Les changements proposés à la détermination du statut de réfugié sont fondés sur des postulats erronés

  • 20 juin 2019

La Section du droit de l’immigration de l’ABC n’aime aucune des modifications que le gouvernement a proposĂ© d’apporter au rĂ©gime canadien de la dĂ©termination du statut de rĂ©fugiĂ© : ni les changements suggĂ©rĂ©s, ni la façon dont ils ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s (en tant que composante du projet de loi C-97, Loi portant exĂ©cution de certaines dispositions du budget).

L’ABC s’oppose aux projets de loi omnibus de longue date, bien avant l’entrĂ©e en fonctions du gouvernement actuel, se fondant sur le fait que l’introduction d’une nouvelle loi ou de propositions de modifications d’une loi existante dans un projet de loi budgĂ©taire « rĂ©duit les possibilitĂ©s d’en faire l’examen dans un cadre public ou parlementaire ». Selon l’Association, un projet de loi budgĂ©taire devrait ĂŞtre limitĂ© Ă  ce qui touche directement les finances, l’imposition ou les dĂ©penses.

« [U]ne loi qui restreindra sĂ©vèrement la possibilitĂ©, pour des demandeurs d’asile vulnĂ©rables, de voir leurs affaires entendues et rĂ©glĂ©es comme il se doit mĂ©rite dĂ©libĂ©ration minutieuse et examen par des experts », affirme la section dans un mĂ©moire adressĂ© au ComitĂ© permanent de la citoyennetĂ© et de l’immigration de la Chambre des communes.

La section exhorte le gouvernement Ă  retirer les modifications proposĂ©es, puisque, selon ses dires, elles auraient « des consĂ©quences dĂ©lĂ©tères sur les demandeurs d’asile qui ont dĂ©jĂ  prĂ©sentĂ© une demande d’asile » dans un pays avec lequel le Canada a conclu une entente sur l’Ă©change de renseignements, soit actuellement les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-ZĂ©lande. La section souligne notamment l’absence de dispositions prĂ©voyant une Ă©valuation de la mesure dans laquelle d’autres systèmes de dĂ©termination du statut de rĂ©fugiĂ© sont comparables Ă  celui du Canada, ou mĂŞme la mesure dans laquelle ils respectent les normes internationales en matière de droits de la personne.

Selon les modifications proposĂ©es dans le projet de loi C-97, toute personne ayant dĂ©posĂ© une demande d’asile dans l’un des pays avec lequel le Canada a conclu une entente sur l’Ă©change de renseignements se verrait dans l’incapacitĂ© de prĂ©senter une demande au Canada. La section affirme que cette modification est Ă  la fois inutile, la Loi sur l’immigration et la protection des rĂ©fugiĂ©s interdit dĂ©jĂ  aux personnes qui ont obtenu le statut de rĂ©fugiĂ© dans un autre pays de prĂ©senter une demande d’asile subsĂ©quente au Canada, et excessive puisque les personnes se verraient interdire le dĂ©pĂ´t d’une demande d’asile au Canada sans Ă©gard Ă  l’issue de leur demande prĂ©sentĂ©e dans un autre pays, voire Ă  l’absence d’une dĂ©cision.

Les modifications proposĂ©es sont fondĂ©es sur des « prĂ©somptions erronĂ©es », affirme la section, prĂ©sumant, par exemple que tout demandeur d’asile auprès d’un des pays concernĂ©s aura eu droit Ă  une audition Ă©quitable, ou que les rĂ©gimes de dĂ©termination du statut de rĂ©fugiĂ© des autres pays sont fondĂ©s sur les mĂŞmes principes que celui du Canada.

« C’est lĂ  une prĂ©somption erronĂ©e qui pourrait avoir des consĂ©quences dĂ©vastatrices, en particulier pour les femmes et les enfants qui cherchent Ă  fuir la violence familiale et les gangs », dit la section, qui fait remarquer que malgrĂ© la protection accordĂ©e aux femmes et aux enfants par le Canada dans de telles circonstances depuis vingt ans, ils ne sont pas reconnus comme des groupes persĂ©cutĂ©s aux États-Unis.

La section fait remarquer qu’une personne peut « dĂ©cider de quitter un pays avant qu’une dĂ©cision ne soit prise concernant sa demande d’asile pour de nombreuses raisons qui n’ont aucune incidence sur la validitĂ© de ladite demande », par exemple en raison de politiques de dĂ©tention draconiennes ou des dĂ©lais du traitement de la demande.

En vertu des modifications proposĂ©es, au lieu d’obtenir une audience devant la Commission de l’immigration et du statut de rĂ©fugiĂ©, les demandeurs dont la demande est irrecevable n’auront droit qu’Ă  un examen des risques avant renvoi; procĂ©dure dont la section affirme qu’elle ne constitue pas une solution de remplacement appropriĂ©e pour un certain nombre de raisons et qui se traduira très peu probablement par une accĂ©lĂ©ration du traitement des demandes.

Eu Ă©gard notamment Ă  ces « graves prĂ©occupations, la Section de l’ABC presse le gouvernement de retirer du projet de loi C-97 les modifications au système de dĂ©termination du statut de rĂ©fugiĂ©. »