Mieux protéger les enfants

  • 31 mai 2022

Dans un compte-rendu prĂ©sentĂ© au ComitĂ© des droits de l’enfant de l’Organisation des Nations Unies (ONU), la Section sur le droit des enfants de l’Association du Barreau canadien rapporte que le Canada continue d’avoir du mal Ă  se conformer Ă  la Convention relative aux droits de l’enfant de l’ONU. Quelques-unes des recommandations de la Section sont rĂ©sumĂ©es ci-dessous.

Troisième protocole facultatif

L’un des premiers problèmes signalĂ©s par la Section, c’est que le Canada n’a toujours pas ratifiĂ© le troisième protocole facultatif, qui permet aux enfants de porter plainte directement au ComitĂ© des droits de l’enfant lorsqu’aucune solution n’est trouvĂ©e dans leur pays. Or, le Canada demeure dĂ©pourvu de mĂ©canismes rapides, efficaces et directs pour de nombreux cas de violation des droits des enfants. La Section donne un exemple particulièrement flagrant : le pays a toujours nĂ©gligĂ© le financement de la protection des enfants des Premières Nations et continue de le faire. Il a fallu attendre 14 ans pour que le gouvernement cesse de contester une ordonnance d’indemnisation rendue par le Tribunal canadien des droits de la personne dans une affaire de discrimination Ă  laquelle Ă©taient parties la SociĂ©tĂ© de soutien Ă  l’enfance et Ă  la famille des Premières Nations du Canada et l’AssemblĂ©e des Premières Nations.

« Faisant Ă©cho aux plaintes des Autochtones et d’autres parties intĂ©ressĂ©es au Canada, l’ABC a pressĂ© le gouvernement fĂ©dĂ©ral de cesser ses procĂ©dures de contestation et d’aller de l’avant, car c’est cela, le vĂ©ritable esprit de rĂ©conciliation, explique la Section. Le 31 dĂ©cembre 2021, les parties sont parvenues Ă  une entente de principe prĂ©voyant une indemnitĂ© de 40 milliards de dollars pour toutes les personnes victimes de pratiques discriminatoires Ă  l’endroit des enfants, ainsi que le financement d’une rĂ©forme Ă  long terme du système de protection de l’enfance dans les rĂ©serves. Le Tribunal et la Cour fĂ©dĂ©rale n’ont pas encore approuvĂ© l’entente. »

Pour les cas de ce genre, la Section dĂ©plore encore « l’absence de mĂ©canismes directs pour donner rĂ©paration aux enfants victimes de violations de leurs droits prĂ©vus dans la Convention relative aux droits de l’enfant de l’ONU. Les recours nationaux pour ces violations sont souvent inaccessibles aux enfants. Les règlements rapides sont peu probables, surtout avec la pandĂ©mie qui ralentit davantage le système judiciaire. Une action rapide pour la ratification du troisième protocole facultatif demeure nĂ©cessaire. »

Intégrer la Convention à la législation nationale

De façon gĂ©nĂ©rale, le Canada n’a jamais intĂ©grĂ© la Convention Ă  sa lĂ©gislation nationale, pas mĂŞme dans la Loi sur le divorce. Le gouvernement avance que les lois fĂ©dĂ©rales, provinciales et territoriales ont Ă©tĂ© examinĂ©es avant la signature de la Convention pour garantir la conformitĂ©, mais la Section dit que la conformitĂ© est trop souvent superficielle et n’empĂŞche en rien certains gouvernements de contourner la Convention.

Constatant que le gouvernement fĂ©dĂ©ral a adoptĂ© la DĂ©claration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) en juin 2021, « la Section de l’ABC insiste auprès de lui pour qu’il prenne des mesures et adopte une loi semblable pour la Convention relative aux droits de l’enfant de l’ONU, y compris l’exigence d’un plan d’action et de rapports annuels, afin d’envoyer un message clair concernant les obligations de mise en Ĺ“uvre du Canada relativement Ă  la Convention. »

Autres questions

Dans un rapport publiĂ© en fĂ©vrier 2020, la Section a recommandĂ© l’institution d’un poste de commissaire national indĂ©pendant ayant pour mandat spĂ©cifique de promouvoir et de protĂ©ger les droits des enfants et des jeunes. Plus tard cette annĂ©e-lĂ , la sĂ©natrice Rosemary Moodie a prĂ©sentĂ© le projet de loi S-217 visant Ă  Ă©tablir ce poste de commissaire. Le projet a Ă©tĂ© enterrĂ© quand le Parlement a Ă©tĂ© prorogĂ© en aoĂ»t 2020, puis prĂ©sentĂ© de nouveau un mois plus tard, mais une fois de plus relĂ©guĂ© aux oubliettes en 2021 quand l’Ă©lection fĂ©dĂ©rale a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e. Il est peu probable qu’il soit ressuscitĂ©, « ce qui laisse une lacune importante dans la promotion et la mise en Ĺ“uvre des droits des enfants dans les secteurs de compĂ©tence fĂ©dĂ©rale », peut-on lire dans la lettre.

La Section constate des retards similaires dans la mise en Ĺ“uvre d’une recommandation antĂ©rieure voulant que les gouvernements fĂ©dĂ©ral, provinciaux et territoriaux « mandatent des Ă©valuations d’impacts sur les droits des enfants pour tous les nouveaux projets de loi, ordonnances, politiques et budgets ayant une incidence sur les droits et l’intĂ©rĂŞt supĂ©rieur des enfants ».

L’information aux juges et aux juristes progresse Ă  un rythme plus satisfaisant, avec la confĂ©rence de trois jours pour les juges sur l’accès Ă  la justice des enfants. Cette confĂ©rence, organisĂ©e en mai 2022, est prĂ©sentĂ©e par l’Institut national de la magistrature, avec le concours du Conseil canadien de la magistrature.

Ceci fait suite Ă  quelques autres Ă©vĂ©nements, comme le programme d’un jour sur l’accès Ă  la justice consacrĂ© Ă  la reconnaissance des droits des enfants aux termes de la Convention de l’ONU organisĂ© par le Barreau de l’Ontario Ă  l’automne 2020. Il Ă©tait question de l’importance de la participation des enfants aux processus de justice et de la mise Ă  exĂ©cution des obligations du Canada aux termes de la Convention relative aux droits de l’enfant.

La Section estime qu’il doit ĂŞtre tenu compte de l’intĂ©rĂŞt supĂ©rieur de l’enfant « dans toutes les dĂ©cisions lĂ©gislatives, judiciaires et stratĂ©giques qui touchent des enfants ». De plus, les enfants devraient avoir le droit de vraiment participer aux procĂ©dures judiciaires et administratives, « ce qui inclut la nĂ©cessitĂ© de les informer de leur droit de participer, notamment le droit Ă  une reprĂ©sentation juridique indĂ©pendante ».