Les modifications qui pourraient être apportées au Règlement sur la détermination de la valeur en douane nécessitent une consultation approfondie

  • 31 aoĂ»t 2021

La Section de la taxe Ă  la consommation, des douanes et du commerce de l’Association du Barreau canadien s’intĂ©resse aux modifications potentielles annoncĂ©es dans le budget fĂ©dĂ©ral de 2021 au Règlement sur la dĂ©termination de la valeur en douane.

Dans un mĂ©moire (disponible uniquement en anglais; les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions) prĂ©sentĂ© Ă  l’Agence des services frontaliers du Canada, la section fait part de ses inquiĂ©tudes en ce qui concerne l’utilisation de l’avis de consultation « pour justifier une exemption des exigences normales de publication prĂ©alable et de consultation des modifications rĂ©glementaires qui ont une incidence sur le commerce international ». La section affirme qu’elle serait « rĂ©ticente Ă  entreprendre le processus et Ă  accorder de la crĂ©dibilitĂ© Ă  une demande d’exemption aux exigences normales de publication prĂ©alable si le Conseil du TrĂ©sor recherchait une telle exemption ».

L’avis de consultation ne fournit pas le niveau de dĂ©tails requis pour commenter les modifications proposĂ©es qui auront de grandes consĂ©quences, dont le renversement de la dĂ©cision de la Cour suprĂŞme du Canada de 2001 dans l’affaire Canada (Sous-ministre du Revenu national) c. Mattel Canada Inc. sur la vente pour exportation, ainsi que plusieurs dĂ©cisions de la Cour d’appel fĂ©dĂ©rale et du Tribunal canadien du commerce extĂ©rieur sur des mĂ©thodes d’Ă©valuation douanière. Le mĂ©moire prĂ©cise que « cela peut Ă©galement contrevenir aux obligations du Canada en vertu de l’ACEUM, de l’AECG, du PTPGP et de l’Accord de l’OMC sur l’Ă©valuation en douane ».

Puisque la section est incapable d’examiner le libellĂ© de toute modification proposĂ©e, elle ne peut formuler de commentaires adĂ©quats, sauf pour dire que ces modifications semblent indiquer « un changement majeur dans la politique du traitement des marchandises importĂ©es, ce qui aurait une incidence sur les travailleurs, les consommateurs, les entreprises et plusieurs ministères du gouvernement du Canada ».

Enjeux importants

Le Canada est signataire de l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce sur l’Ă©valuation en douane, qui reconnaĂ®t que « la valeur en douane devrait ĂŞtre Ă©tablie selon des critères simples et Ă©quitables, compatibles avec la pratique commerciale, et que les procĂ©dures d’Ă©valuation devraient ĂŞtre d’application gĂ©nĂ©rale, sans distinction entre sources d’approvisionnement ». La dĂ©finition du terme « vendu pour exportation » dans les règlements est essentielle au calcul de la valeur douanière, car ce dernier est le prix payĂ© ou Ă  payer pour les marchandises lorsqu’elles sont vendues pour l’exportation au pays d’importation.

Les modifications proposĂ©es baseraient la valeur de la transaction sur la « vente qui entraĂ®ne l’exportation des marchandises au Canada » ou sur la dernière transaction dans la chaĂ®ne commerciale. Dans un tel scĂ©nario, la section croit que « le fait de dĂ©signer la personne qui dĂ©tient le titre des marchandises au moment de l’importation ne doit pas ĂŞtre dĂ©terminant pour cerner la vente pertinente pour exportation au Canada », car cela entraĂ®nerait de l’incertitude et une dĂ©termination de la valeur des transactions qui serait incompatible avec les principaux partenaires commerciaux du Canada.

La section est Ă©galement prĂ©occupĂ©e par les changements proposĂ©s qui entraĂ®nent des consĂ©quences imprĂ©vues, y compris une incertitude importante pour les entreprises, et qui dĂ©couragent l’innovation. Un exemple citĂ© dans le mĂ©moire est le fait qu’une entreprise ne devrait pas ĂŞtre traitĂ©e diffĂ©remment simplement parce qu’elle a adoptĂ© une technologie qui lui permet d’automatiser son système de commande plutĂ´t que d’utiliser une personne qui passe des commandes par tĂ©lĂ©phone. Cependant, divers exemples de l’avis de consultation suggèrent que la façon dont une entreprise prĂ©pare ses commandes aura une incidence sur la possibilitĂ© d’utiliser son prix d’achat pour dĂ©terminer la valeur transactionnelle des marchandises.

Les autres inconvĂ©nients potentiels des modifications proposĂ©es incluent des prix plus Ă©levĂ©s pour les consommateurs qui achètent des biens, ainsi que des pertes d’emplois et d’impĂ´ts au Canada. Si la valeur en douane se fondait sur le prix pour le consommateur, il serait inutile pour les sociĂ©tĂ©s Ă©trangères de rĂ©aliser des ventes en ligne par l’entremise de sociĂ©tĂ©s affiliĂ©es canadiennes, ce qui mènerait probablement Ă  la fermeture de ces sociĂ©tĂ©s. « Si des non-rĂ©sidents cessent de vendre leurs produits par l’entremise de leurs filiales canadiennes, le Canada perdra les impĂ´ts sur le revenu des ventes effectuĂ©es par les filiales canadiennes. »

La section de l’ABC s’inquiète Ă©galement de la possibilitĂ© que les modifications proposĂ©es entraĂ®nent le non-respect de divers accords commerciaux par le Canada. « L’ASFC doit tenir compte des obligations du Canada concernant les règles en matière de dĂ©termination de la valeur sous le rĂ©gime d’accords commerciaux de l’Organisation mondiale des douanes, de l’OMC et autres. Sans projet de loi Ă  examiner, il est impossible de dĂ©terminer si le Canada serait en mesure de satisfaire Ă  ces obligations. »

La section espère que l’ASFC rĂ©examinera son processus et s’engagera Ă  mener des consultations vastes et sĂ©rieuses sur ces propositions importantes.