Il faut des normes rigoureuses sur l’éthique et les compétences des consultants en immigration

  • 20 aoĂ»t 2021

On peut facilement imaginer Ă  quel point les personnes prĂ©sentant une demande d’immigration ou de statut de rĂ©fugiĂ© se sentent vulnĂ©rables durant leur cheminement dans le système canadien. C’est pourquoi il est impĂ©ratif de veiller Ă  ce que les consultants qui s’occupent d’eux respectent un code de dĂ©ontologie rigoureux, de façon analogue aux obligations Ă©thiques des avocats en immigration, comme l’indique la Section du droit de l’immigration de l’ABC dans une lettre (disponible uniquement en anglais, toutes les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions) adressĂ©e Ă  Immigration, RĂ©fugiĂ©s et CitoyennetĂ© Canada (IRCC) concernant le projet de crĂ©ation d’un Code de dĂ©ontologie des titulaires de permis du Collège des consultants en immigration et en citoyennetĂ©.

Dans sa lettre, la section se rĂ©jouit du fait que le rĂ©sumĂ© de l’Ă©tude d’impact de la rĂ©glementation « reconnaĂ®t que les agissements non Ă©thiques et l’incompĂ©tence de certains consultants, ainsi que l’inefficacitĂ© de leur autorĂ©gulation, nuisent grandement aux demandeurs du statut d’immigrant et Ă  l’intĂ©gritĂ© du système d’immigration du Canada. » Cette situation perdure depuis des dizaines d’annĂ©es.

L’ABC a dĂ©jĂ  prĂ©sentĂ© des commentaires sur ces questions, notamment dans une rĂ©solution adoptĂ©e en 2020 selon laquelle, par souci de protection du public, seuls les avocats ou les notaires devraient ĂŞtre autorisĂ©s Ă  exercer le droit de l’immigration, et les consultants en immigration titulaires de permis devraient uniquement avoir « le droit de travailler sous la supervision d’avocats et d’avocates ou de notaires du QuĂ©bec. »

Comme l’Ă©crit la section, « bien que nous soyons d’avis que les consultants ne devraient pas exercer de façon indĂ©pendante, nous saluons l’initiative d’IRCC d’imposer un code de dĂ©ontologie complet et d’Ă©tablir des normes rigoureuses en matière d’Ă©thique et de compĂ©tences que tous les titulaires de permis du Collège des consultants en immigration et en citoyennetĂ© devront observer. »

Voici quelques-unes des modifications que la section a suggĂ©rĂ© d’apporter au code de dĂ©ontologie pour l’amĂ©liorer.

Commercialisation

Un des principaux enjeux touche la section du code de dĂ©ontologie des consultants traitant des activitĂ©s de commercialisation, « car des personnes demandant Ă  immigrer ont souvent Ă©tĂ© induites en erreur par le passĂ©, tant par des consultants rĂ©glementĂ©s que fantĂ´mes ».

Plus prĂ©cisĂ©ment, il devrait ĂŞtre interdit de poser « tout geste qui laisse supposer, explicitement ou implicitement, qu’un titulaire de permis est un avocat ou une sociĂ©tĂ© d’avocats ou est autrement habilitĂ© Ă  fournir autre chose que des services-conseils en immigration et en citoyennetĂ© ».

DĂ©finitions

Le code de dĂ©ontologie ne devrait pas Ă©tablir de distinction entre un « client » et un « client potentiel », et devrait dĂ©finir le terme « document de clients » pour Ă©viter que des consultants refusent de donner Ă  d’anciens clients des copies de documents, comme des lettres soumises au nom de ces derniers, et prĂ©ciser l’obligation des consultants de rendre certains documents aux clients.

Le code ne devrait pas juste prévoir un devoir de civilité, mais exiger expressément que les titulaires de permis fassent preuve de civilité, de courtoisie et de respect envers toutes les personnes avec lesquelles ils interagissent dans le cadre de leur travail de consultant.

La Section indique qu’il faudrait supprimer le mot « autre » dans l’interdiction de commettre une « malhonnĂŞtetĂ©, fraude ou autre conduite illĂ©gale », parce que « les actes de malhonnĂŞtetĂ© et les fraudes ne sont pas tous techniquement illĂ©gaux, mais toutes les formes de tromperie et de fraude devraient ĂŞtre proscrites ».

Il y aurait lieu de modifier certaines dĂ©finitions du code de dĂ©ontologie des consultants pour qu’elles concordent avec les formulations employĂ©es dans les codes de dĂ©ontologie des juristes. Par exemple, il faudrait parler du consentement « donnĂ© en toute connaissance de cause et en toute libertĂ© » et non « libre et Ă©clairĂ© » d’un client, et de « relation de confiance et de l’obligation de loyautĂ© » au lieu d’une simple « relation de confiance ».

Le code de dĂ©ontologie des consultants devrait interdire la rĂ©ception ou le versement d’une rĂ©compense pour la recommandation de clients Ă  une personne qui n’est pas titulaire d’un permis. De plus, « les commissions de recommandation versĂ©es par un autre titulaire de permis ou Ă  l’un d’eux doivent ĂŞtre divulguĂ©es au client. Ces exigences concordent avec les règles en la matière que les juristes doivent observer. »

La section estime que le code devrait interdire expressĂ©ment de « conseiller Ă  un client d’intimider autrui ou de contraindre quelqu’un, ce qui cadre avec les codes de dĂ©ontologie des juristes », et cette interdiction devrait ĂŞtre formulĂ©e dans les termes les plus gĂ©nĂ©raux possibles.

CompĂ©tence et domaine d’exercice

Dans sa lettre, l’ABC explique dans quels passages sur la nature et l’Ă©tendue de la compĂ©tence des titulaires de permis il faudrait renforcer le libellĂ© « afin de tenir compte des connaissances et des aptitudes nĂ©cessaires pour conseiller et reprĂ©senter des clients dans des procĂ©dures d’immigration », et elle recommande de codifier d’autres compĂ©tences, comme les « critères, principes, concepts et exigences juridiques dĂ©finis dans la jurisprudence et non dans la lĂ©gislation sur l’immigration », une connaissance approfondie des accords juridiques que le Canada a signĂ©s avec d’autres pays, une grande aptitude Ă  enquĂŞter sur des faits et Ă  Ă©tudier des options, et une compĂ©tence attestĂ©e en recherche juridique et en application de la loi.

De plus, il conviendrait de modifier le code « pour obliger explicitement les titulaires de permis Ă  refuser de s’occuper d’affaires touchant des domaines du droit autres que l’immigration, et Ă  aiguiller le client vers un notaire du QuĂ©bec ou un juriste qui exerce dans les domaines en question ».