Mettre en place l’accord de libre-échange approprié entre le Canada et le Royaume-Uni

  • 18 mai 2021

Maintenant que le Brexit est concrĂ©tisĂ©, le Canada se penche sur les dĂ©tails d’un accord de libre-Ă©change avec le Royaume-Uni et sur la possible accession de ce pays Ă  l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP).

Affaires mondiales Canada rĂ©alise de vastes consultations Ă  ce sujet et l’ABC, par l’entremise de sa Section du droit international, Section de la taxe Ă  la consommation, des douanes et du commerce, Section du droit de l’immigration et Section du droit de la concurrence et de l’investissement Ă©tranger, ainsi que de son Association canadienne des conseillers et conseillères juridiques d’entreprises a offert ses commentaires (uniquement en anglais, toutes les citations sont des traductions) sur un vaste Ă©ventail d’enjeux liĂ©s Ă  un accord commercial de cette ampleur et de cette importance. Certains des plus notoires sont exposĂ©s ci-dessous.

Tarifs douaniers et dumping

Le Royaume-Uni devrait accorder aux produits canadiens un « traitement national » sur son marchĂ©. « Il s’agit d’un principe fondamental de l’Organisation mondiale du commerce qui se retrouve dans presque tous les accords commerciaux signĂ©s par le Canada », Ă©crivent les sections, qui ajoutent qu’une disposition sur le rĂ©gime de la « nation la plus favorisĂ©e » devrait ĂŞtre incluse afin de veiller Ă  ce que les exportateurs canadiens bĂ©nĂ©ficient du meilleur traitement accordĂ© par le Royaume-Uni Ă  ses partenaires commerciaux.

« L’Ă©limination des tarifs est une composante fondamentale de tout accord commercial de libre-Ă©change », disent les sections, qui recommandent d’adopter un Ă©chĂ©ancier d’Ă©limination plus rapide des tarifs que celui qui est dĂ©jĂ  proposĂ© dans l’Accord Ă©conomique commercial global, AECG. Cependant, le Canada devrait conserver son droit d’enquĂŞte et, le cas Ă©chĂ©ant, d’imposer des recours commerciaux si l’on soupçonne des pratiques de dumping.

Petites et moyennes entreprises

Les sections de l’ABC font valoir qu’un accord commercial « devrait autonomiser les entrepreneurs et les petites entreprises en crĂ©ant un marchĂ© transatlantique plus fluide ». Dans la rĂ©alitĂ© pratique, cela nĂ©cessiterait que les procĂ©dures douanières soient simplifiĂ©es afin de rĂ©duire le fardeau administratif du dĂ©douanement des marchandises. Les deux pays devraient exiger une documentation minimale en format numĂ©rique et convenir d’un « concept fondĂ© sur un guichet unique » qui permettrait aux entreprises de prĂ©senter tous leurs documents au moyen d’une seule et unique dĂ©claration. En outre, tant le Canada que le Royaume-Uni devraient simplifier les communications avec les petites et moyennes entreprises en Ă©tablissant un site Web public et en fournissant les coordonnĂ©es de personnes-ressources.

Restrictions des exportations

Selon les sections, les restrictions « devraient ĂŞtre utilisĂ©es en dernier ressort, Ă  titre temporaire et seulement dans la mesure oĂą elles sont nĂ©cessaires pour rĂ©pondre Ă  des pĂ©nuries de ressources cruciales » comme pendant une pandĂ©mie ou autre urgence Ă  l’Ă©chelle mondiale.

Investissement direct Ă©tranger

En 2019, le Royaume-Uni Ă©tait la quatrième source la plus importante d’investissements directs Ă©trangers (IDE) pour le Canada, et la deuxième destination la plus importante pour les investissements vers l’extĂ©rieur. Les sections encouragent le Canada Ă  examiner ce sujet très attentivement. « Nous recommandons que le Canada nĂ©gocie un traitement des investisseurs du Royaume-Uni en vertu de la Loi sur Investissement Canada dans tout accord de libre-Ă©change futur qui corresponde au traitement accordĂ© aux investisseurs venant de rĂ©gions avec lesquelles le Canada a dĂ©jĂ  passĂ© des accords commerciaux. »

Environnement, durabilité, intégrité, justice sociale

Un accord de libre-Ă©change entre le Canada et le Royaume-Uni devrait comprendre des mesures visant Ă  encourager les deux pays Ă  « collaborer pour veiller Ă  l’Ă©tablissement de normes Ă©levĂ©es pour la protection de l’environnement dans tous les secteurs de l’Ă©conomie et pour Ă©tendre leur engagement en y ajoutant des objectifs plus dĂ©taillĂ©s », disent les sections.

Le Canada et le Royaume-Uni devraient en outre « rĂ©affirmer leur engagement envers la lutte contre la corruption en y consacrant un chapitre spĂ©cifique de l’accord de libre-Ă©change » qui protĂ©gerait les dĂ©nonciateurs et encouragerait l’intĂ©gritĂ© des fonctionnaires ainsi que la participation du secteur privĂ© aux efforts de lutte contre la corruption.

Pour reconnaĂ®tre l’importance des droits de la personne, un accord de libre-Ă©change entre le Canada et le Royaume-Uni devrait mettre l’accent sur l’importance des droits des Autochtones au Canada et comprendre un chapitre sur le commerce et le genre.

Sécurité des données, règlement virtuel des différends

Les sections sont d’avis que la protection de la confidentialitĂ© des donnĂ©es dans un accord de libre-Ă©change entre le Canada et le Royaume-Uni devrait ĂŞtre harmonisĂ©e avec celle d’autres accords internationaux comme l’Accord de partenariat pour l’Ă©conomie numĂ©rique. « Un accord de libre-Ă©change entre le Canada et le Royaume-Uni donne l’occasion d’aborder la question des technologies ou secteurs Ă©mergents qui joueront probablement bientĂ´t un rĂ´le plus important dans le commerce transfrontalier », Ă©crivent-elles en parlant notamment de l’intelligence artificielle et des algorithmes.

La COVID-19 nous a enseignĂ© que les audiences Ă  distance fonctionnent bien dans de nombreux cas. Les sections recommandent que les dispositions sur le règlement des diffĂ©rends « autorisent la tenue d’audiences Ă  distance ou hybrides. En cas de pandĂ©mie ou d’urgence Ă  l’Ă©chelle mondiale future, la tenue d’audiences Ă  distance ou hybrides sera cruciale pour garantir le fonctionnement ininterrompu des mĂ©canismes de règlement des diffĂ©rends. »