Génération Y

La génération Y, un plus pour votre cabinet

  • 28 septembre 2016
  • James Careless

Attention, baby-boomers : les membres de la gĂ©nĂ©ration Y constituent maintenant le segment le plus important de la population active canadienne. En 2014, selon Statistique Canada, les Canadiens et les Canadiennes nĂ©s entre 1980 et 2000 reprĂ©sentaient en effet 36,8 % de la population active, contre 33,9 % pour les membres de la gĂ©nĂ©ration X (nĂ©s entre 1965 et 1979) et 31,1 % pour les baby-boomers (nĂ©s entre 1945 et 1964).

« La gĂ©nĂ©ration Y arrive en force, y compris dans le domaine du droit », affirme Jane Grant, prĂ©sidente et consultante principale en ressources humaines de Grant and Associates HR Inc. de Calgary, un cabinet qui aide les adeptes de ThĂ©mis Ă  nouer des liens avec des employeurs potentiels. « Ses membres ne dirigent pas encore les cabinets, mais leur poids signifie que les gestionnaires du baby-boom n’auront d’autre choix que d’apprendre Ă  travailler efficacement avec eux. »

Malheureusement, un fossĂ© culturel et gĂ©nĂ©rationnel sĂ©pare les baby-boomers et les enfants du millĂ©naire, dont bon nombre ont le mĂŞme âge que les enfants des baby-boomers. Certains de leurs comportements, comme contester l’autoritĂ©, exiger de l’autonomie et une vie Ă  l’extĂ©rieur du travail et garder les yeux rivĂ©s sur leurs tĂ©lĂ©phones intelligents, sont source d’incomprĂ©hension et d’exaspĂ©ration chez les cadres plus âgĂ©s. En outre, certaines de leurs habitudes, comme habiter le domicile familial, jouer Ă  des jeux vidĂ©o et assister Ă  des assemblĂ©es d’amateurs de bandes dessinĂ©es costumĂ©s en leur personnage prĂ©fĂ©rĂ©, sont interprĂ©tĂ©es comme des signes de paresse, de mollesse et d’Ă©tourderie.

Tout comme les reproches qu’ont essuyĂ©s les baby-boomers de la part de leurs parents lorsqu’ils Ă©taient jeunes, ces accusations sont fausses et injustes. « La gĂ©nĂ©ration Y est aussi motivĂ©e, dynamique et productive que les autres », affirme Lynn Foley, associĂ©e et directrice gĂ©nĂ©rale de fSquared Marketing, une sociĂ©tĂ©-conseil qui offre des services professionnels et de marketing de crĂ©neau Ă  des cabinets d’avocats de toutes les tailles. « Ă€ la maison comme Ă  l’Ă©cole, ses membres ont appris Ă  poser des questions et Ă  faire preuve d’initiative, et s’attendent maintenant Ă  du mentorat et Ă  de l’encadrement de leurs supĂ©rieurs. »

Et leur volontĂ© d’avoir une vie personnelle gratifiante et bien remplie Ă  l’extĂ©rieur du travail et un emploi qui contribue Ă  un monde meilleur? « Quand ils Ă©taient jeunes, ils ont vu leurs parents travailler de longues heures, et donc passer peu de temps avec eux », avance Julie Wong, directrice des ressources humaines du cabinet Minden Gross de Toronto et elle-mĂŞme une enfant du millĂ©naire. « C’est pour cela que ma gĂ©nĂ©ration accorde autant d’importance Ă  la conciliation travail-famille. »

Comme les associĂ©s qui ont grandi durant la grande dĂ©pression et ont eu du mal Ă  travailler avec les baby-boomers il y a 40 ans, les baby-boomers devenus cadres aujourd’hui devront changer d’attitude s’ils veulent tirer parti de leurs employĂ©s de la gĂ©nĂ©ration Y. Voici quelques conseils pour y arriver.

Préparez-vous à vous faire poser des questions

Comme les membres de la gĂ©nĂ©ration Y ont appris Ă  poser des questions et Ă  trouver les rĂ©ponses sur Internet, ils ne considèrent pas que demander pourquoi est un manque de respect. Les baby-boomers doivent comprendre qu’il ne s’agit pas d’une remise en cause et apprendre Ă  tirer profit de ce questionnement constant. « Les enfants du millĂ©naire sont entièrement aptes Ă  prendre en charge leurs propres projets et Ă  les rĂ©aliser Ă  leur rythme, explique Mme Grant. Au lieu de vous offusquer des questions et de les rejeter, profitez de l’occasion pour indiquer aux jeunes ce qu’ils doivent faire, puis laissez-les travailler. »

Soulignez les efforts

MalgrĂ© leur rĂ©putation de rĂŞveurs, les membres de la gĂ©nĂ©ration Y sont rĂ©alistes. Bien qu’ils sachent que les employĂ©s de Google peuvent jouer au ping-pong et au soccer sur table au travail et qu’ils ont accès Ă  un salon de coiffure, une buanderie, un gymnase tout Ă©quipĂ© et des massages aux frais de l’employeur, les jeunes avocats ne s’attendent pas aux mĂŞmes avantages dans un cabinet de Bay Street. Cela dit, « ils s’attendent quand mĂŞme Ă  ce que leurs efforts soient soulignĂ©s et rĂ©compensĂ©s de temps Ă  autre, avance Mme Foley. Ils aiment recevoir des commentaires constructifs – positifs et nĂ©gatifs – sur leur travail, ainsi que des rĂ©compenses pour leurs bons coups, mĂŞme s’il ne s’agit que de petits cadeaux, comme une carte de Starbucks. »

Soyez branchés

Les membres de la gĂ©nĂ©ration Y sont constamment branchĂ©s sur le monde grâce aux tĂ©lĂ©phones intelligents, tablettes et ordinateurs. De plus, ils adoptent rapidement les nouvelles technologies dès leur sortie et ne comprennent pas pourquoi leurs supĂ©rieurs ne peuvent en faire autant. « Comme nous avons toujours notre tĂ©lĂ©phone intelligent Ă  portĂ©e de main, nous tenons pour acquis que les personnes dans notre liste de contacts rĂ©pondront immĂ©diatement Ă  nos courriels et Ă  nos messages texte, dit Mme Wong. Lorsqu’un baby-boomer ne rĂ©pond pas Ă  une question liĂ©e au travail après les heures du bureau ou durant la fin de semaine, nous doutons de son dĂ©vouement. On n’a pas besoin d’ĂŞtre physiquement au bureau pour ĂŞtre disponible et prĂŞt Ă  rĂ©pondre aux questions. »

« Il est vrai que de nombreux baby-boomers ont du mal Ă  s’adapter aux nouvelles technologies, tout comme leurs parents qui n’arrivaient jamais Ă  rĂ©gler l’heure sur le magnĂ©toscope il y a 25 ans, explique Mme Grant. Toutefois, l’âge n’est pas une excuse : les baby-boomers doivent apprendre Ă  utiliser les moyens de communication et les applications d’aujourd’hui. D’oĂą l’importance des jeunes : ils tiennent naturellement votre cabinet Ă  l’affĂ»t des nouvelles technologies. »

Soyez un mentor

Au travail, les membres de la gĂ©nĂ©ration Y s’attendent Ă  ĂŞtre encadrĂ©s et guidĂ©s tout au long d’un cheminement concret parsemĂ© d’incitatifs et de primes. Les cadres plus âgĂ©s peuvent trouver ces attentes irrĂ©alistes et dĂ©raisonnables Ă  la lumière des trente dernières annĂ©es, durant lesquelles la rĂ©duction des coĂ»ts l’a progressivement emportĂ© sur la fidĂ©lisation des employĂ©s. « Toutefois, Ă©tant donnĂ© leur importance dans la population active, les membres de la gĂ©nĂ©ration Y se trouvent en position de force, affirme Mme Grant. Si vous souhaitez attirer et fidĂ©liser les meilleurs d’entre eux, prĂ©parez-vous Ă  ĂŞtre leur mentor et Ă  les aider Ă  bâtir leurs carrières. »

Morale de cette histoire : les baby-boomers ont avantage Ă  tirer parti des jeunes employĂ©s, car ceux-ci ont beaucoup Ă  offrir aux cabinets. Et comme les Canadiens et les Canadiennes travaillent de plus en plus longtemps, les cadres plus âgĂ©s ont intĂ©rĂŞt Ă  tisser des liens solides avec la relève : un jour, ils travailleront peut-ĂŞtre pour les enfants du millĂ©naire qu’ils ont engagĂ©s.

James Careless est un contributeur régulier à EnPratique.