©ceptionniste virtuel gère particulièrement bien les demandes? Adoptez-le, tout simplement. »

Bien sĂ»r, l’externalisation – quand elle est possible, ce qui ne sera pas toujours le cas (certains dossiers sont trop dĂ©licats et confidentiels pour ĂŞtre confiĂ©s Ă  d’autres) – est un pari et comme tous les fournisseurs ne sont pas crĂ©Ă©s Ă©gaux, vous ne toucherez pas toujours le gros lot.

« Il faut bien faire ses recherches avant de retenir les services d’un tiers, et surveiller rĂ©gulièrement son travail après coup », recommande Jordan Furlong.

Le bon cĂ´tĂ© de la chose, c’est que vous n’ĂŞtes pas non plus placĂ©s devant une alternative. En effet, une troisième option s’offre Ă  vous qui combine les avantages de l’expansion et de l’externalisation : les employĂ©s virtuels.

Il s’agit lĂ  d’employĂ©s contractuels ou de pigistes qui travaillent directement pour votre cabinet et sous sa supervision, mais qui le font depuis leurs propres bureaux (habituellement leur domicile) et vous coĂ»tent ainsi moins cher que des avocats adjoints sur place. « Ce peut aussi ĂŞtre un attrait pour l’embauche de jeunes juristes que d’offrir une option de tĂ©lĂ©travail », soutient Kamila Philip.

James Careless est un contributeur régulier à EnPratique.