Amener les gens à développer l’esprit d’équipe et à le conserver

  • 24 avril 2018
  • James Careless

L’esprit d’équipe est-il inné ou acquis? C’est une question qui tourmente les gestionnaires depuis des siècles. Plus récemment, la recherche psychologique a établi que les personnes extraverties tendent à se diriger vers les équipes alors que celles qui sont introverties préfèrent souvent travailler seules.

Sans égard au type de personnalité, le travail d’équipe est important au sein d’un cabinet juridique. Pour les dirigeants de cabinets, il est essentiel d’amener le personnel à collaborer harmonieusement pour pouvoir représenter les clients de façon précise et opportune. C’est particulièrement vrai dans le contexte de transactions juridiques complexes telles que les fusions et acquisitions qui ne peuvent être réussies que grâce à la combinaison des compétences de juristes spécialisés dans divers domaines.

« La nature même du travail sur les transactions exige des juristes qu’ils travaillent en très proche collaboration », a affirmé Karen Dunn Skinner, cofondatrice et chef de la direction de Gimbal Canada Inc., une entreprise de conseils en amélioration des cabinets juridiques basée à Montréal qui dessert des cabinets et des équipes de juristes d’entreprise dans toute l’Amérique du Nord. « Les juristes qui font les choses comme il se doit, qui collaborent efficacement, sont mieux placés pour gérer et atténuer les risques pour leurs clients et tendent, par conséquent, à être plus prospères », dit-elle.

En tant que société dont les ateliers de formation LeanLegal aident les cabinets juridiques à amener les gens à développer l’esprit d’équipe et à le conserver, Gimbal Canada connaît la valeur du travail en équipe, dont certains des avantages sont indiqués ci-dessous.

  • Le travail en équipe permet de mieux collaborer et de mieux comprendre la situation générale considérée du point de vue du client. « Cela peut se traduire par une meilleure présence dans tous les milieux grâce à une meilleure capacité à reconnaître les possibilités pour les collègues d’ajouter à la valeur de l’entreprise et aux affaires du client », a déclaré Mme Skinner.
  • Il permet une meilleure transparence, et un flux de travail et une gestion de projets plus fluides grâce à une répartition mieux pensée et plus efficace des tâches entre les personnes les plus aptes à s’en acquitter, moyennant des délais et coûts raisonnables.
  • Cela permet aussi à la direction du cabinet d’avoir une vue d’ensemble des opérations plus exacte qui « permet une meilleure approche de la prestation du service, de l’efficacité, de la productivité et, en fin de compte, de la rentabilité », a-t-elle souligné.

Le plus gros avantage est le suivant : « des clients plus satisfaits qui vous confient plus de travail juridique et qui, au moyen du bouche-à-oreille, vous aident à trouver de nouveaux clients », dit-elle.

Simon Kent est fondateur de Kent Employment Law, un cabinet spécialisé en droit de l’emploi qui a des bureaux à Vancouver, Kelowna et Victoria, et adepte de la mise en place d’équipes efficaces.

Selon lui, amener les juristes à développer l’esprit d’équipe se traduit par une répartition du travail au sein du cabinet plus équitable et plus facile à gérer, encourage les juristes à mettre leurs connaissances en commun et à apprendre les uns auprès des autres, et améliore la satisfaction et la rétention des employés. « Les gens sont plus heureux, moins stressés lorsqu’ils savent qu’ils peuvent dépendre de leurs collègues et leur faire confiance en toute occasion », dit-il.

En outre, les cabinets juridiques qui établissent et cultivent des équipes internes créent une « situation dans laquelle tant les avocats que les clients tirent leur épingle du jeu quant à la certitude que le travail sera réalisé de façon efficiente et efficace », a affirmé Simon Kent. « Ainsi, si un membre de l’équipe tombe malade ou doit s’absenter, son coéquipier ou sa coéquipière peut prendre sa place (sans avoir à tout apprendre à partir de zéro), ce qui réduit le stress du juriste absent et accroît la confiance du client dans le fait que son dossier est efficacement pris en main ».

Il est manifeste que, pour les cabinets juridiques, l’établissement et le maintien d’équipes sur place sont des décisions sensées. Alors, comment peuvent-ils le faire sans avoir recours aux tactiques de cohésion d’équipes telles que les jeux de confiance souvent tournés en dérision et par là même manquant singulièrement d’attrait?

À Avvōka LLP, un fournisseur de conseillers juridiques non spécialisés à temps partiel qui a son siège social à Ottawa et dessert des entreprises de tout le Canada, les dirigeants favorisent le travail d’équipe au moyen de rencontres en personne et d’activités sociales, a déclaré Andrew Foti, fondateur et directeur du cabinet. « Nous recherchons en outre des juristes qui sont prêts à travailler en équipe et aiment cette approche », a-t-il dit. « Cependant, nous ne leur demandons pas de faire des parcours d’accrobranche ou des activités extrêmes de ce genre. »

Kent Employment Law utilise l’approche d’Avvōka pour favoriser l’esprit d’équipe : toutes les semaines il y a des séances de « visite impromptue des juristes pendant le déjeuner » au cours desquelles le personnel peut discuter d’enjeux liés aux dossiers, le cabinet organise des déjeuners-sushi tous les mois et un comité du personnel interne organise des rencontres sociales régulières. « Parmi ces activités, on trouve notre participation annuelle à un match de baseball des Canadians de Vancouver, que nous combinons avec une activité du cabinet destinée à aider un organisme de bienfaisance local qui œuvre dans un domaine qui nous tient à cœur. Notre retraite estivale annuelle dans la région de l’intérieur de la Colombie-Britannique pour que les personnes qui travaillent dans nos divers bureaux puissent tisser des liens, notre fête costumée annuelle d’Halloween et une sortie de karaoké, notre activité de décoration du sapin pour le bureau, et diverses sorties sociales commanditées par le cabinet pour aller patiner ou jouer aux quilles font aussi partie de ces activités », a déclaré Me Kent.

Cette idée de renforcement de l’esprit d’équipe grâce à des réunions et à des rencontres dans un contexte social a aussi été adoptée par Stewart McKelvey, un cabinet juridique qui a six bureaux dans les provinces de l’Atlantique. Chez eux, Paul Saunders, le premier associé spécialisé en innovation professionnelle (Practice Innovation Partner), organise les équipes pour faire face à des enjeux tels que l’amélioration des processus ou les stratégies de détermination des honoraires au sein du cabinet.

« Nous construisons des équipes autour de problèmes que nous tentons de régler », a déclaré Paul Saunders. En font partie toutes sortes de personnes, des techniciens juridiques aux clients, en passant par les stagiaires, les avocats employés et les associés, afin de pouvoir élaborer des solutions complètes ancrées dans la réalité des affaires. « Le fait de posséder des équipes diversifiées et de leur donner une certaine autonomie pour concevoir des solutions novatrices aux problèmes accroît en outre le degré d’acceptation des nouvelles approches », a-t-il dit. « Cela améliore les chances de succès. »

Outre ces tactiques et les ateliers LeanLegal proposés par Gimbal Canada, les dirigeants de cabinets peuvent favoriser le succès des équipes maison au moyen de la motivation des plus vénales : l’argent.

 « Les structures de rémunération ou autres moyens de reconnaissance peuvent récompenser les avocats qui mettent des équipes sur pied et aident les autres juristes à progresser », a conseillé Grover Cleveland,  auteur de l’ouvrage intitulé Swimming Lessons for Baby Sharks: The Essential Guide to Thriving as a New Lawyer, et fondateur du cabinet de consultants Swimming Lessons for Baby Sharks. « Les cabinets peuvent souligner les réussites découlant d’un travail d’équipe efficace », a ajouté Grover Cleveland « comme, par exemple, lorsque les clients envoient des félicitations. Et les cabinets peuvent proposer une formation pour aider les juristes à améliorer leurs compétences de délégation, de supervision et de mise en place d’équipes efficaces ».

Au fond, la promotion du travail d’équipe est une sage stratégie pour n’importe quel dirigeant de cabinet juridique. Pour la mettre en place dans votre cabinet, « la première étape est d’amener vos avocats et votre personnel de soutien à discuter et à exprimer leurs idées concernant la façon d’établir des équipes », a affirmé Me Kent. « En faisant participer les gens au processus d’établissement d’équipes, vous leur indiquez que leur avis compte, ce qui augmente la participation et les chances de succès des stratégies que vous mettez en place. »

James Careless écrit fréquemment des articles pour EnPratique.